Xiu Xiu
The Air Force |
Label :
5 Rue Christine |
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Xiu Xiu démontre une nouvelle fois la soif de productivité de Jamie Stewart.
Après une série de splits et de collaborations (voir à ce sujet celle avec Parenthetical Girls), Xiu Xiu revient donc avec son album annuel ; le cinquième en autant d'années d'existence.
C'est Greg Saunier de Deerhoof qui est aux commandes de la production.
Le titre de cette nouvelle plaque (The Air Force) et la pochette symbolisant le socialiste chilien Allende tragiquement cloné en Christ, sont un clin d'œil désabusé au capitalisme et à la politique en général. La date de sortie toute proche d'un 11 septembre n'est d'ailleurs pas anodine. Ceci dit, artistiquement, l'emballage de la nouvelle palette proposée par Jamie Stewart est loin d'être fabuleux, et certainement pas alléchant. Qu'importe.
The Air Force ressemble un peu à la démarche d'un Radiohead avec son Amnesiac : un espace de jeu et d'expérimentations, une pièce à part qui ne s'apparente pas véritablement à un nouvel album, mais dont le résultat –sans prétention- est une fois encore éloquent. Jamie Stewart n'a donc pas abusé de sa force de création au détriment de l'inspiration artistique, et tant mieux.
C'est un "Buzz Saw" plutôt inquiétant qui ouvre le bal avant de laisser la première perle majeure du cercle phonique (Boy Soprano) s'épanouir. Bionique et entêtant, dépressif et jouissif, ce dernier lance donc le premier des trois assauts électroniques de The Air Force dans l'air. Ensuite, "Hello From Eau Claire" est porté par la voix de Caralee McElroy, une première dans l'histoire de Xiu Xiu. Sans être époustouflante, cette dernière emmène avec simplicité la formation vers sa seconde perle cybernétique: Vulture Piano.
Plus électronique encore que "Boy Soprano" et surtout plus rythmique tout en balançant une ligne de cordes soigneusement inspirées, ce "Vulture Piano" s'étire tout au long d'une course nostalgique. Après ce deuxième gros choc blessant, arrive un "PJ In The Streets Of London" au parfum particulier ; il y a quelque chose dans la voix de Jamie Stewart de touchant et profond, presque inexplicable. D'ailleurs, vocalement, ce dernier n'a peut-être jamais été aussi performant que sur ce disque. "Bishop CA" n'a certainement pas la prétention d'être le meilleur titre de Xiu Xiu, mais il déborde d'audace artistique et de confusions bruitistes. Un must expérimental.
La petite ballade funeste "Watermelon Vs. The Pineapple" nous emmène alors au troisième assaut supersonique : "Save Me". Assez proche d'un "I Luv The Valley" mais plus profond et abouti, "Save Me" a tout pour être le nouveau single imparablement "stewartien". C'est l'intéressant "The Fox & The Rabbit" qui ouvrira la porte de sortie au titre final "Wig Master".
The Air Force ne modifiera pas le point de vue des détracteurs de Xiu Xiu.
Il pourrait même -dans un premier temps- décevoir ses adorateurs en se plaçant en-dessous des autres armes discographiques du groupe. En tout cas, la force aérienne de ce disque le propulse finalement facilement au-delà de A Promise et de Fabulous Muscles. The Air Force : décollage et atterrissage tardifs pour un voyage finalement surprenant.
Après une série de splits et de collaborations (voir à ce sujet celle avec Parenthetical Girls), Xiu Xiu revient donc avec son album annuel ; le cinquième en autant d'années d'existence.
C'est Greg Saunier de Deerhoof qui est aux commandes de la production.
Le titre de cette nouvelle plaque (The Air Force) et la pochette symbolisant le socialiste chilien Allende tragiquement cloné en Christ, sont un clin d'œil désabusé au capitalisme et à la politique en général. La date de sortie toute proche d'un 11 septembre n'est d'ailleurs pas anodine. Ceci dit, artistiquement, l'emballage de la nouvelle palette proposée par Jamie Stewart est loin d'être fabuleux, et certainement pas alléchant. Qu'importe.
The Air Force ressemble un peu à la démarche d'un Radiohead avec son Amnesiac : un espace de jeu et d'expérimentations, une pièce à part qui ne s'apparente pas véritablement à un nouvel album, mais dont le résultat –sans prétention- est une fois encore éloquent. Jamie Stewart n'a donc pas abusé de sa force de création au détriment de l'inspiration artistique, et tant mieux.
C'est un "Buzz Saw" plutôt inquiétant qui ouvre le bal avant de laisser la première perle majeure du cercle phonique (Boy Soprano) s'épanouir. Bionique et entêtant, dépressif et jouissif, ce dernier lance donc le premier des trois assauts électroniques de The Air Force dans l'air. Ensuite, "Hello From Eau Claire" est porté par la voix de Caralee McElroy, une première dans l'histoire de Xiu Xiu. Sans être époustouflante, cette dernière emmène avec simplicité la formation vers sa seconde perle cybernétique: Vulture Piano.
Plus électronique encore que "Boy Soprano" et surtout plus rythmique tout en balançant une ligne de cordes soigneusement inspirées, ce "Vulture Piano" s'étire tout au long d'une course nostalgique. Après ce deuxième gros choc blessant, arrive un "PJ In The Streets Of London" au parfum particulier ; il y a quelque chose dans la voix de Jamie Stewart de touchant et profond, presque inexplicable. D'ailleurs, vocalement, ce dernier n'a peut-être jamais été aussi performant que sur ce disque. "Bishop CA" n'a certainement pas la prétention d'être le meilleur titre de Xiu Xiu, mais il déborde d'audace artistique et de confusions bruitistes. Un must expérimental.
La petite ballade funeste "Watermelon Vs. The Pineapple" nous emmène alors au troisième assaut supersonique : "Save Me". Assez proche d'un "I Luv The Valley" mais plus profond et abouti, "Save Me" a tout pour être le nouveau single imparablement "stewartien". C'est l'intéressant "The Fox & The Rabbit" qui ouvrira la porte de sortie au titre final "Wig Master".
The Air Force ne modifiera pas le point de vue des détracteurs de Xiu Xiu.
Il pourrait même -dans un premier temps- décevoir ses adorateurs en se plaçant en-dessous des autres armes discographiques du groupe. En tout cas, la force aérienne de ce disque le propulse finalement facilement au-delà de A Promise et de Fabulous Muscles. The Air Force : décollage et atterrissage tardifs pour un voyage finalement surprenant.
Parfait 17/20 | par X_Cosmonaut |
Posté le 22 juillet 2008 à 05 h 01 |
Cinquième chapitre de l'œuvre insolite de Jamie Stewart (leader et chanteur du groupe), The Air Force révèle un aspect plus mélodique et accessible par rapport aux arrangements quelques peu cinglés de post-punk habituels. Le type aurait-il finalement délaissé sa névrose qu'il caresse depuis ses débuts? Pas vraiment!
Si la facture se fait plus minimaliste et cohérente, les textes n'en demeurent pas moins assujettis à un fatalisme amoureux étouffant, avare d'espoir. Moins noisy et brutal, The Air Force se laisse apprivoisé sans trop de heurts, comme si Stewart avait été abandonné devant ses consoles et claviers avec une camisole de force. Les ambiances tordues sont toujours présentes mais plus lissées, les structures moins abruptes mais plus mélancoliques, les envies de roulette russe, tenues en laisse. Ce contrôle bien relatif de ses états d'âme lui permet maintenant de livrer ses contes détraqués sous un cachet plus électro/pop que jamais.
Plus posé et léché que Fabulous Muscles et moins écorché que La Forêt, The Air Force pourrait bien être le meilleur album de Xiu Xiu à ce jour, à tout le moins celui qui est le mieux dosé. Mais comme tout bon album du groupe, il s'adresse aux oreilles masochistes seulement...
Si la facture se fait plus minimaliste et cohérente, les textes n'en demeurent pas moins assujettis à un fatalisme amoureux étouffant, avare d'espoir. Moins noisy et brutal, The Air Force se laisse apprivoisé sans trop de heurts, comme si Stewart avait été abandonné devant ses consoles et claviers avec une camisole de force. Les ambiances tordues sont toujours présentes mais plus lissées, les structures moins abruptes mais plus mélancoliques, les envies de roulette russe, tenues en laisse. Ce contrôle bien relatif de ses états d'âme lui permet maintenant de livrer ses contes détraqués sous un cachet plus électro/pop que jamais.
Plus posé et léché que Fabulous Muscles et moins écorché que La Forêt, The Air Force pourrait bien être le meilleur album de Xiu Xiu à ce jour, à tout le moins celui qui est le mieux dosé. Mais comme tout bon album du groupe, il s'adresse aux oreilles masochistes seulement...
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