Dødheimsgard

La scène Métal est aujourd'hui tellement saturée, le niveau tellement élevé, qu'il devient de plus en plus difficile de s'extraire de la masse. Avec ses deux précédents albums, Dodheimsgard avait pourtant déjà pris des distances tant sa musique naviguait dans des courants dont seuls les meilleurs peuvent s'extraire. Mais avec A Umbra Omega, le duo a creusé un fossé que rien ne pourra plus combler tant les deux hommes baignent désormais dans la lumière divine d'une inspiration quasi irréelle. Ils utilisent pourtant les mêmes instruments que tout le monde mais ce qu'ils leur font exprimer est sans commune mesure, c'est une nouvelle dimension musicale qui s'ouvre à l'auditeur. En cinq titres faisant entre onze et quinze minutes, plus une brève intro instrumentale, Dodheimsgard invente un langage.
Comment raconter cet album démentiel ? Comment décrire le style irréel de cette musique qui aura nécessité près de huit années pour voir le jour ? Parler d'Avant-Garde serait insuffisant tant ce qualificatif est aujourd'hui galvaudé. Sur une base que, par défaut, il faut bien appeler Black Métal, Yusaf Parvez, l'unique compositeur, brode des harmonies d'une complexité absolue, d'une noirceur incroyable, d'une originalité totale, créant une osmose entre des instruments "classiques" tels que le piano ou le saxo, des arrangements Electro complètement barrés, des phases hallucinatoires d'un Métal encore jamais entendu, des riffs monstrueux, le tout dressé, commandé par un chant incantatoire aux lignes vocales inconnues jusqu'alors.
Décrire un à un les morceaux qui composent A Umbra Omega n'aurait pas beaucoup de sens tant l'album se vit comme une expérience sonore car, même après de nombreuses écoutes, je suis encore dans l'incompréhension, à la limite du choc. Ce disque redonne foi dans le potentiel créatif humain et, surtout, démontre que tout n'a pas encore été fait, le seul danger étant qu'à côté tout risque de paraître fade pendant un bon bout de temps. Surréaliste.