Nick Cave And The Bad Seeds
Ghosteen |
Label :
Ghosteen Ltd, Bad Seed Ltd |
||||
J'ai acheté Ghosteen à sa sortie, écouté deux fois, rangé et oublié, je n'y trouvais pas de porte d'entrée. Il m'a fallu entendre un morceau à la radio en me disant : " tiens on dirait Nick Cave, je connais pas ce titre, déjà un nouvel album ? ", c'était "Bright Horses" de Ghosteen. L'oubli puis, enfin, la vraie découverte.
M'y confronter a été plus simple grâce à l'écoute de Kings, la bande originale de Warren Ellis et Nick Cave, dont les morceaux sont les marches musicales menant de Skeleton Tree à Ghosteen.
Le virage amorcé avec Push The Sky Away, prolongé par Skeleton Tree, se confirme. La musique de ce disque est de plus en plus impressionniste, voire abstraite. Aucune structure apparente, plutôt des agencements sonores, vocaux. L'émotion est ici retranscrite brutalement, sans les artifices des couplets-refrains ou mélodies. Ici pas de blues marécageux, pas de hargne ou d'agressivité. Absente aussi l'oppression qui caractérisait Skeleton Tree. C'est un Nick Cave inconnu, radicalement transformé par sa pénible histoire personnelle, le mot n'existe pas. Après avoir chanter les démons, les prêcheurs, les meurtriers il chante pour la première fois avec cette voix redevenue humaine. Il ne joue plus un personnage, il est homme simplement.
Ghosteen, album de 68 minutes, se compose de deux disques, partie I et II, dont il est difficile de dégager un morceau en particulier.
La partie I se déroule en huit titres
Le premier titre, "Spinning Song", prend à la gorge. La voix est étonnament haute, c'est celle de la connaissance de l'abîme, qu'il a tant chanté auparavant. Ensuite, "Bright Horses", qui est le morceau le plus structuré de l'album, le moins sombre, celui qui passe en radio.
Les cloches de "Night Raid" ne sont pas sans rappeler Impersonator de Majical Cloudz, elles n'ont rien de religieux. Le fond sonore est difficile à déterminer, mis à part quelques chœurs féminins. Ce "Night Raid" est différent, on entend autre chose de plus optimiste, toute proportion gardée.
"Sun Forest", plus parlé que chanté, est le titre le plus humain. Les chœurs très longs, des bouts de violoncelle, un orgue et un piano font de ce morceau un vrai chef d'œuvre.
Les trois derniers titres forment une sorte de trilogie musicale. "Galleon Ship" est une des réussites de Ghosteen, là encore la pâte synthétique couvre un fond bruitiste fait de voix empilées et d'autres choses indéterminables. Les chœurs enrobent Nick Cave, comme sur le suivant "Ghosteen Speaks". Dernier titre de ce premier disque, "Leviathan", est le plus étrange, le plus intime et le plus dur à écouter si on fait attention aux paroles. Léviathan, dans l'Ancien Testament, c'est la personnification du Chaos primordial contre lequel lutte le Créateur. Ce nom n'a rien d'étonnant chez le lecteur assidu de la Bible qu'est Nick Cave, ou dans le contexte d'écriture de cet album.
Le second disque, compte trois titres pour 30 minutes.
"Ghosteen", le morceau titre, évolue lentement au gré des chœurs et d'un clavier au son profond, élastique.
On entend une musique lointaine dont on ne discerne aucun instrument, puis la voix de Nick Cave parlant. Un piano, simple et répétitif, arrive, et "Fireflies" se prolonge pendant 3 minutes. C'est le titre le plus court de cette deuxième partie.
"Hollywood" progresse sur une note de basse, le piano toujours, et ces synthés au sons étirés, des bruits parsèment le titre. Nick Cave chante, presque à voix basse par moments, d'une façon rappelant les albums précédents. C'est la fin.
Nick Cave enregistre toujours le chant une fois que les Bad Seeds ont terminé les instruments. Je me demande si ici ce n'est pas l'inverse. S'ils n'ont pas capté la voix de Nick Cave, pour, ensuite, l'habiller musicalement. On peut se demander quel est l'apport réel des Bad Seeds sur ce disque, mis à part Warren Ellis qui est co-auteur de tous les titres et co-producteur, on ne les entend pas, sauf sur les chœurs a priori. Leurs contributions doivent être ailleurs, dans un domaine qu'eux seuls connaissent.
C'est un album difficile d'accès, il est à déconseiller à qui ne les connait pas. Il n'est absolument pas représentatif de leur musique. Il est impossible, actuellement, d'éluder le sujet très personnel de cet album imprévu (Grinderman devait réapparaître), c'est à ma connaissance le première œuvre musicale autobiographique moderne à consacrer un album entier à une telle tragédie. Nick Cave partage des choses rares, une triste connaissance, et s'adresse finalement à peu de gens. C'est la raison pour laquelle il m'est compliqué d'émettre un avis qualitatif sur cette œuvre. S'agit-il d'un chef d'œuvre ? Ou d'une sordide auto-fiction ? J'ai lu beaucoup de chroniqueurs exprimant leur malaise face à cette intimité, une forme de voyeurisme. Je ne me sens pas concerner par ce sentiment. Cette musique m'est compréhensible.
M'y confronter a été plus simple grâce à l'écoute de Kings, la bande originale de Warren Ellis et Nick Cave, dont les morceaux sont les marches musicales menant de Skeleton Tree à Ghosteen.
Le virage amorcé avec Push The Sky Away, prolongé par Skeleton Tree, se confirme. La musique de ce disque est de plus en plus impressionniste, voire abstraite. Aucune structure apparente, plutôt des agencements sonores, vocaux. L'émotion est ici retranscrite brutalement, sans les artifices des couplets-refrains ou mélodies. Ici pas de blues marécageux, pas de hargne ou d'agressivité. Absente aussi l'oppression qui caractérisait Skeleton Tree. C'est un Nick Cave inconnu, radicalement transformé par sa pénible histoire personnelle, le mot n'existe pas. Après avoir chanter les démons, les prêcheurs, les meurtriers il chante pour la première fois avec cette voix redevenue humaine. Il ne joue plus un personnage, il est homme simplement.
Ghosteen, album de 68 minutes, se compose de deux disques, partie I et II, dont il est difficile de dégager un morceau en particulier.
La partie I se déroule en huit titres
Le premier titre, "Spinning Song", prend à la gorge. La voix est étonnament haute, c'est celle de la connaissance de l'abîme, qu'il a tant chanté auparavant. Ensuite, "Bright Horses", qui est le morceau le plus structuré de l'album, le moins sombre, celui qui passe en radio.
Les cloches de "Night Raid" ne sont pas sans rappeler Impersonator de Majical Cloudz, elles n'ont rien de religieux. Le fond sonore est difficile à déterminer, mis à part quelques chœurs féminins. Ce "Night Raid" est différent, on entend autre chose de plus optimiste, toute proportion gardée.
"Sun Forest", plus parlé que chanté, est le titre le plus humain. Les chœurs très longs, des bouts de violoncelle, un orgue et un piano font de ce morceau un vrai chef d'œuvre.
Les trois derniers titres forment une sorte de trilogie musicale. "Galleon Ship" est une des réussites de Ghosteen, là encore la pâte synthétique couvre un fond bruitiste fait de voix empilées et d'autres choses indéterminables. Les chœurs enrobent Nick Cave, comme sur le suivant "Ghosteen Speaks". Dernier titre de ce premier disque, "Leviathan", est le plus étrange, le plus intime et le plus dur à écouter si on fait attention aux paroles. Léviathan, dans l'Ancien Testament, c'est la personnification du Chaos primordial contre lequel lutte le Créateur. Ce nom n'a rien d'étonnant chez le lecteur assidu de la Bible qu'est Nick Cave, ou dans le contexte d'écriture de cet album.
Le second disque, compte trois titres pour 30 minutes.
"Ghosteen", le morceau titre, évolue lentement au gré des chœurs et d'un clavier au son profond, élastique.
On entend une musique lointaine dont on ne discerne aucun instrument, puis la voix de Nick Cave parlant. Un piano, simple et répétitif, arrive, et "Fireflies" se prolonge pendant 3 minutes. C'est le titre le plus court de cette deuxième partie.
"Hollywood" progresse sur une note de basse, le piano toujours, et ces synthés au sons étirés, des bruits parsèment le titre. Nick Cave chante, presque à voix basse par moments, d'une façon rappelant les albums précédents. C'est la fin.
Nick Cave enregistre toujours le chant une fois que les Bad Seeds ont terminé les instruments. Je me demande si ici ce n'est pas l'inverse. S'ils n'ont pas capté la voix de Nick Cave, pour, ensuite, l'habiller musicalement. On peut se demander quel est l'apport réel des Bad Seeds sur ce disque, mis à part Warren Ellis qui est co-auteur de tous les titres et co-producteur, on ne les entend pas, sauf sur les chœurs a priori. Leurs contributions doivent être ailleurs, dans un domaine qu'eux seuls connaissent.
C'est un album difficile d'accès, il est à déconseiller à qui ne les connait pas. Il n'est absolument pas représentatif de leur musique. Il est impossible, actuellement, d'éluder le sujet très personnel de cet album imprévu (Grinderman devait réapparaître), c'est à ma connaissance le première œuvre musicale autobiographique moderne à consacrer un album entier à une telle tragédie. Nick Cave partage des choses rares, une triste connaissance, et s'adresse finalement à peu de gens. C'est la raison pour laquelle il m'est compliqué d'émettre un avis qualitatif sur cette œuvre. S'agit-il d'un chef d'œuvre ? Ou d'une sordide auto-fiction ? J'ai lu beaucoup de chroniqueurs exprimant leur malaise face à cette intimité, une forme de voyeurisme. Je ne me sens pas concerner par ce sentiment. Cette musique m'est compréhensible.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par NicoTag |
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