Kill The Thrill

En 1995, le tout jeune étudiant que j'étais découvrait pour la première fois non pas le sexe mais Kill The Thrill. La formation marseillaise, a priori perdue sur la compilation Brutale Génération qui regroupait l'élite du Métal extrême français, foutait tout le monde d'accord avec un titre dingue : "Burn" tiré de l'album Low. Qu'est-ce que j'ai pu l'écouter cette chanson... Impossible de me lasser de cette mélodie hypnotique, mais impossible également à l'époque de me procurer le disque. Il en résultait une profonde déception, accompagnée de problèmes d'érection récurrents et d'une atonie tenace.
Heureusement, en 2013, Atypeek Music nous fit grâce d'une réédition et c'est alors comme un ange tombé du ciel pour échouer dans mes enceintes. Car outre "Burn" qui ouvre de façon tonitruante l'album, agrémenté pour l'occasion de quatre "Loop" ambient écrit en collaboration avec Erikm, chaque pièce est en fait une réussite absolue dans un style à la croisée des Swans ou de Godflesh avec en plus un touché mélodique unique.
D'une intensité étouffante où le bruit expectore des bribes de mélodies rouillées, surplombé de vocaux hallucinés, Low ferait presque passer ses frères aînés (203 Barriers puis Tellurique) pour une espèce de Pop énervée légèrement dérangeante. Ici, c'est claque sur claque, bourrasque industrielle sur tempête métallique, d'une froideur mécanique absolue et pourtant d'une beauté charnelle troublante, l'équilibre parfait entre les coups de beats dans le fion de l'auditeur et l'explosion de jouissance du chant et des guitares.
Entre 1995 et aujourd'hui, j'ai probablement écouté des milliers de groupes mais aucun n'est parvenu à détrôner la beauté de Low dans mon petit panthéon. Cet album, c'est du 10/10, évidemment indispensable lorsqu'on prétend aimer les trucs plombés qui ont de l'âme. Merci Kill The Thrill pour cette musique.