Tasseomancy

Ce disque est beau. Tout simplement. D'une beauté simple, immédiate.

Quand on dit soeurs jumelles qui font une musique "différente", on pense immédiatement aux frangines Casady de Coco Rosie. Fort heureusement, ça n'a rien à voir. Ici pas de petits jouets pas de beat box, pas de voix d'opérette ou de chatte qui minaude. Ici tout est dans la retenue et dans la volupté à la fois, une sorte de barbe à papa qu'on dégusterait par les oreilles.

Ce mélange de piano, de steel drum, les voix aériennes qui emplissent le spectre sonore à grand renfort de cordes en filigrane, une sorte de rêve éveillé, cotonneux comme ce moment entre le sommeil & le réveil, seul moment où Peter Pan & Clochette se retrouvent selon les dires de Mr Spielberg.

On pense à Kate Bush, à une Anna Von Hausswolf épurée, à Jasmine & Alladin sur le tapis volant qui ne survoleraient pas Agrabah mais plutôt les côtes Irlandaises ou les fjords Islandais. Le temps fait presque une pause tandis qu'on écoute ce Do Easy, les pulsations de "Claudine" comme des pas dans la neige, une douce léthargie s'empare de quiconque pose ce disque sur la platine, une envie de ne rien faire, de se laisser couler dans cet album, vivre l'instant présent presque passivement, avec pour seule attente celle du prochain titre, se faire bercer par les douces attaques de saxophone de "Missoula", par la douceur qui se dégage de ces onze titres.

Il faut trouver le moment idéal pour ce Do Easy, il n'est pas du tout conseiller de faire la vaisselle en même temps, ou même de nettoyer la caisse du chat. Il faut tout abandonner, oublier la perceuse du voisin et se fondre dans l'album, il n'en sera que meilleur.

Si Chelsea Wolfe est une image de l'enfer torturée, remplie de démons, de peur & de rage, Tasseomancy en est l'exacte opposé. La bande son parfaite de l'ascension du "Stairway to Heaven", accueilli tout en haut par le "Gentle Man", même si pour certains, le paradis est forcément sans vocoder. On peut pas tout avoir.