Last Ex
Last Ex |
Label :
Constellation |
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On ne peut pas parler de Last Ex sans commencer par évoquer Timber Timbre, groupe canadien qui s'est emparé d'une certaine idée de la classe rockabilly pour mieux l'assombrir et y faire poindre une menace sourde. Un peu comme si Nick Cave avait été rocker dans les fifties en somme. Alors quand du combo s'extrait un duo, exclusivement instrumental, forcément on tend l'oreille. Le projet n'a rien d'absurde, on le sentait même venir, déjà sur Hot Dreams paru la même année – qui ménageait deux pistes instrumentales classieuses à se damner.
Et classieux, cet album l'est pour sûr, de bout en bout. Il suffit de se passer l'ouverture pour saisir de quel bois se chauffe le duo : "Hotel Blues", avec son jeu de baguettes racé et hypnotique, sa guitare qui claque et se réverbère et son synthé fantomatique donne l'impression saisissante d'avoir été pondu par un groupe qu'on aurait pu voir dans un bar sordide d'un film de David Lynch. Sauf que le groupe jouerait du krautrock. Matez un peu l'ambiance... C'est sans répit que Last Ex nous assènera son kraut-lynch (voyez comme le temps passe vite, c'est déjà une étiquette!). L'absence de voix donne un ton d'autant plus curieux à ces pistes vêtues d'une froide élégance, qui se saisissent de l'occasion pour envahir l'espace et prendre une dimension véritablement cinématographique. Quand je ferme les yeux sur "Resurrection Drive part 1", je m'imagine une rixe entre gangs à la West-Side story, sauf que tout le monde est d'une pâleur fantomatique et éclairés par dessous dans la nuit noire. Sur l'intro de "Trop Tard", je flotte sur une barque, au milieu d'un lac en plein brouillard, et les mots Silent Hill ne peuvent s'empêcher de s'imprimer au fer rouge à l'intérieur de mes paupières closes. Sur "It's Not Chris" je tâche de rentrer chez moi après une soirée trop arrosée, mais difficile de trouver mon chemin dans ces ruelles sombres, alors que devant moi des créatures étranges jouent une fanfare flippante. Et vous me ferez penser à remercier le groupe quand d'aventure je croiserai leur chemin, pour leur usage de la distorsion – non pas celle de la guitare mais celle du clavier qui paraît se "désaccorder" en permanence, comme pour me signifier que l'équilibre de la réalité dans laquelle je me promène est très précaire, prêt à se déchirer. J'adore quand une musique me donne ce genre de vertige.
Last Ex (le disque, le groupe) est en somme d'une sobriété et d'une simplicité confondante : il se contente d'explorer à fond une trame bien précise au long de onze pistes hypnotiques qui proposent des variations autour du même thème. Ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. D'un côté le disque est impressionnant de cohésion, fait d'un seul et même bloc, formant un front uni et une forte personnalité. De l'autre, on peut avoir l'impression que Last Ex, en dépit de sa courte durée, se répète, que les pistes se ressemblent entre elles. Bien sûr, avec le temps et les écoutes, ce second point s'amenuise et on apprend à distinguer les parties dans ce tout unifié. Pour finir, j'ai un peu honte de l'admettre, mais bien qu'une des forces de la formation soit indéniablement son côté instrumental, il ne se passe pas une écoute sans que je ne fantasme sur la gueule qu'aurait eu le disque avec la présence de la voix caverneuse de Taylor Kirk (chanteur de Timber Timbre). C'est mal je sais, mais je me soigne.
Et classieux, cet album l'est pour sûr, de bout en bout. Il suffit de se passer l'ouverture pour saisir de quel bois se chauffe le duo : "Hotel Blues", avec son jeu de baguettes racé et hypnotique, sa guitare qui claque et se réverbère et son synthé fantomatique donne l'impression saisissante d'avoir été pondu par un groupe qu'on aurait pu voir dans un bar sordide d'un film de David Lynch. Sauf que le groupe jouerait du krautrock. Matez un peu l'ambiance... C'est sans répit que Last Ex nous assènera son kraut-lynch (voyez comme le temps passe vite, c'est déjà une étiquette!). L'absence de voix donne un ton d'autant plus curieux à ces pistes vêtues d'une froide élégance, qui se saisissent de l'occasion pour envahir l'espace et prendre une dimension véritablement cinématographique. Quand je ferme les yeux sur "Resurrection Drive part 1", je m'imagine une rixe entre gangs à la West-Side story, sauf que tout le monde est d'une pâleur fantomatique et éclairés par dessous dans la nuit noire. Sur l'intro de "Trop Tard", je flotte sur une barque, au milieu d'un lac en plein brouillard, et les mots Silent Hill ne peuvent s'empêcher de s'imprimer au fer rouge à l'intérieur de mes paupières closes. Sur "It's Not Chris" je tâche de rentrer chez moi après une soirée trop arrosée, mais difficile de trouver mon chemin dans ces ruelles sombres, alors que devant moi des créatures étranges jouent une fanfare flippante. Et vous me ferez penser à remercier le groupe quand d'aventure je croiserai leur chemin, pour leur usage de la distorsion – non pas celle de la guitare mais celle du clavier qui paraît se "désaccorder" en permanence, comme pour me signifier que l'équilibre de la réalité dans laquelle je me promène est très précaire, prêt à se déchirer. J'adore quand une musique me donne ce genre de vertige.
Last Ex (le disque, le groupe) est en somme d'une sobriété et d'une simplicité confondante : il se contente d'explorer à fond une trame bien précise au long de onze pistes hypnotiques qui proposent des variations autour du même thème. Ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. D'un côté le disque est impressionnant de cohésion, fait d'un seul et même bloc, formant un front uni et une forte personnalité. De l'autre, on peut avoir l'impression que Last Ex, en dépit de sa courte durée, se répète, que les pistes se ressemblent entre elles. Bien sûr, avec le temps et les écoutes, ce second point s'amenuise et on apprend à distinguer les parties dans ce tout unifié. Pour finir, j'ai un peu honte de l'admettre, mais bien qu'une des forces de la formation soit indéniablement son côté instrumental, il ne se passe pas une écoute sans que je ne fantasme sur la gueule qu'aurait eu le disque avec la présence de la voix caverneuse de Taylor Kirk (chanteur de Timber Timbre). C'est mal je sais, mais je me soigne.
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
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