Jack The Ripper

Ladies First

Ladies First

 Label :     Le Village Vert 
 Sortie :    lundi 17 octobre 2005 
 Format :  Album / CD   

Jack The Ripper a encore frappé. Ce nouveau disque Ladies First, troisième du nom, porte sa marque. Il n'en fait aucun doute : la jaquette est une fois de plus signée Juarez Machado, et, la lecture du premier titre l'album nous laisse déjà espérer quelques petites frayeurs.

Un violon déraille puis disparaît. "From My Veins To The Sea" ouvre ainsi l'album. Mais à ma grande surprise, laisse entrevoir un peu d'espoir, de gaieté. L'arpège à la guitare et la ligne de piano enchanteurs débutent bien. La batterie puis la basse se rajoutent et rythment agréablement le morceau. Musique légère, ce disque ne s'annonce pas si épouvantable que ça. Mais, ce satané violon qu'on redoutait, ressurgit de nulle part et marque le début de la tourmente ! Il contamine la guitare qui laisse tomber le riff initial pour des envolées plus frénétiques. La voix s'emballe et le clavier à son tour se met à délirer, jouant étrangement quelques notes décalées. Les minutes passent et le temps s'obscurcit doucement. Un grand noir ...

Deuxième morceau : le climat est déjà plus tendu, sordide, étouffant. Un rythme plus primitif, et la voix pénétrante de Arnaud Mazurel tisse peu à peu le même décor macabre que les albums précédents. Le chanteur se transforme alors en un être maléfique. D'une voix rocailleuse et diabolique il fait de "Goin' Down" le titre sûrement le plus glacial. Deux accords obsédants de piano l'accompagnent, nous tirent dans les bas fonds. A tour de rôle une trompette déchirée, étourdissante, puis une voix à tue-tête, des cris de bête et d'autres rires horribles, font des apparitions furtives puis disparaissent soudainement.
Mais où sommes-nous ?? Quel est cet endroit bizarre où l'heure du crime semble arriver à grand pas, pour finalement nous frôler simplement le visage ? Le cœur battant, on attend la suite ...

L'album se poursuit alors. Une voix de cowboy lance : <<Ladies and gentlemen, colors are dead, with the black crowes on your white skin.>> C'est ainsi que commence l'intro de "White Men In The Black" entraînante, avec de faux airs à la Ennio Morricone. Ce western étrange nous comble tout autant et nous montre que Jack The Ripper peut s'attaquer à n'importe quel genre musical. Il peut se fondre dans un registre jazzy avec ses pizzicati au violon dans "I Was Born A Cancer" (éloge amer de la cigarette), voire un soupçon gitan dans "The Apemen, The Bride & The Butterfly" dépaysant par sa pompe à la guitare.

Même si certains de ces morceaux sont joyeux en apparence, on retombe vite dans les méandres de cette démence qui sévit dans les quartiers mal fréquentés de Londres. Cet album est plus théâtral que les précédents, les décors sont nettement plus travaillés. Le violon hypnotiseur, psychédélique, et la trompette toujours prête à sonner le glas sont, sous leur apparence de seconds, rôles là pour rappeler qu'il est impossible de sortir indemne d'une rencontre avec monsieur l'Eventreur. De même pour ces voix sur "Old Stars" qui nous parviennent telles des voix de sirènes et nous aspirent dans les abysses de la Tamise. Sans parler de ce "Words" complètement déroutant !

Cet album est, en définitive, un excellent thriller.
La nouvelle descente aux enfers devrait prendre toute sa dimension sur scène ...


Très bon   16/20
par TiComo La Fuera


 Moyenne 18.63/20 

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Posté le 25 février 2006 à 21 h 55

Grosse claque à retardement puisque je découvre ce groupe avec ce troisième album.

Au menu, ambiances sombres, feutrées mais rythmées, avec un violon omniprésent (rappelant parfois un groupe comme Tarmac ou 16 Horsepower) mais également des trompettes, guitares et pianos pour un album très varié ou plusieurs styles musicaux se rencontrent, du jazz au rock, en passant par quelques ballades aux mélodies entêtantes que l'on jurerait avoir déjà entendu. 'Le talent de l'évidence' ou 'l'évidence du talent', comme vous voulez. Simple, beau, efficace...
La voix du chanteur n'échappe pas non plus à ce mélange des genres. Instrument a part entière, elle murmure, parle, chante, crie. Tantôt séduisante, tantôt inquiétante. Que l'on soit anglophone ou non, des images nous viennent à l'esprit, un film personnel dont la bande son est le Ladies First de Jack The Ripper.
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 01 mai 2006 à 15 h 10

En l'an de grâce 2005, Jack The Ripper nous revient enfin avec un troisième album. L'album en main (pour le fan primaire que je suis, le jour même de la sortie ), on se sent en terrain connu : la pochette toujours illustrée par Juarez Machado, le livret, et un rapide coup d'oeil sur les titres et les textes nous donnent un avant goût de ces ambiances feutrées et mélancolique...

'I hold my head in my hands and I don't know what to do...'

Puis commence enfin les premiers crissements de "From My Vein To The Sea", qui, comme "La Femelle Du Requin" avant lui, ouvre l'album sur une ballade calme et douce, pour petit à petit sombrer. La descente aboutit jusqu'à "Going Down", titre violent et salvateur, on imagine déjà le déchaînement live. Après ce morceau, le groupe oscillera entre morceaux résolument sombres"Old Stars" et ses incantations, Vargtimmen et d'autres faussement légers, séducteurs ("I Was Born A Cancer" qui susurre les marques de cigarette comme une invitation, "The Apemen, The bride And The Butterfly").
On sent que le groupe commence à se libérer de ses influences, sans pour autant les renier. Nick Cave est un peu plus discret. La production se veut plus travaillée, plus fournie, que ça soit dans les élans cuivrés de "White Men In Black" aux allures de western apocalyptique (c'est la première fois que le groupe utilise des choeurs), et la reprise d'un poème hongrois (en français), ou dans les échos de "Old Stars" et sa structure en trois parties où chaque mouvement répétés deux fois intensifie le sentiment de chute (une 'chute ascensionnelle' pourrait-on dire, ici on regarde vers les étoiles).
Et plus l'album avance, plus il sombre et affirme ses contours singuliers. "Aleister" et ses râles et murmures est sûrement le morceau le plus différent de ce que fait Jack The Ripper habituellement. Un morceau atmosphérique qui se déplie et se déroule sous nos pieds et nous plonge dans une ambiance oppressante aux accents new-wave. Fini la frénésie tzigane, les fumées nick caviennes du cabaret-rock et les contours sinueux d'un jazz tordu et efficace. On entre dans une autre sphère, faites d'échos de voix toutes différentes mais inclinées dans la même direction. Alors que dans les premiers albums, les contours des personnages étaient plus nets, la scène bien défini, ici, le groupe voit plus grand, la force du groupe et son originalité étant de réussir à créer une parfaite synthèse entre tous les styles évoquées précédemment. Cet album n'échappe pas à la règle mais elle réussit parfois le merveilleux tour de force de les faire oublier en brouillant les pistes : le cabaret résonne comme une ballade tzigane et le jazz se perd dans les méandres d'un cauchemar post-rock aux influences new-wave.
Aucun morceau ne veut se faire piéger par la structure simpliste couplet/refrain, la plupart se dessinant par plages successives, dans un seul mouvement et non comme des va et vient entre plusieurs mélodies. Il y a toujours des allers et venu mais elle s'applique toujours à détourner les éléments récurrents. Evidemment, ce principe n'est pas nouveau, même au sein du groupe (on peut penser à "Dogs Meet Wolf" ou "Escape") mais il est ici plus systématisé, tout en restant naturel, car il y a ici bien assez de folie et de violence pour qu'on ne mette pas en doute la spontanéité du groupe. Et surtout il est au service d'une cinématographie où chaque note dessine un personnage, il est au service d'une ambiance bien à "lui", ce monstre qui s'est baptisé "Jack The Ripper" et qui nous invite dans sa chambre macabre, nous séduit pour mieux nous trahir !
C'est ainsi que l'album se clôture magistralement par "Hush", qui commence comme tous les titres clôturant les albums du groupe, de manière calme : aussi lugubre que "Liberation", aussi touchant que "So". Une trompette discrète, les accords aigus d'un piano plaintif. Un silence. L'esprit repose puis oh surprise le morceau redémarre. "Tip tap tip tap, I can hear the bed move...". La voix se veut moins plaintive, elle se refuse de rester victime, et tout se veut plus pressant, la machine s'emballe, on est parfois à deux doigts de sombrer dans la cacophonie, la raison est poussée dans ses retranchements, on nous avait prévenu mais il est déjà trop tard, on en redemande encore !

Elle est bien là la beauté : rarement décadence de l'âme n'avait semblée si glamour, si bien habillée mais sans tomber dans le toc ni dans les paillettes, ici la beauté est charnelle, elle ment mais ne cherche pas à cacher son mensonge, on ne nous cache pas vraiment la vérité mais tout nous donne envie de croire. La vérité c'est cet esprit d'aujourd'hui aux voix d'un autre temps, perdu dans sa solitude, entouré de ses monstres. Le mensonge auquel on veut croire, ce sont cet autre temps, ce sont ces monstres bariolés qui dansent autour du feu et fument une cigarette dans un bateau, "Cancer" ou "Capricorn", je ne sais plus. De toute façon, les couleurs n'existent plus, et King Kong peut bien aller se faire voir !
Cet album est un livre ouvert sur un grand cirque qui n'a rien à envier à ses maîtres. Jack The Ripper n'a peut être pas encore fait l'album intemporel qui mettra définitivement tout le monde d'accord, il commence à peine à savourer son "indépendance", mais cet album-là ne devrait pas tarder à arriver !
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 08 mai 2006 à 19 h 19

Quelle douce joie d'écouter Jack The Ripper, que je découvre avec ce tout dernier album.
Les douces mélodies des guitares tantôt tziganes, tantôt aériennes sont accompagnées d'une voix torturée et d'une beauté troublante, tout au long de l'album l'influence littéraire de ce Jack se fait sentir, un gars ordinaire comme vous et moi, juste un peu plus psychopate que vous et moi, un gars ordinaire en pire comme le dit Arnaud Mazurel.
Ce n'est pas par hasard qu'après avoir goûté à tant de métal dans le ventre de leurs mères ou au sortir de l'école, que la famille Mazurel et ses amis se sont mis à jouer la musique qu'ils jouent aujourd'hui. Ce qu'ils font n'est qu'un travestissement de métal, a la sauce.
Les ambiances étouffantes et sombre nous glacent l'échine du dos.. la démence atteint son apogée dans "Goin' Down", où le clavier atteint par la folie, et la trompette ravageuse nous attaquent de percées presque free-jazz. La démence du petit Jack se poursuit sur le titre suivant "White Men In Black", tout est noir, rien ne peut s'affranchir de cette couleur maudite, des ambiances nous faisant rêver, plutôt aériennes et ressemblant a un western plutôt étrange s'installent au milieu de la chanson, mais la noirceur nous rejoint, la vase interne de la terre noircit a son tour.
Puis ensuite les ambiances festives tziganes prennent place, les cabarets victoriens enfumés se dévoilent sous nos yeux , faisant l'éloge de la cigarette dans "I Was Born In A Cancer".
La musique de Jack The Ripper est a la fois légère et réjouissante, et s'étire parfois dans des cauchemars post-rock ou des méandres jazzy, la voix prenant toute son ampleur dans la démence.
Cet album est vraiment réjouissant, et le voyage a travers une Europe Dadadienne et cultivée s'avère avoir été reposant.
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 10 avril 2007 à 13 h 14

J'ai découvert Jack The Ripper en achetant cet album, Ladies First...
Quelle surprise! Je connaissais un peu "I Was Born In A Cancer", et son ambiance de cabaret londonien mal famé mais quel bonheur d'écouter le reste de l'album !
Les premières notes de From My Veins To The Sea me déconcertent, l'arrivée mélodieuse du piano me réjouit. C'est parti pour une heure de bonheur à l'état pur. Jack The Ripper nous traîne dans une ambiance malsaine et sombre pendant toute la durée du cd, avec quelquefois des soubresauts d'humanité ou de lumière, noyés immédiatement dans la voix démoniaque du chanteur qui sublime les chansons et laisse une empreinte indélébile dans mon oreille de mélomane.
Jack The Ripper oscille entre tous les genres pour se créer son propre style, indéfinissable: le style Jack The Ripper ! L'éventreur nous attend, et nous savons bien qu'on ne sort pas indemne d'un voyage avec l'éventreur, mais nous nous pressons et entrons dans la ronde maladive de ce groupe aux mélodies tourmentées...

Comme nous, entrez dans la légende.
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 24 novembre 2007 à 12 h 59

Comme nombre d'entre vous, si je connais Jack The Ripper, c'est grâce à la scène. C'est effectivement à la sortie d'un live génial que je fais l'acquisition du troisième album des parisiens. J'ai nommé Ladies First. Une oeuvre bien construite, parfaitement produite et sublimement interprétée dans un anglais irréprochable.

"From My Veins To The Sea" et "I Used To Be A Prince Charming" ouvrent la marche nous entraînant dans un monde de mélodies douces et enivrantes non exempt d'une touche de mélancolie justement dosée. "Goin' Down", sa boucle parfaite et la voix d'outre tombe avec laquelle chante Arnaud Mazurel ne peuvent que charmer.
'Ladies and Gentlemen, colours are dead, put your black clothes on your white skin !' nous annonce-t-on dès le début du cauchemardesque "White Men In Black" qui se conclut sur la narration d'un poème Hongrois traduit en français, tout bonnement génial !
Vient ensuite "I Was Born A Cancer" : une merveille qui, sous des airs joyeux et éthérés, cache quelque chose de terriblement triste et fataliste. Il est vrai que peut-être, mes yeux de gamine de 13 ans, pleins d'admiration devant le personnage charismatique qu'incarne le chanteur de Jack The Ripper ne veulent pas se résigner à ça : 'I was born to die of cancer, no matter if I smoke' mais tout de même...
Et le pire reste à venir; "Old Stars" et sa mélodie sublimée par des paroles d'une poésie inouïe qui ont de quoi arracher une petite larme aux plus sensibles d'entre nous (autrement dit : les gens comme moi). Suivent : "Vargitimen" nous rappelant avec une certaine amertume que le temps passe, "The Apemen, The Bride And Butterfly" qui elle, nous emmène voir King Kong et Aleister, détonnant carrément de tout ce que l'on a pu voir, se montre plus planante et en même temps oppressante.
Arrive "Hungerstrike At The Supermarket" portée par violon, contrebasse et guitare, démontrant un certain malaise dans la société de consommation actuelle.
On entre ici dans un monde similaire à Nick Cave avec "Words", où Arnaud Mazurel prend le rôle de conteur dans une atmosphère assez chaotique.
L'album se clôt sur le sublime "Hush" d'une beauté incontournable.

Nous laissant convaincu que ce groupe, conciliant à merveille influences new-wave, tzigane et jazz ira loin... Ladies First est à écouter d'urgence !
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 11 janvier 2008 à 00 h 05

Bien plus qu'une phrase galante, Ladies First est le titre qu'il fallait à cet album. A moins que ça ne soit l'inverse: l'album qu'il fallait pour ce titre.

Chaque note, chaque mot, chaque pièce du puzzle est articulée autour du thème de la femme. Elle se décline ici sous toutes ses formes: la jeune fille en quête du grand amour, la mère, l'amante, la lune, les étoiles, la cigarette. Un objet de désir et de folie, féérique et tragique à la fois, contemplé et raconté par Jack The Ripper en personne.

Bien qu'incroyablement homogène, cette œuvre est soutenue par des influences musicales extrêmement diverses, entre ambiances "radioheadiennes", contines tziganes et cabaret allemand. Chaque instrument se dissimule parfaitement dans l'ombre du mystérieux Jack, héros maléfique tout aussi inquiétant et fragile que la voix d'Arnaud Mazurel qui l'habite (et qui prend toute son ampleur bestiale sur scène).

Pour mieux nous conter ses aventures, il agrémente son discours d'allusions faisant écho aux personnages féminins évoqués auparavant: Blanche Neige, Alice au Pays des Merveilles, Adam et Eve, quelques citations de Darwin, Pythagore, Hegel et même un poème hongrois, comme pour nous suggérer son lien avec un certain Dracula.

Ladies First est une pièce de théâtre charnelle, envoutante et atmosphérique, symbolisée par son final aux cris féminins à la fois suppliants et orgasmiques. Une œuvre à consommer sans modération.
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 13 octobre 2008 à 22 h 51

On rentre, d'abord à reculons. D'épaisses fumées de cigarette s'élèvent de tous les côtés. Le public de ce cabaret est bien hétéroclite, mais ça va du lord anglais au poivrot allemand, de l'accordéoniste parisien au mec louche avec ses lunettes, assis au fond. Le groupe est bon ce soir là : bonnes compos, un mixage particulièrement fin et le chanteur a une sacrée voix (on se demande comment il fait d'ailleurs, avec toutes ces fumées...). On pensait qu'on n'était pas là pour la musique, mais qu'on était là pour l'ambiance. Mais ici, l'ambiance, c'est la musique.
Du touchant "From My Veins To The Sea" avec sa construction très <<nouveau rock européen>> au délire jazzy "I Was Born A Cancer", on navigue dans les eaux inquiétantes, ambiguës de Ladies First. Mais pas de panique parce qu'aux commandes c'est Jack The Ripper, et que les mélodies remportent l'unanimité, les arrangements mettent tout le monde d'accord et l'album laisse chaque auditeur bouche bée, rassasié mais jamais vraiment repu.
Chaque écoute est une nouvelle pièce, chaque chanson un personnage. Ne manquez surtout pas la prochaine représentation d'un des plus beaux albums de la décennie.
Exceptionnel ! !   19/20







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