Föllakzoid
II |
Label :
Sacred Bones |
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Étrange don que celui de pouvoir changer la kraut en crotte.
Je ne suis pas du genre à cracher gratuitement sur les revivals. Après tout les mecs font ce qu'ils veulent, s'inspirent d'où ils peuvent et reproduire certaines mimiques d'un style en particulier n'a jamais empêché personne d'écrire de bons morceaux. Ça s'applique aussi au revival krautrock ; les grands noms du genre ont beau faire partie de mes groupes favoris, je n'irai pas crier au scandale ni au pillage si j'entends un groupe contemporain s'inspirer de ceux-là. J'essaierai plutôt de voir ce qu'ils arrivent à en faire, comment est-ce qu'ils digèrent tout ça pour créer leur propre matière. D'ailleurs, en gage de bonne foi, pas plus tard qu'en 2014 le groupe Camera a sorti un excellent album dit "kraut" qui a su me plaire au delà de ses références évidentes. Vous voyez bien que je ne suis pas un mauvais bougre. Mais faut pas déconner non plus. Et là, Föllakzoid a déconné sévère.
Première piste et déjà je rigole. Ah ça, ils ont pas peur les mecs. Les parties de guitare et de batterie ; au début j'ai cru à un sample du "Hallogallo" de Neu!. Je ne plaisante même pas ; le poum-tchak robotique (motorik, comme disent les teutons) est calqué sur ce métronome de Klaus Dinger, et les échos de guitare pourraient sortir tout droit de celle de Rother à l'époque du Neu!75. C'est peut-être même lui qui joue pour ce que j'en sais. Je ne parle même pas de la basse, parce que pour le coup j'en suis encore à me demander si c'est pas un sample. Deuxième morceau, je m'esclaffe. Cette fois c'est la ligne de batterie du "Mushroom" de CAN qui est allègrement reproduite à moindre coût, le talent et la brillance éclatante de Jaki Liebezeit en moins. Troisième morceau, je ricane jaune (no offense Damo). Mauvaise pioche les gars, vous m'aurez pas comme ça, je les connais par cœur les parties – de batterie – du Jaki, vous n'essaierez pas de me faire croire que vous l'avez pas sorti de "Oh Yeah!" celle là. Il en faut du cran pour reprendre à son compte les deux tiers de la plus grande face A de l'histoire. Je pourrais continuer, mais je pense en avoir avoir déjà assez dit. Je passerai donc sur le quatrième, qu'on qualifiera, pour rester poli, de "réappropriation" de "Negativland". Pour éviter d'être réducteur, je précise que lorsque le groupe semble ne plus avoir d'idée, il se met à bafouiller du Kraftwerk.
Et même là. Je pourrais être grand prince, lever simplement les yeux au ciel en me contenter de profiter des réminiscences germaniques si chères à mon cœur. Mais non, vraiment, ça ne passe pas, pour la simple et bonne raison que la réinterprétation qu'en donnent les mecs sonne creuse. Dans leur tentative explicite de marier kraut et psyché plus classique (lignes de chant monotones et bardées d'effets, nappes vaporeuses et bidouilles diverses), les couillons de Föllakzoid parviennent à dénaturer le premier sans faire briller le second. C'est à dire que leur II là, c'est du Neu! sans l'épure hypnotique, du CAN sans l'alchimie de groupe, sans la puissance quasi-tribale de leurs jam. Tout cela ressemble bien trop à un kraut sur lequel on a tenté de greffer sans génie des effets de guitare qu'on retrouverait dans le psyché anglosaxon ou le stoner ; au lieu d'une formule miraculeuse, on se retrouve avec une musique molle qui a le cul entre deux chaises. Les touches psyché que le groupe a pu placer pour éviter que les morceaux ne deviennent trop répétitif ont l'effet inverse ; on se détache d'une compo qui ne parvient pas à hypnotiser durablement comme l'aurait fait un "Halleluwah" ou un "Hallogallo". Je suis désolé de devoir descendre un disque avec une si belle pochette et de si glorieuses influences, mais on ne peut pas dire que Föllakzoid n'aura pas tendu le bâton pour se faire battre. Une phrase de Jacques Brel extraite du fameux "Ces gens là" résume bien l'affaire : "Faut pas jouer aux riches, quand on a pas le sou".
Je ne suis pas du genre à cracher gratuitement sur les revivals. Après tout les mecs font ce qu'ils veulent, s'inspirent d'où ils peuvent et reproduire certaines mimiques d'un style en particulier n'a jamais empêché personne d'écrire de bons morceaux. Ça s'applique aussi au revival krautrock ; les grands noms du genre ont beau faire partie de mes groupes favoris, je n'irai pas crier au scandale ni au pillage si j'entends un groupe contemporain s'inspirer de ceux-là. J'essaierai plutôt de voir ce qu'ils arrivent à en faire, comment est-ce qu'ils digèrent tout ça pour créer leur propre matière. D'ailleurs, en gage de bonne foi, pas plus tard qu'en 2014 le groupe Camera a sorti un excellent album dit "kraut" qui a su me plaire au delà de ses références évidentes. Vous voyez bien que je ne suis pas un mauvais bougre. Mais faut pas déconner non plus. Et là, Föllakzoid a déconné sévère.
Première piste et déjà je rigole. Ah ça, ils ont pas peur les mecs. Les parties de guitare et de batterie ; au début j'ai cru à un sample du "Hallogallo" de Neu!. Je ne plaisante même pas ; le poum-tchak robotique (motorik, comme disent les teutons) est calqué sur ce métronome de Klaus Dinger, et les échos de guitare pourraient sortir tout droit de celle de Rother à l'époque du Neu!75. C'est peut-être même lui qui joue pour ce que j'en sais. Je ne parle même pas de la basse, parce que pour le coup j'en suis encore à me demander si c'est pas un sample. Deuxième morceau, je m'esclaffe. Cette fois c'est la ligne de batterie du "Mushroom" de CAN qui est allègrement reproduite à moindre coût, le talent et la brillance éclatante de Jaki Liebezeit en moins. Troisième morceau, je ricane jaune (no offense Damo). Mauvaise pioche les gars, vous m'aurez pas comme ça, je les connais par cœur les parties – de batterie – du Jaki, vous n'essaierez pas de me faire croire que vous l'avez pas sorti de "Oh Yeah!" celle là. Il en faut du cran pour reprendre à son compte les deux tiers de la plus grande face A de l'histoire. Je pourrais continuer, mais je pense en avoir avoir déjà assez dit. Je passerai donc sur le quatrième, qu'on qualifiera, pour rester poli, de "réappropriation" de "Negativland". Pour éviter d'être réducteur, je précise que lorsque le groupe semble ne plus avoir d'idée, il se met à bafouiller du Kraftwerk.
Et même là. Je pourrais être grand prince, lever simplement les yeux au ciel en me contenter de profiter des réminiscences germaniques si chères à mon cœur. Mais non, vraiment, ça ne passe pas, pour la simple et bonne raison que la réinterprétation qu'en donnent les mecs sonne creuse. Dans leur tentative explicite de marier kraut et psyché plus classique (lignes de chant monotones et bardées d'effets, nappes vaporeuses et bidouilles diverses), les couillons de Föllakzoid parviennent à dénaturer le premier sans faire briller le second. C'est à dire que leur II là, c'est du Neu! sans l'épure hypnotique, du CAN sans l'alchimie de groupe, sans la puissance quasi-tribale de leurs jam. Tout cela ressemble bien trop à un kraut sur lequel on a tenté de greffer sans génie des effets de guitare qu'on retrouverait dans le psyché anglosaxon ou le stoner ; au lieu d'une formule miraculeuse, on se retrouve avec une musique molle qui a le cul entre deux chaises. Les touches psyché que le groupe a pu placer pour éviter que les morceaux ne deviennent trop répétitif ont l'effet inverse ; on se détache d'une compo qui ne parvient pas à hypnotiser durablement comme l'aurait fait un "Halleluwah" ou un "Hallogallo". Je suis désolé de devoir descendre un disque avec une si belle pochette et de si glorieuses influences, mais on ne peut pas dire que Föllakzoid n'aura pas tendu le bâton pour se faire battre. Une phrase de Jacques Brel extraite du fameux "Ces gens là" résume bien l'affaire : "Faut pas jouer aux riches, quand on a pas le sou".
Sans intérêt 8/20 | par X_Wazoo |
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