Wesenwille
II : A Material God |
Label :
Les Acteurs De L'Ombre |
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L'expérience Wesenwille commence avec l'artwork : la photo "Wall Street" de Paul Strand (1890 - 1976), photographe et cinéaste américain. Sans faire dans l'analyse de comptoir, la question se pose : le metal est-il de droite ? Le satanisme moderne se cache-t-il dans les actions boursières ? Goldman Sachs est-elle la nouvelle Lucifer, la courbe du Dow Jones en guise de pentacle ? Je vous laisse à ces réflexions...
Avec son deuxième album, II : A Material God, le duo hollandais a probablement écrit l'une des plus belles pièces de black metal de cette année. A l'image de ses préoccupations textuelles (le capitalisme, l'industrialisation), Wesenwille propose huit pièces d'artillerie lourde que l'on pourrait hâtivement situer entre la puissance mécanique de The Amenta, l'Arkhon Infaustus de la période Orthodoxyn pour ce qui est du caractère massif des compositions et, enfin, la technicité de Deathspell Omega. Et à titre de comparaison plus récente, une tournée avec les Espagnols d'Aversio Humanitatis serait du meilleur effet.
Autant de références élogieuses, certes, mais qui ne devront pas occulter le fait que Wesenwille a une forte personnalité et un style de composition qui lui est foncièrement propre. Il faut dire que les musiciens D. Schermann (batterie) et R. Schmidt (guitare, chant) ont tout deux un solide passif et que cette expérience transparaît dans chacune des notes d'un album où rien n'a été négligé.
A commencer par la production : limpide, brillante et froide comme un morceau d'acier poli, sans échardes, c'est en écoutant ce genre de disque que l'on se rend compte à quel point le black metal est entré dans une nouvelle ère où les costumes sombres ont remplacé les war paint et les surfaces vitrées - bétonnées, les forêts enneigées.
Ensuite, il faut parler de la technique instrumentale des deux hommes. Outre le fait que le tempo est majoritairement rapide, avec néanmoins quelques ralentissements salvateurs ("Ritual", "Ruin"), c'est surtout la complexité des riffs et des structures qui étonne. Par exemple, un titre tel que "A Material God" contient des plans que l'on ne serait pas surpris d'entendre chez une formation de math-core : cassures nettes, dissonances, c'est à la fois surprenant et pourtant totalement à propos.
Enfin, il y la violence psychologique qui se dégage de ces cinquante minutes. Tantôt directe et frontale grâce aux rythmiques hachoirs, tantôt vicieuse pour bien laisser infuser la nocivité aux cours de passages plus lents mais qui, bien heureusement, ne s'inscrivent pas dans la mouvance "post". Car, oui, il est encore possible d'avoir des préoccupations et une esthétique moderne sans pour autant abâtardir sa musique, la forcer à des croisements louches.
Quelque part, Wesenwille a écrit une forme de synthèse de ce que peut être le black aujourd'hui : à la fois respectueux des codes du passé (vitesse, chant, noirceur) et résolument tourné vers l'avenir (production, textes et imagerie, technicité). De plus, un album qui débute et se conclut par deux titres aussi monstrueux que "The Descent" et "The Introversion of Sacrifice" ne peut que mériter les plus sincères louanges.
Décidément, en ajoutant ce groupe à son écurie, Les Acteurs de l'Ombre prouvent une nouvelle fois la sûreté de leurs goûts.
Avec son deuxième album, II : A Material God, le duo hollandais a probablement écrit l'une des plus belles pièces de black metal de cette année. A l'image de ses préoccupations textuelles (le capitalisme, l'industrialisation), Wesenwille propose huit pièces d'artillerie lourde que l'on pourrait hâtivement situer entre la puissance mécanique de The Amenta, l'Arkhon Infaustus de la période Orthodoxyn pour ce qui est du caractère massif des compositions et, enfin, la technicité de Deathspell Omega. Et à titre de comparaison plus récente, une tournée avec les Espagnols d'Aversio Humanitatis serait du meilleur effet.
Autant de références élogieuses, certes, mais qui ne devront pas occulter le fait que Wesenwille a une forte personnalité et un style de composition qui lui est foncièrement propre. Il faut dire que les musiciens D. Schermann (batterie) et R. Schmidt (guitare, chant) ont tout deux un solide passif et que cette expérience transparaît dans chacune des notes d'un album où rien n'a été négligé.
A commencer par la production : limpide, brillante et froide comme un morceau d'acier poli, sans échardes, c'est en écoutant ce genre de disque que l'on se rend compte à quel point le black metal est entré dans une nouvelle ère où les costumes sombres ont remplacé les war paint et les surfaces vitrées - bétonnées, les forêts enneigées.
Ensuite, il faut parler de la technique instrumentale des deux hommes. Outre le fait que le tempo est majoritairement rapide, avec néanmoins quelques ralentissements salvateurs ("Ritual", "Ruin"), c'est surtout la complexité des riffs et des structures qui étonne. Par exemple, un titre tel que "A Material God" contient des plans que l'on ne serait pas surpris d'entendre chez une formation de math-core : cassures nettes, dissonances, c'est à la fois surprenant et pourtant totalement à propos.
Enfin, il y la violence psychologique qui se dégage de ces cinquante minutes. Tantôt directe et frontale grâce aux rythmiques hachoirs, tantôt vicieuse pour bien laisser infuser la nocivité aux cours de passages plus lents mais qui, bien heureusement, ne s'inscrivent pas dans la mouvance "post". Car, oui, il est encore possible d'avoir des préoccupations et une esthétique moderne sans pour autant abâtardir sa musique, la forcer à des croisements louches.
Quelque part, Wesenwille a écrit une forme de synthèse de ce que peut être le black aujourd'hui : à la fois respectueux des codes du passé (vitesse, chant, noirceur) et résolument tourné vers l'avenir (production, textes et imagerie, technicité). De plus, un album qui débute et se conclut par deux titres aussi monstrueux que "The Descent" et "The Introversion of Sacrifice" ne peut que mériter les plus sincères louanges.
Décidément, en ajoutant ce groupe à son écurie, Les Acteurs de l'Ombre prouvent une nouvelle fois la sûreté de leurs goûts.
Excellent ! 18/20 | par Arno Vice |
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