The Beatles
Rubber Soul |
Label :
Parlophone |
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Autant y aller franco : j'adore cet album, c'est un de mes chouchous, un trésor bien gardé, car lorsqu'il faut citer les Beatles , on se rend compte à quel point peu de gens, réellement, pensent à cet album en premier. Pourtant il est parfait.
On n'est pas encore à l'époque totalement loufoque et expérimentale, mais on n'est plus vraiment dans les "yeah yeah yeah" et les autres "I love you, you love me", certes sympatoche mais un peu puérils. Rubber Soul est en fait un album charnière dans leur carrière. Il clôt idéalement la première époque du groupe de Liverpool. Après celui-là, ce sera l'heure des innovations.
Ce que j'aime dans cet album, que j'écoute toujours avec le même plaisir, bien des années après, c'est son génie dans sa simplicité. En fait, derrière l'évidence des mélodies, toutes sublimes, c'est qu'il se cache dix milliards de subtilités, au bas mot.
Déjà, et ça s'entend sur "Drive My Car", les voix ont changé. Toujours des choeurs dédoublés, un effet choral des plus appréciables, mais c'est moins clair qu'avant. Ensuite, la structure des chansons a légèrement changé, il y a toujours un couplet et un refrain, bien évidemment, sauf que là, le refrain n'a souvent rien à voir avec le thème du couplet, et puis on ajoute des variations instrumentales d'un couplet à l'autre, sans compter les ponts, avec piano, clavier, basse ou petits solos, qui ne sont pas là pour le remplissage ("The Word"ou "Wait"). Les chansons gagnent en maturité, voire en tristesse. Ah ! La petite guitare à peine grattée sur "In My Life", une grande ballade ! Ou la plainte déchirante de "Girl", à la guitare sèche et aux cymbales fouettées par un balai, avec ce soupir déchirant et cette grande inspiration, comme pour contenir tous les regrets du monde. Même remarque pour "Michelle", grande chanson romantique comme eux seuls savaient en écrire.
La collaboration entre John et Paul était alors à son comble, on parlait vraiment d'écriture à deux, et le fait qu'il fallait se dépêcher pour sortir un album avant les fêtes de Noël alors qu'ils venaient déjà de sortir un immense album avec le précédent Help! n'a pas l'air de leur avoir posé problème. Déjà parce que d'une part, leur célébrité était telle qu'ils pouvaient se permettre d'avoir leur mot à dire dans les studios d'enregistrement, ensuite parce que le LSD commençait à faire ses effets sur John. Alors, avec un air de ne pas y toucher, ils s'attellent à écrire toutes les chansons, ce qui sera une première dans leur carrière.
Ils ajoutent des guitares folk (Dylan fut une grande influence, les Byrds aussi) comme sur "I'm Looking Through You", qui démarre traditionnellement mais s'énerve lors du refrain avec son orgue Hammond. Le piano prend plus de place sur "You Won't See Me", ainsi que les tambourins. Les paroles sont moins niaises et plus ésotériques, comme celles de "Nowhere Man", première chanson de l'histoire des Beatles qui ne parle pas d'amour, avec ces voix déformées par haut-parleur et son petit solo de George.
Chaque chanson est d'une grande cohérence par rapport aux autres, et il en ressort un grand album, moins fou-fou ou énergique que les précédents, mais bien plus réfléchi et mature, avec un son boisé et doucement électrique, qui fait chaud au cœur, rappelant ce que pouvait faire Donovan ou Simon & Garfunkel. Guitare sèche, tambourins, petit riff électrique, couplet engagé dans le chant, et on a le droit à un final "Run For Your Life" qui annonce toute la culture hippie et rebelle à venir.
La carrière des Beatles fut immense et il y a tellement de chefs d'oeuvre que cet album passe un peu inaperçu, c'est peut-être pour cela qu'il dégage autant de charme à mes yeux. Que les gens continuent à ne pas trop en parler, c'est tant mieux, cela transforme ces chansons en petits trésors à garder jalousement. Car pour le reste, il faut se résoudre à partager avec le reste de l'humanité.
Mais au moins, quand je pense aux Beatles, je pense bien évidemment tout d'abord à "I'm The Walrus" ou "Hey Jude", puis ensuite, je pense à "Norwegian Wood", cette adorable trouvaille, avec son sitar tout mignon (j'ai appris bien plus tard que c'était la première fois dans l'histoire du rock que cet instrument apparaissait et qu'il allait inspirer le fameux "Paint it Black" des Rolling Stones, dingue !), son intro sans batterie, sa guitare sèche au son rond, ses harmonies vocales teintées de nostalgie. Ah ! on s'imagine dans un chalet, au coin du feu, à boire du vin, comme John le suggère dans les paroles, et je me laisse aller à rêver loin... Et je le fais seul, avec ce mauvais caractère, de garder ça pour moi et de ne le révéler à personne, histoire de me dire, qu'au moins cet album des Beatles, il est pour moi, rien qu'à moi...
On n'est pas encore à l'époque totalement loufoque et expérimentale, mais on n'est plus vraiment dans les "yeah yeah yeah" et les autres "I love you, you love me", certes sympatoche mais un peu puérils. Rubber Soul est en fait un album charnière dans leur carrière. Il clôt idéalement la première époque du groupe de Liverpool. Après celui-là, ce sera l'heure des innovations.
Ce que j'aime dans cet album, que j'écoute toujours avec le même plaisir, bien des années après, c'est son génie dans sa simplicité. En fait, derrière l'évidence des mélodies, toutes sublimes, c'est qu'il se cache dix milliards de subtilités, au bas mot.
Déjà, et ça s'entend sur "Drive My Car", les voix ont changé. Toujours des choeurs dédoublés, un effet choral des plus appréciables, mais c'est moins clair qu'avant. Ensuite, la structure des chansons a légèrement changé, il y a toujours un couplet et un refrain, bien évidemment, sauf que là, le refrain n'a souvent rien à voir avec le thème du couplet, et puis on ajoute des variations instrumentales d'un couplet à l'autre, sans compter les ponts, avec piano, clavier, basse ou petits solos, qui ne sont pas là pour le remplissage ("The Word"ou "Wait"). Les chansons gagnent en maturité, voire en tristesse. Ah ! La petite guitare à peine grattée sur "In My Life", une grande ballade ! Ou la plainte déchirante de "Girl", à la guitare sèche et aux cymbales fouettées par un balai, avec ce soupir déchirant et cette grande inspiration, comme pour contenir tous les regrets du monde. Même remarque pour "Michelle", grande chanson romantique comme eux seuls savaient en écrire.
La collaboration entre John et Paul était alors à son comble, on parlait vraiment d'écriture à deux, et le fait qu'il fallait se dépêcher pour sortir un album avant les fêtes de Noël alors qu'ils venaient déjà de sortir un immense album avec le précédent Help! n'a pas l'air de leur avoir posé problème. Déjà parce que d'une part, leur célébrité était telle qu'ils pouvaient se permettre d'avoir leur mot à dire dans les studios d'enregistrement, ensuite parce que le LSD commençait à faire ses effets sur John. Alors, avec un air de ne pas y toucher, ils s'attellent à écrire toutes les chansons, ce qui sera une première dans leur carrière.
Ils ajoutent des guitares folk (Dylan fut une grande influence, les Byrds aussi) comme sur "I'm Looking Through You", qui démarre traditionnellement mais s'énerve lors du refrain avec son orgue Hammond. Le piano prend plus de place sur "You Won't See Me", ainsi que les tambourins. Les paroles sont moins niaises et plus ésotériques, comme celles de "Nowhere Man", première chanson de l'histoire des Beatles qui ne parle pas d'amour, avec ces voix déformées par haut-parleur et son petit solo de George.
Chaque chanson est d'une grande cohérence par rapport aux autres, et il en ressort un grand album, moins fou-fou ou énergique que les précédents, mais bien plus réfléchi et mature, avec un son boisé et doucement électrique, qui fait chaud au cœur, rappelant ce que pouvait faire Donovan ou Simon & Garfunkel. Guitare sèche, tambourins, petit riff électrique, couplet engagé dans le chant, et on a le droit à un final "Run For Your Life" qui annonce toute la culture hippie et rebelle à venir.
La carrière des Beatles fut immense et il y a tellement de chefs d'oeuvre que cet album passe un peu inaperçu, c'est peut-être pour cela qu'il dégage autant de charme à mes yeux. Que les gens continuent à ne pas trop en parler, c'est tant mieux, cela transforme ces chansons en petits trésors à garder jalousement. Car pour le reste, il faut se résoudre à partager avec le reste de l'humanité.
Mais au moins, quand je pense aux Beatles, je pense bien évidemment tout d'abord à "I'm The Walrus" ou "Hey Jude", puis ensuite, je pense à "Norwegian Wood", cette adorable trouvaille, avec son sitar tout mignon (j'ai appris bien plus tard que c'était la première fois dans l'histoire du rock que cet instrument apparaissait et qu'il allait inspirer le fameux "Paint it Black" des Rolling Stones, dingue !), son intro sans batterie, sa guitare sèche au son rond, ses harmonies vocales teintées de nostalgie. Ah ! on s'imagine dans un chalet, au coin du feu, à boire du vin, comme John le suggère dans les paroles, et je me laisse aller à rêver loin... Et je le fais seul, avec ce mauvais caractère, de garder ça pour moi et de ne le révéler à personne, histoire de me dire, qu'au moins cet album des Beatles, il est pour moi, rien qu'à moi...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Smashead |
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