A première vue, avec Nouvel Air, beaucoup de choses ont changé chez Ulan Bator. Nouvel Air, c'est un petit peu la rencontre (improbable) d'Ulan Bator avec l'univers incomparable des Cocteau Twins. Preuve en est: l'homme qui se retrouve au mixage de cet album n'est autre que Robin Guthrie !
Si Ulan Bator n'était déjà plus que l'ombre de lui-même sur Ego : Echo (l'album précédent), ici, Ulan Bator est totalement méconnaissable ! Avec un effort affiché au niveau mélodique, les guitares sont maintenant devenues claires au possible et tentent d'instituer des atmosphères vaporeuses et énigmatiques... un peu comme chez les Cocteau Twins, oui. Rien ne permet à un quelconque moment de reconnaître le trio d'antan. La voix d'Amaury Cambuzat a définitivement fini par trouver sa place au sein de chacune des compositions du groupe. Est-ce un bien ? Pas sûr... Parfois proche du relief et de l'intensité de celle d'un Etienne Daho aphone, la voix de Cambuzat ne passionne malheureusement pas, tant sa platitude domine les morceaux.
Musicalement parlant, Ulan Bator nous livre incontestablement son oeuvre la moins bonne. Rares sont les moments où l'on se prend à rentrer avec envie dans cet univers calfeutré et édulcoré. Le son semble désormais extraordinairement appauvri et bien trop lisse. Ainsi "Réalité", "Terrorisme Erotique" ou "Nouvel Air" sont remarquables par leurs mélodies atmosphériques qui insufflent un ennui incroyable à cet album. Et lorsque Ulan Bator se décide à afficher un son plus "brut', les (désormais) Florentins nous proposent un "Atmosphère" à la production grossière et (presque) grotesque, ce qui ne sauve donc pas le morceau qui manquait déjà d'inspiration...
Bien triste évolution. Au début de sa carrière, Ulan Bator semblait avoir dix ans d'avance sur certains de ses contemporains. Maintenant ces dix années d'avance font désormais place à quinze ans de retard... En tous les cas, Nouvel Air est un album bien fade et terriblement anecdotique dans l'oeuvre discographique d'un groupe autrefois génial...