Après un dionysos tout foutraque (dommage), voilà qu'arrive sur la scène du Fort Saint-Père la rédemption par le rock, personnifiée par Jon Spencer et son Blues Explosion.

Plein centre de la scène, comme trop grande pour eux, une batterie, deux amplis et deux guitares qui commencent a noyer la foule sous un déluge de notes distordues et bordéliques.

Le batteur matraque ses fûts comme si sa vie en dépendait, le guitariste envoie ses rythmiques et ses riffs sans interruptions, et Jon Spencer se transforme en icône du rock qui tape, éructant dans son micro et alignant les déhanchés au mépris de la gravité et des clichés, il assume complètement de ne faire qu'un avec la musique du diable.

Les morceaux s'enchaînent quasiment sans interruption, les rythmes se saccadent, se brisent et repartent de plus belle. Le Blues Explosion joue une musique destructurée, allant au plus simple, alignant des phrases sans soucis du traditionnel couplet/refrain. Riffs saccadés, s'éteignant soudainement pour repartir furieusement, passages de blues reprises dans un rock alternatif survolté, rock explosif, hargneux, jouissif, sexuel, à fleur de peau.

Pendant une heure, c'est un rêve éveillé, on reste hébété devant le show fascinant de ces bêtes de scènes. Et puis on se réveille, avec l'idée fixe que le rock s'est trouvé un prophète de plus.

Quand je serai grand, je ferai Jon Spencer.