Rome Buyce Night
The Indian Castle Of Morocco |
Label :
Zéro Égal Petit Intérieur |
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Déjà cinq ans que je découvrais ici même le Post Rock de Rome Buyce Night via l'album Ann Arbor. Je gardais le souvenir d'une formation mêlant habilement trois aspects a priori antinomiques : la création d'ambiance éthérée, l'exploration du Noise Rock et le recours à un chant narratif en français. Cela aurait pu être indigeste, voire prétentieux, mais ce fut un superbe aboutissement, en tout cas d'un mon point de vue néophyte.
Du coup, l'arrivée de The Indian Castle Of Morocco porte avec elle son lot d'attentes, d'espoirs. Le premier regard sur la pochette n'est pas trompeur : psychédélisme, véritable maître mot de ce disque. Dès l'ouverture "Rome Buyce Night" mais également sur "Le Pays des possibles" ou encore "Blue Elephant", c'est bien ce virage vers les sonorités du Rock progressif qui marque. J'oserais, je parlerais presque d'un The Jon Spencer Blues Explosion faisant un trip à l'acide, avec une approche très 70's tant dans la production, pure, que dans l'utilisation des guitares. On n'en est pas encore à brûler son soutien-gorge mais Rome Buyce Night a décidé d'évoluer, c'est une certitude.
Au milieu de ces instrumentaux qui frôlent bien souvent l'expérimentation ("Sasha, Adèle et les autres") et pour qui l'inconnu est un objectif, se glissent deux pièces plus conformes à ce que l'on connaissait de Rome Buyce Night : une espèce de Spoken Word en français ("Blonde peroxydée" ; "Froid, photographique"), quelque part entre Enablers et le Sonic Youth de New York City Ghost And Flowers, où le texte est bien entendu mis en avant. En cassant le moule du sempiternel couplet – refrain pour raconter des histoires, à mi-chemin de la poésie du quotidien et de l'imaginaire, le groupe relève le défi du littéraire dans le Rock au sens large, pari largement remporté, tout du moins sur la qualité de la forme pour peu que le fond vous laisse froid.
Cette ambivalence des registres, loin de faire de The Indian Castle Of Morocco un album décousu, renforce au contraire sa personnalité car il y a une empreinte sur chaque composition, quelle que soit sa dominante. Qu'elle soit axée sur la voix de Jérôme Orsoni (O!Jerome) ou sur les guitares du duo Ducoin - Orsoni, il y a ce style si particulier au groupe, un style qui me semble d'ailleurs bien plus affirmé, dans ses errances bruitistes comme dans sa recherche de climats faussement apaisants. Le résultat m'apparaît donc comme plus mordant, plus exigeant également dans son expérimentation constante et quasi improvisée.
Sans parler de surprise, puisque l'on connaît désormais la qualité de l'écurie Zéro égal petit intérieur, il me semble que The Indian Castle Of Morocco marque une évolution franche dans le parcours musical atypique de Rome Buyce Night, le fait qu'il joue de plus en plus une musique purement instrumentale n'étant pas pour me déplaire. Un très beau disque, rare, capable de réconcilier des progueux, les rockeurs et les avant-gardistes.
Du coup, l'arrivée de The Indian Castle Of Morocco porte avec elle son lot d'attentes, d'espoirs. Le premier regard sur la pochette n'est pas trompeur : psychédélisme, véritable maître mot de ce disque. Dès l'ouverture "Rome Buyce Night" mais également sur "Le Pays des possibles" ou encore "Blue Elephant", c'est bien ce virage vers les sonorités du Rock progressif qui marque. J'oserais, je parlerais presque d'un The Jon Spencer Blues Explosion faisant un trip à l'acide, avec une approche très 70's tant dans la production, pure, que dans l'utilisation des guitares. On n'en est pas encore à brûler son soutien-gorge mais Rome Buyce Night a décidé d'évoluer, c'est une certitude.
Au milieu de ces instrumentaux qui frôlent bien souvent l'expérimentation ("Sasha, Adèle et les autres") et pour qui l'inconnu est un objectif, se glissent deux pièces plus conformes à ce que l'on connaissait de Rome Buyce Night : une espèce de Spoken Word en français ("Blonde peroxydée" ; "Froid, photographique"), quelque part entre Enablers et le Sonic Youth de New York City Ghost And Flowers, où le texte est bien entendu mis en avant. En cassant le moule du sempiternel couplet – refrain pour raconter des histoires, à mi-chemin de la poésie du quotidien et de l'imaginaire, le groupe relève le défi du littéraire dans le Rock au sens large, pari largement remporté, tout du moins sur la qualité de la forme pour peu que le fond vous laisse froid.
Cette ambivalence des registres, loin de faire de The Indian Castle Of Morocco un album décousu, renforce au contraire sa personnalité car il y a une empreinte sur chaque composition, quelle que soit sa dominante. Qu'elle soit axée sur la voix de Jérôme Orsoni (O!Jerome) ou sur les guitares du duo Ducoin - Orsoni, il y a ce style si particulier au groupe, un style qui me semble d'ailleurs bien plus affirmé, dans ses errances bruitistes comme dans sa recherche de climats faussement apaisants. Le résultat m'apparaît donc comme plus mordant, plus exigeant également dans son expérimentation constante et quasi improvisée.
Sans parler de surprise, puisque l'on connaît désormais la qualité de l'écurie Zéro égal petit intérieur, il me semble que The Indian Castle Of Morocco marque une évolution franche dans le parcours musical atypique de Rome Buyce Night, le fait qu'il joue de plus en plus une musique purement instrumentale n'étant pas pour me déplaire. Un très beau disque, rare, capable de réconcilier des progueux, les rockeurs et les avant-gardistes.
Très bon 16/20 | par Arno Vice |
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