Clearlake

Cedars

Cedars

 Label :     Domino 
 Sortie :    lundi 03 février 2003 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Que Cedars démarre sur les chapeaux de roues avec le single "Almost The Same" ne peut qu'aider à mettre l'auditeur en confiance après le prometteur mais mollasson Lido. Si on reste en pleine recette linéaire, c'est haletant et efficace, et on retrouve ces petits arrangements qui forment une grande partie du talent des anglais. D'être aussi allé chercher Simon Raymonde (Cocteau Twins) pour un apport évident à la production, "millimétrant" et polissant des arrangements qui – on ne le répétera jamais assez – sont très bien gérés par le groupe à l'origine. Certains titres ne tiennent même que par la touche d'intelligence dans la production, pour les mettre parfaitement en valeur...

Mais alors, est-on en confiance pour être déçus ? En vérité, il semblerait que Clearlake n'ait avancé que d'un pas... Mieux que rien. Et d'un peu d'intelligence, vient la classe brit-pop.

C'est l'autre grande face lumineuse du talent de Clearlake, cette classe brit-pop. Et si c'était un peu trop pâteux sur Lido, ça gicle davantage sur Cedars. Enfin des morceaux plus entraînants (l'urgence de "Can't Feel A Thing") ou intrigants (les sublimes cordes de "The Mind Is Evil") qui revigorent le répertoire et notre intérêt. Le problème reste le même : la linéarité ; et certains titres tournent toujours en rond ou n'ont absolument aucun attrait (sautez "Keep Smiling", pas la peine) ... Mais à plusieurs reprises, le groupe parvient à tirer son épingle du jeu, et piquer en conséquence notre attention. De petites humeurs sympas ("Wonder If The Snow Will Settle") mais sans risque ; des atmosphères plutôt intenses et du travail harmonique passionnant ("I'd Like To Hurt You") mais une idée de départ surexploitée... La plume de Jason Pegg continue à tracer pour chaque chanson un petit chemin balisé, et reste stable sur son tracé, à faire plusieurs tours de circuit tranquillement... et c'est tellement dommage et frustrant dans certains cas, à l'image d'un des singles, "Come Into The Darkness", durant lequel la meilleure idée trouvée pour enfin changer du train-train couplet-refrain bis repetita ad nauseam est de laisser le motif du couplet instrumental, vide.

Les idées fraîches se démarquent alors davantage, comme des respirations, notamment en dernière moitié d'album. L'incantation rock "Treat Yourself With Kindness" démontre que le groupe peut utiliser sa linéarité de la plus parfaite des manières, avec ses touches de guitares malades, explosant pour accompagner des harmonies vocales tragiques entêtantes... Et "It's All Too Much" est certainement la meilleure d'entre elles. Étrange nature à la fois minimaliste et ciselée, qui s'affiche toute dépareillée sur la tracklist, avec sa colère rentrée qu'on aimerait entendre davantage exploser. Cela reste légèrement poli. En toute logique, puisque unique, exploitée qu'à moitié, bancale. Comme si Clearlake n'avait pas l'habitude de s'écarter du sage sentier qu'il s'est battu. Il manque une goutte de folie pour que la sauce prenne et transmette une véritable émotion. Seulement, elle a le mérite d'être plantée là cette chanson, d'ouvrir toute grande une porte insoupçonnée...

Bel et bien un pas en avant.


Sympa   14/20
par X_YoB


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