Levitation

Angers [Le Quai] - vendredi 16 septembre 2016

 Levitation
Comme le dit Garth Algar, on a peur du changement. Surtout quand on est bien dans un endroit, on sait ce qu'on perd, pas ce qu'on va trouver à la place...
Durant les trois premières éditions du Levitation, Le Chabada nous accueillait, avec ses scènes intérieure & extérieure, ses longues tables pleines de disques, cette ambiance à la fois confinée & spacieuse, pas trop de monde...

Mais voilà, comme chaque festival victime de son succès, le Levitation décide de voir plus grand, et pour cette 4ème édition, d'investir Le Quai, nouveau théâtre fraîchement sorti de terre sur les quai (d'où ce nom pertinent), avec ses longues baies vitrées & ses grands couloirs. Ne nous laissons pas impressionnés par ce grand bâtiment, Ils ont sûrement aménagé l'intérieur avec goût & psychédélisme (En fait, on verra ça l'année prochaine...). Après une fouille de rigueur, nous pénétrons dans le Forum, aussi appelé le hall de gare. Une salle énorme, avec une scène tout aussi grande au fond, à l'opposé d'un long bar. Nous voilà contraint de traverser une file de personne, on se rendra plus tard compte qu'il s'agit de la queue pour retirer les tickets boissons & nourriture.
C'est une bonne chose de supprimer la monnaie derrière le bar, mais ne mettre qu'une seule "banque à tickets", alors que dans le même temps, le changement de lieu implique une plus grande capacité d'accueil, on peut se dire qu'il y a un problème d'organisation quelque part. Problème résolu dès le lendemain, une seconde banque est installée au "Patio", le second spot extérieur avec bars, foodtrucks, etc.

L'avantage (car il y en a quand même un), c'est que pendant qu'on poireaute à la queue leu leu pour acheter de la fausse monnaie, on peut regarder le concert du Forum.

Mais c'est pour plus tard, on est arrivé pile pour L.A. Hell Gang, qui eux jouent dans la "petite" salle, qui s'avère être une salle plutôt grande.
Ces trois là savent y faire pour mélanger allègrement les effets, les riffs rentre dedans & les ligne de basse puissantes. Oui, ça n'a rien de très original, mais ça marche, le son est ample, les compos sont là, une bien belle entré en matière.
Nous voilà obligé de sortir pour faire la queue qui est devenue démesurée, on se plaint avec nos amis de mésaventures, ("oui moi tout ça, même à la CAF c'est mieux foutu, blablabla") mais on est bien accompagné par Golden Dawn Arkestra. Non, ce n'est l'orchestre philarmonique de l'Aube Dorée qui va nous jouer les plus airs du IIIè Reich, mais un groupuscule d'Austin, mélangeant avec folie Afrobeat, funk & disco, à grand renfort de déguisements. La rencontre entre King Khan & Funkadelic, véritable machine à remuer qui enchante le public déjà présent. Ils ont la bonne idée de ne pas s'enfermer dans l'Afrobeat (oui, c'est pas parce qu'ils sont une petite dizaine sur scène qu'ils ne peuvent pas faire autre chose), agrémentant leur son de sonorités discos, une belle découverte, ils ont l'air vraiment content de jouer là, c'est peut être leur première fois en Europe, va savoir...
J'évite Yak dont l'album ne m'a que peu convaincu pour visiter un peu l'endroit, mais surtout pour ne pas rater le début du set de Zombie Zombie, car il faut savoir que les horaires se chevauchent & les concerts empiètent les uns sur les autres, comme on le verra plus tard.

On a toujours l'impression que Zombie Zombie pourrait jouer des heures entières. Entre les circonvolutions analogiques d'Etienne Jaumet et les deux batteries de Cosmic Néman & du Docteur Lori Schönberg, le temps s'arrête. Les titres jouent les prolongations, cela pourrait être de l'impro qu'on ne verrait même pas la différence. Une longue variation autour d'un thème de Carpenter pour finir, la grande classe. Pas le temps de conserver ses images dans la tête, on est déjà à la bourre pour le concert suivant.

Usé, dans une salle de plus de 1000 personnes. Je crois qu'on peut dire que ce n'est absolument pas le format adapté. La violence du type marche quand on est à deux mètre de lui, quand le public est concentré, ne fait plus qu'un amas de sueur et de coudes, comme à la Ferme Electrique cette été par exemple. Ici le public est statique, ne semble pas comprendre ce qui se passe sur scène, certains profitent même de l'intermède romantique "Marilou" pour prendre la poudre d'escampette. Lui ne se ménage pas sur scène, tabasse tout ce qui est à sa portée et termine de façon sensuelle en faisant chanter ses tétons sur "Billy Jean". Belle tentative & belle audace des programmateurs, mais définitivement, un concert d'Usé se vit dans une salle minuscule.

J'ai toujours pris un grand plaisir à voir Simeon sur scène. Les morceau de Silver Apples sont intemporels, voir ce vieux monsieur bidouiller ses machines avec son grand chapeau, ça se mange sans fin. Sauf que là, je ne sais pas si c'est le fait d'avoir vu Usé juste avant mais ses titres parfaits ont complétement perdus de leur mordant. Comme s'il réinterprétait le tout à la manière de son nouvel album, presque façon ambiant. Mais on n'a même pas le temps d'être déçu, En restant devant Usé jusqu'au bout et voulant apprécier le passage de Sonic Boom dans son intégralité, le set de Silver Apples se limite à vingt petites minutes grand max. Idée saugrenue de faire jouer quasiment au même moment les deux figures historiques du psychédélisme, mais on ne va pas commencer à discuter les choix des programmateurs, sinon on a pas fini...

Sonic Boom, soit Peter Kember & un guitariste qui offrira de jolis drones à l'aide d'un E-bow savamment utilisé. Peter s'installe derrière sa table remplie de machines analogiques en tout genre, une guitare posée à sa droite devant l'ampli, la magie peut commencer. Et elle commence fort la magie, avec une splendide version de "Transparent Radiation", suivie par une série de titres dans lesquelles les couches se superposent, le marasme électronique entrecoupé de coups de guitares fait merveille à chaque fois, et délivre la parole divine aux premiers rangs totalement acquis à sa cause (non, en fait beaucoup de gens se moquaient éperdument de ce qui se passait sur scène, ils passaient le temps en se racontant leurs vies fabuleuses en attendant Thee Oh Sees) avec pour conclure une version rallongée de "Big City", étirée comme jamais. Ils nous quittent souriant, ce n'est qu'un au revoir Pete, on se revoit demain !

Voilà l'heure qu'attendait les kids & les autres, le groupe de Dwyer prend place dans le Hall de gare. Et d'entrée ça tabasse, le combo double batteries emplit le Forum, Dwyer est définitivement un performer hors pair, on a presque l'impression qu'il y a trois guitares sur scène par moment. On sent le show rodé par la multitude de dates faites par Thee Oh Sees depuis cette nouvelle formation, c'est carré, propre, avec le soupçon de folie qu'il faut pour donner au tout une classe folle.

Föllakzoid clôture la première soirée, avec ce mélange psyché/kraut qui pompe un peu partout pour en faire un savoureux spectacle sur scène. La rythmique hypnotise, le delay sur une note répétitive pourrait lasser mais ça fonctionne assez bien, la première fois. Car oui, une fois qu'on a compris le modus operandi du trio, l'illusion ne prend plus vraiment, on a presque l'impression que les morceaux s'étirent pour rien, sur du vide.

Une première soirée riche en émotions, entre l'appréhension d'un nouveau lieu, des concerts attendus & qui n'ont pas déçu, on peut clairement dire, en faisant abstraction de quelques fausses notes, que cette première soirée a tenu ses promesses. Vivement demain !


Très bon   16/20
par X_Lok


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