Nick Cave And The Bad Seeds
Paris [Casino De Paris] - mardi 29 avril 2008 |
Le Casino de Paris est un cadre assez luxueux, un écrin relativement adéquat pour accueillir Nick Cave And The Bad Seeds. Le privilège de les voir en ces lieux a bien-sûr un prix.
Le temps de siroter une mauvaise bière, et les premières notes retentissent. L'ambiance s'annonce lourde. Un rock bluesy typique du combo. Le groupe alterne morceaux du dernier album, Dig!!! Lazarus, Dig!!! et anciens titres. Mais une fois qu'on a dit ça, on n'a rien dit. Le son est très rock, voire noisy. La balance est bien réglée, on entend même très distinctement la guitare acoustique. Des images sont parfois projetées à l'arrière de la scène.
On sait que les Bad Seeds sont un groupe à géométrie variable. A la fois de manière synchronique et de manière diachronique, c'est-à-dire tout au long de l'histoire du groupe, mais aussi à l'échelle d'un concert, où les membres passent d'un instrument à l'autre. Ce concert ne fait pas exception à la règle.
Nick Cave est en grande forme. Sa voix est tantôt celle d'un crooner ironique, tantôt celle d'un sauvage. Mais toujours profonde et puissante. Servie par des textes littéraires sous influence de la Bible. Il empoigne parfois une Telecaster. Son compagnon de toujours, le multi-instrumentiste Mick Harvey, est réduit à la portion congrue. Il n'a composé aucun morceau du dernier album et ne semble y jouer qu'un rôle mineur. Cette impression est confirmée ce soir. Rôle mineur, mais indispensable. Il alterne entre claviers (orgue, piano) et guitares rythmiques (acoustique et électrique). C'est plutôt Warren Ellis, avec sa barbe hirsute, qui occupe le devant de la scène. Il joue surtout du violon, mais à la manière d'une guitare, et utilise aussi des Mandocasters (mandolines électriques à quatre cordes). Il en tire des déflagrations sonores impressionnantes mais un peu trop brouillonnes. Il joue par-ci par-là de l'orgue, de la flûte ou des maracas. Le bassiste Martyn Casey reste, impassible, au fond de la scène. Ses lignes n'en sont pas moins essentielles, puissantes mais aussi parfois très groovy. Le claviériste Conway Savage nous gratifie de très belles lignes d'orgue. Le son est d'autant plus massif qu'il s'appuie sur deux batteries. Plus exactement, Jim Sclavunos et Thomas Wydler se partagent batterie et percussions le plus souvent, alternant les rôles. Ils sont même aidés par Mick Harvey aux percus sur un morceau. Le guitariste James Johnston (Gallon Drunk), présent sur l'album, ne figure pas sur scène.
Les compositions de Dig!!! Lazarus, Dig!!! passent très bien en concert, même le single éponyme. Le morceau "Today's Lesson", fausse parodie de "T.V. Eye" des Stooges, qui montre au passage que l'Iguane et ses Faire-Valoir étaient peut-être les précurseurs de Nick Cave et ses Mauvaises Graines, est éblouissant de puissance maîtrisée, presque sexuelle, de rage, avec une ligne d'orgue à tomber par terre.
Les sommets de la prestations sont atteints par "Papa Won't Leave You Henry", où Harvey fait des merveilles à la guitare folk, et "Get Ready For Love" et ses trois guitares archi-saturées de front.
La surprise viendra de "Your Funeral, My Trial", somptueux mais méconnu morceau de l'album du même nom, très mélancolique, avec une très belle ligne de violon où Ellis joue enfin avec un archet.
Un concert trop court au vu de l'ampleur de la carrière du groupe. Et qui manque un peu de surprise, alors que lors de la tournée de 2004, elle était double : Nick Cave et ses Mauvaises Graines avaient dans un premier temps joué des morceaux du dernier album en date, puis d'anciens morceaux ; et il était accompagné par une section de choristes.
Le public est statique, si ce n'est passif. L'enthousiasme ne se manifeste vraiment qu'à partir du premier rappel. La faute à un dernier album en date un peu décevant ? Ou à une carrière peut-être trop longue, qui s'essoufflerait ?
Toujours est-il qu'une telle prestation du King Ink et de sa troupe suffit à balayer d'un revers de main désinvolte n'importe quel groupaillon actuel qui n'a alors plus qu'à aller jouer avec ses couronnes en plastique.
Le temps de siroter une mauvaise bière, et les premières notes retentissent. L'ambiance s'annonce lourde. Un rock bluesy typique du combo. Le groupe alterne morceaux du dernier album, Dig!!! Lazarus, Dig!!! et anciens titres. Mais une fois qu'on a dit ça, on n'a rien dit. Le son est très rock, voire noisy. La balance est bien réglée, on entend même très distinctement la guitare acoustique. Des images sont parfois projetées à l'arrière de la scène.
On sait que les Bad Seeds sont un groupe à géométrie variable. A la fois de manière synchronique et de manière diachronique, c'est-à-dire tout au long de l'histoire du groupe, mais aussi à l'échelle d'un concert, où les membres passent d'un instrument à l'autre. Ce concert ne fait pas exception à la règle.
Nick Cave est en grande forme. Sa voix est tantôt celle d'un crooner ironique, tantôt celle d'un sauvage. Mais toujours profonde et puissante. Servie par des textes littéraires sous influence de la Bible. Il empoigne parfois une Telecaster. Son compagnon de toujours, le multi-instrumentiste Mick Harvey, est réduit à la portion congrue. Il n'a composé aucun morceau du dernier album et ne semble y jouer qu'un rôle mineur. Cette impression est confirmée ce soir. Rôle mineur, mais indispensable. Il alterne entre claviers (orgue, piano) et guitares rythmiques (acoustique et électrique). C'est plutôt Warren Ellis, avec sa barbe hirsute, qui occupe le devant de la scène. Il joue surtout du violon, mais à la manière d'une guitare, et utilise aussi des Mandocasters (mandolines électriques à quatre cordes). Il en tire des déflagrations sonores impressionnantes mais un peu trop brouillonnes. Il joue par-ci par-là de l'orgue, de la flûte ou des maracas. Le bassiste Martyn Casey reste, impassible, au fond de la scène. Ses lignes n'en sont pas moins essentielles, puissantes mais aussi parfois très groovy. Le claviériste Conway Savage nous gratifie de très belles lignes d'orgue. Le son est d'autant plus massif qu'il s'appuie sur deux batteries. Plus exactement, Jim Sclavunos et Thomas Wydler se partagent batterie et percussions le plus souvent, alternant les rôles. Ils sont même aidés par Mick Harvey aux percus sur un morceau. Le guitariste James Johnston (Gallon Drunk), présent sur l'album, ne figure pas sur scène.
Les compositions de Dig!!! Lazarus, Dig!!! passent très bien en concert, même le single éponyme. Le morceau "Today's Lesson", fausse parodie de "T.V. Eye" des Stooges, qui montre au passage que l'Iguane et ses Faire-Valoir étaient peut-être les précurseurs de Nick Cave et ses Mauvaises Graines, est éblouissant de puissance maîtrisée, presque sexuelle, de rage, avec une ligne d'orgue à tomber par terre.
Les sommets de la prestations sont atteints par "Papa Won't Leave You Henry", où Harvey fait des merveilles à la guitare folk, et "Get Ready For Love" et ses trois guitares archi-saturées de front.
La surprise viendra de "Your Funeral, My Trial", somptueux mais méconnu morceau de l'album du même nom, très mélancolique, avec une très belle ligne de violon où Ellis joue enfin avec un archet.
Un concert trop court au vu de l'ampleur de la carrière du groupe. Et qui manque un peu de surprise, alors que lors de la tournée de 2004, elle était double : Nick Cave et ses Mauvaises Graines avaient dans un premier temps joué des morceaux du dernier album en date, puis d'anciens morceaux ; et il était accompagné par une section de choristes.
Le public est statique, si ce n'est passif. L'enthousiasme ne se manifeste vraiment qu'à partir du premier rappel. La faute à un dernier album en date un peu décevant ? Ou à une carrière peut-être trop longue, qui s'essoufflerait ?
Toujours est-il qu'une telle prestation du King Ink et de sa troupe suffit à balayer d'un revers de main désinvolte n'importe quel groupaillon actuel qui n'a alors plus qu'à aller jouer avec ses couronnes en plastique.
Très bon 16/20 | par Gaylord |
Setlist :
Night Of The Lotus Eater
Dig Lazarus Dig
Tupelo
Today's Lesson
Red Right Hand
Midnight Man
Nobody's Baby Now
Deanna
Lie Down Here (And Be My Girl)
The Ship Song
We Call Upon The Author
Papa Won't Leave You Henry
Get Ready For Love
More News From Nowhere
Lyre Of Orpheus
Far From Me
Hard On For Love
Your Funeral, My Trial
Stagger Lee
Night Of The Lotus Eater
Dig Lazarus Dig
Tupelo
Today's Lesson
Red Right Hand
Midnight Man
Nobody's Baby Now
Deanna
Lie Down Here (And Be My Girl)
The Ship Song
We Call Upon The Author
Papa Won't Leave You Henry
Get Ready For Love
More News From Nowhere
Lyre Of Orpheus
Far From Me
Hard On For Love
Your Funeral, My Trial
Stagger Lee
Posté le 12 mai 2008 à 15 h 11 |
Nick Cave And The Bad Seeds, ce genre de nom qui normalement, quoiqu'il arrive, donne l'assurance d'un bon concert. D'autant que le joli cadre du Casino de Paris (sorte de mini Olympia), qui devrait être plus souvent utilisé pour des concerts, laissait présager une soirée intimiste à souhait.
Le concert commencera assez tôt, et certains retardataires manqueront un "Night Of The Lotus Eater" idéal pour rentrer dans l'univers de Nick Cave et de ses mauvaises graines. La première partie verra les chansons issues du dernier album en date (Dig !!! Lazarus Dig !!!) alterner avec les classiques du groupe ("Red Right Hand", "Papa Won't Leave You Henry"). Comme d'habitude, Nick Cave bouge beaucoup. Il semble cependant de bonne humeur, n'hésitant pas à plaisanter plusieurs fois avec le public.
Malgré tout, je dois avouer que je ne retrouve pas la magie de mon précédent rendez-vous à la Mutualité il y a 3 ans et demi. La faute à un catastrophique réglage du son (une basse bien trop forte comparée aux autres instruments) et à un répertoire moins bien choisi. Une soirée pas déplaisante, mais où les grands moments (fantastiques "We Call Upon The Author" et "Stagger Lee") seront bien rares. En fait, je pense que tout simplement les morceaux du dernier album sont moyens. Ajouté à cela un choix de rappel plutôt décevant (le groupe s'était pourtant donné la possibilité de jouer entre autre "The Mercy Seat", "Straight To You" ou "Love Letter"), et cela donne une soirée à mon goût plutôt décevante compte tenu de ce qu'elle aurait pu être. Peut-être ne suis-je pas assez amateur du genre, mais on se doit d'être exigeant devant un groupe de cette trempe.
Le concert commencera assez tôt, et certains retardataires manqueront un "Night Of The Lotus Eater" idéal pour rentrer dans l'univers de Nick Cave et de ses mauvaises graines. La première partie verra les chansons issues du dernier album en date (Dig !!! Lazarus Dig !!!) alterner avec les classiques du groupe ("Red Right Hand", "Papa Won't Leave You Henry"). Comme d'habitude, Nick Cave bouge beaucoup. Il semble cependant de bonne humeur, n'hésitant pas à plaisanter plusieurs fois avec le public.
Malgré tout, je dois avouer que je ne retrouve pas la magie de mon précédent rendez-vous à la Mutualité il y a 3 ans et demi. La faute à un catastrophique réglage du son (une basse bien trop forte comparée aux autres instruments) et à un répertoire moins bien choisi. Une soirée pas déplaisante, mais où les grands moments (fantastiques "We Call Upon The Author" et "Stagger Lee") seront bien rares. En fait, je pense que tout simplement les morceaux du dernier album sont moyens. Ajouté à cela un choix de rappel plutôt décevant (le groupe s'était pourtant donné la possibilité de jouer entre autre "The Mercy Seat", "Straight To You" ou "Love Letter"), et cela donne une soirée à mon goût plutôt décevante compte tenu de ce qu'elle aurait pu être. Peut-être ne suis-je pas assez amateur du genre, mais on se doit d'être exigeant devant un groupe de cette trempe.
Pas mal 13/20
Posté le 07 mai 2008 à 18 h 31 |
Il y deux façons de hurler son contentement dans un concert : entre deux morceaux, ce qui se traduit par putain qu'est ce que cette version était puissante, ou pendant le morceau ce qui se traduit par 'je vous emmerde, les gens autour de moi et je vous signale que moi je kiffe plus le morceau que vous tous réunis parce que je crie et que je réussi à couvrir dans un rayon de cinq mètres cette version superbe de "Stagger Lee" qui clôture ce concert'. Ma voisine de derrière était donc plutot du deuxième type.
Sinon le concert débute à l'heure par une chanson du nouvel album : "Night Of The Lotus Eaters" jouée à deux batteries avec Mick Harvey derrière l'un des futs. Les morceaux s'enchainent, Nick Cave est très en voix, le son nickel, assez abrasif (Grinderman a laissé des traces), le nouveau single "Dig Lazarus Dig" est redoutablement efficace en version live. Preuve de la bonne humeur du groupe, ils joueront quatre morceaux en plus de ce qui était prévu sur la set list de l'ingé son, dont des chansons rares en concert comme "Your Funeral My Trial" ou "Far From Me", toutes deux magnifiques.
Les moments phares du concert sont le grand classique "Papa Won't Leave You Henry" ('and the rain fell down upon us'...), un "Red Right Hand" bien bruitiste, le morceau phare du dernier album "We Call Upon The Author To Explain" avec une espèce de break dance floor très efficace et comique, et surtout un "Get Ready For Love" débarassé de ses artifices de production gospel et exécuté d'une façon 'tiens, prends toi ça dans les dents petit jeune' qui en fait le sommet de la prestation d'après moi.
Si on rajoute à celà le charisme naturel de Cave et Ellis ainsi que la bonhommie de Mick Harvey, la complicité avec le public et les blagues entre chaque morceau, on peut dire qu'on a assisté à un des concerts de l'année sur Paris, et sachant qu'ils remettent le couvert à l'Olympia en juin, ce serait vraiment con de louper ça.
Bref Nick Cave et ses Bad Seeds n'ont pas vieilli, loin de là, et il semblerait que le projet Grinderman ait fait souffler un vent de fraîcheur et de violence sur ces mauvaises graines, ce qui n'est pas pour nous déplaire.
Et si vous allez à l'Olympia et qu'une excitée hurle STAGGER LEE!!! entre chaque morceau, assurez vous de vous éloigner avant que le morceau commence, ou alors pendez-la.
Sinon le concert débute à l'heure par une chanson du nouvel album : "Night Of The Lotus Eaters" jouée à deux batteries avec Mick Harvey derrière l'un des futs. Les morceaux s'enchainent, Nick Cave est très en voix, le son nickel, assez abrasif (Grinderman a laissé des traces), le nouveau single "Dig Lazarus Dig" est redoutablement efficace en version live. Preuve de la bonne humeur du groupe, ils joueront quatre morceaux en plus de ce qui était prévu sur la set list de l'ingé son, dont des chansons rares en concert comme "Your Funeral My Trial" ou "Far From Me", toutes deux magnifiques.
Les moments phares du concert sont le grand classique "Papa Won't Leave You Henry" ('and the rain fell down upon us'...), un "Red Right Hand" bien bruitiste, le morceau phare du dernier album "We Call Upon The Author To Explain" avec une espèce de break dance floor très efficace et comique, et surtout un "Get Ready For Love" débarassé de ses artifices de production gospel et exécuté d'une façon 'tiens, prends toi ça dans les dents petit jeune' qui en fait le sommet de la prestation d'après moi.
Si on rajoute à celà le charisme naturel de Cave et Ellis ainsi que la bonhommie de Mick Harvey, la complicité avec le public et les blagues entre chaque morceau, on peut dire qu'on a assisté à un des concerts de l'année sur Paris, et sachant qu'ils remettent le couvert à l'Olympia en juin, ce serait vraiment con de louper ça.
Bref Nick Cave et ses Bad Seeds n'ont pas vieilli, loin de là, et il semblerait que le projet Grinderman ait fait souffler un vent de fraîcheur et de violence sur ces mauvaises graines, ce qui n'est pas pour nous déplaire.
Et si vous allez à l'Olympia et qu'une excitée hurle STAGGER LEE!!! entre chaque morceau, assurez vous de vous éloigner avant que le morceau commence, ou alors pendez-la.
Excellent ! 18/20
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