Jack The Ripper
Schiltigheim [Cheval Blanc] - vendredi 16 mai 2003 |
"Oh ! Voilà qu'au milieu de la danse macabre
bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou."
Je me suis retrouvé ce soir là au Cheval Blanc pour la simple raison que des amis s'y produisaient en première partie d'un groupe que je ne connaissais pas, à savoir Jack The Ripper. La référence à un titre de Nick Cave, ainsi que la mention 'cabaret-rock' que j'avais pu lire - ou entendre, je ne sais plus - me donnaient une vague idée de ce à quoi je devais m'attendre ce soir-là.
On s'est donc assis dans les fauteuils rouges de cette petite salle de la banlieue de Strasbourg, cachée au fond d'une cour, et attenante à un resto. On a d'abord apprécié la prestation de Pozzo, transcendée par une acoustique et une sonorisation chaudes et de très bonne qualité. C'était assez bizarre de se retrouver enfoncés dans des fauteuils pour un concert de rock. Mais pas si bête au fond, dans le sens où le fait d'être assis nous imposait un autre type d'attention, d'une ; et de deux, ça nous a évité de faire des va-et-vient entre la salle et la buvette, et de nous agacer mutuellement genre : "il est lourd à se promener tout le temps c'ui-là" ou "il font chier à me regarder méchant...j'ai pas le droit d'aller me chercher une bière peut être?". Bref, on avait le cul carré dans nos fauteuils.
Comme ce concert remonte à plus d'un an, le souvenir que j'en ai a perdu en précision. Mais ce dont je me souviens bien c'est la force de ce concert de Jack The Ripper, la diversité et la sobriété des arrangements, un gimmick de trompette, un accord de guitare, quelques notes au clavier, les coups de balai du batteur et la silhouette macabre du chanteur au milieu de la scène, son visage osseux et sa tignasse grise, grasse, sa manière de fumer clope sur clope comme une Marlène androgyne et de danser parmi les ronds de fumée qui s'échappaient de sa bouche, tout ça je m'en souviens plutôt bien.
Je me souviens qu'ils ont commencé par ce morceau (dont j'ai su plus tard qu'il ouvrait leur album I'm Coming) "La Femelle du Requin" débutant par un arpège très simple et très beau ; je me souviens d'avoir ressenti pendant ce concert une véritable intensité dramatique, le sentiment que quelque chose se passe sur scène, que ceux qui sont devant nous jouent gros, comme un contrepoint aux prestations de Mogwaï et Cat Power auxquelles j'avais assisté quelques semaines auparavant, ou peut-être quelques semaines plus tard, je sais plus, j'ai pas les dates en tête. Mogwaï ou Cat Power qui pensaient sûrement que leur notorité suffirait à masquer leur absence de foi en ce qu'ils font, tandis que Jack The Ripper nous frappait dans l'estomac avant de nous caresser pour mieux nous griffer ensuite et ainsi de suite, au gré de leurs morceaux parfaitement maîtrisés, rodés (mais c'est moche de dire "rodé" ; "rodé" ça reste associé aux pots des mobylettes et à toute la quincaillerie ambulante ...).
Bref, je me souviens qu'un truc se passait sur scène, qu'Arnaud le chanteur (je dis "Arnaud" comme si c'était naturel, mais j'aurais pas réussi à m'imaginer pendant le concert qu'il pouvait avoir un prénom) qu'Arnaud donc, s'était fait apporté le gros tom de la batterie pour "Party in Downtown", ce gros tom qu'il assénait de violents coups de baguette en y mettant tout le poids de son corps dans un mouvement primal, dément, et pour tout dire terrifiant ; et j'ai vu, ou cru voir, la baguette lui échapper et partir droit dans le public atteindre quelqu'un au visage et le cri d'une spectatrice perdue dans le bruit des instruments rendus dingues par tout ce que la musique implique de passion, par tout ce qu'elle ouvre de possibilités en ceux qu'elle touche.
Je me souviens que le concert s'est conclu par une reprise du "Mercy Seat" de Nick Cave, choix peu judicieux, vu que l'ombre de l'australien avait suffisamment plané dans la salle durant leur prestation sans qu'il faille pousser la vice jusqu'à ce cover qui ne faisait que mettre l'accent sur le peu d'aptitude vocale du chanteur et sur son accent 'frenchy' assez prononcé ; ces détails qui ne se révélaient qu'à ce moment-là, par effet de contraste.
Malgré ce léger bémol, on a assisté ce soir-là à un vrai concert, d'un groupe hautement recommandable.
bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou."
Je me suis retrouvé ce soir là au Cheval Blanc pour la simple raison que des amis s'y produisaient en première partie d'un groupe que je ne connaissais pas, à savoir Jack The Ripper. La référence à un titre de Nick Cave, ainsi que la mention 'cabaret-rock' que j'avais pu lire - ou entendre, je ne sais plus - me donnaient une vague idée de ce à quoi je devais m'attendre ce soir-là.
On s'est donc assis dans les fauteuils rouges de cette petite salle de la banlieue de Strasbourg, cachée au fond d'une cour, et attenante à un resto. On a d'abord apprécié la prestation de Pozzo, transcendée par une acoustique et une sonorisation chaudes et de très bonne qualité. C'était assez bizarre de se retrouver enfoncés dans des fauteuils pour un concert de rock. Mais pas si bête au fond, dans le sens où le fait d'être assis nous imposait un autre type d'attention, d'une ; et de deux, ça nous a évité de faire des va-et-vient entre la salle et la buvette, et de nous agacer mutuellement genre : "il est lourd à se promener tout le temps c'ui-là" ou "il font chier à me regarder méchant...j'ai pas le droit d'aller me chercher une bière peut être?". Bref, on avait le cul carré dans nos fauteuils.
Comme ce concert remonte à plus d'un an, le souvenir que j'en ai a perdu en précision. Mais ce dont je me souviens bien c'est la force de ce concert de Jack The Ripper, la diversité et la sobriété des arrangements, un gimmick de trompette, un accord de guitare, quelques notes au clavier, les coups de balai du batteur et la silhouette macabre du chanteur au milieu de la scène, son visage osseux et sa tignasse grise, grasse, sa manière de fumer clope sur clope comme une Marlène androgyne et de danser parmi les ronds de fumée qui s'échappaient de sa bouche, tout ça je m'en souviens plutôt bien.
Je me souviens qu'ils ont commencé par ce morceau (dont j'ai su plus tard qu'il ouvrait leur album I'm Coming) "La Femelle du Requin" débutant par un arpège très simple et très beau ; je me souviens d'avoir ressenti pendant ce concert une véritable intensité dramatique, le sentiment que quelque chose se passe sur scène, que ceux qui sont devant nous jouent gros, comme un contrepoint aux prestations de Mogwaï et Cat Power auxquelles j'avais assisté quelques semaines auparavant, ou peut-être quelques semaines plus tard, je sais plus, j'ai pas les dates en tête. Mogwaï ou Cat Power qui pensaient sûrement que leur notorité suffirait à masquer leur absence de foi en ce qu'ils font, tandis que Jack The Ripper nous frappait dans l'estomac avant de nous caresser pour mieux nous griffer ensuite et ainsi de suite, au gré de leurs morceaux parfaitement maîtrisés, rodés (mais c'est moche de dire "rodé" ; "rodé" ça reste associé aux pots des mobylettes et à toute la quincaillerie ambulante ...).
Bref, je me souviens qu'un truc se passait sur scène, qu'Arnaud le chanteur (je dis "Arnaud" comme si c'était naturel, mais j'aurais pas réussi à m'imaginer pendant le concert qu'il pouvait avoir un prénom) qu'Arnaud donc, s'était fait apporté le gros tom de la batterie pour "Party in Downtown", ce gros tom qu'il assénait de violents coups de baguette en y mettant tout le poids de son corps dans un mouvement primal, dément, et pour tout dire terrifiant ; et j'ai vu, ou cru voir, la baguette lui échapper et partir droit dans le public atteindre quelqu'un au visage et le cri d'une spectatrice perdue dans le bruit des instruments rendus dingues par tout ce que la musique implique de passion, par tout ce qu'elle ouvre de possibilités en ceux qu'elle touche.
Je me souviens que le concert s'est conclu par une reprise du "Mercy Seat" de Nick Cave, choix peu judicieux, vu que l'ombre de l'australien avait suffisamment plané dans la salle durant leur prestation sans qu'il faille pousser la vice jusqu'à ce cover qui ne faisait que mettre l'accent sur le peu d'aptitude vocale du chanteur et sur son accent 'frenchy' assez prononcé ; ces détails qui ne se révélaient qu'à ce moment-là, par effet de contraste.
Malgré ce léger bémol, on a assisté ce soir-là à un vrai concert, d'un groupe hautement recommandable.
Excellent ! 18/20 | par Greg |
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