Three Mile Pilot

Atmosphère étouffante au programme de cet album de Three Mile Pilot. Espaces sonores saturés de guitares, voix qui soliloquent, chacune dans son coin, et qui parfois se rejoignent par un heureux hasard qui n'en est pas.
Une tension terrible est palpable d'un bout à l'autre du disque, accentuée par des bruits indéfinissables et des cris contenus, des structures étonnantes, des variations auxquelles on ne s'attendrait pas forcément.
L'entrée en matière est excellente: "Shang Vs Hanger" donne le ton de l'album, commence tout en retenue pour déborder assez rapidement et se laisser submerger par ces voix prises entre rage et fragilité.
Autre sommet: "The Chief Assassin To The Sinister": morceau joué sur un piano qui peine à garder le rythme, avec, autour du piano, des percussions et des sons de guitare saturées et, par-dessus, des apparitions vocales.
Le vrai moment fort: "97-MT". Ce morceau commence et s'emballe très vite, accélère puis décélère, l'urgence à tous les coins, la folie qui toque à la porte et la panique au réveil, l'illumination: "Where are we now that the goat is dead?". Les mots collent aux murs de cette spirale. Quatre minutes à attendre que la nuit se change autre chose que le jour.

Seulement, tous les morceaux ne sont pas de ce niveau. Certains sont bons: "Circumcised". Certains sont pas mal: "X-Miner" ou "Chenjesu". D'autres tombent carrément à plat: "Androsyn Guardian". Les deux derniers titres sont moins convaicants parce que trop longs peut être, ou inaboutis, ou que le son si particulier de Three Mile Pilot irrite à force.

Sur la durée, l'album lasse donc un peu. Mais, quand même, les moments forts sont vraiment forts, et on y revient souvent pour exorciser dieu sait quel démon.