Shellac
Excellent Italian Greyhound |
Label :
Touch And Go |
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Exercice périlleux et difficile que la chronique de ce quatrième album studio de Shellac. En effet, tout comme un Godspeed ! You Black Emperor ou autre groupe sortant du triptyque traditionnel enregistrement-promo-tournée, Shellac sort des disques sans fréquence (7 ans depuis le précédent) et a déjà joué une grosse partie des titres sur scène à maintes reprises. Il est alors assez décevant dans un premier temps de ne découvrir que 3 titres sur 9, les 6 autres étant joués en live depuis au moins 4 ans, disponibles en Peel Sessions, en Dvd ("Steady As She Goes" dans la série Burn To Shine)... Il faut donc oublier tout ça et essayer de voir le disque en tant qu'oeuvre à part entière, et non simplement comme un 'nouvel album sans véritables inédits' de Shellac.
Cette mise au point faite, on tient peut être là le meilleur opus du groupe depuis At Action Park, sans concession, ouvrant de nouvelles portes, et chose importante pour ce groupe au statut si particulier, rassurant les fans de la bonne santé du trio.
Ce qui frappe d'ailleurs le plus sur ce Excellent Italian Greyhound c'est cette notion de trio, Shellac s'extirpe encore plus que d'habitudes du cliché 'groupe de Steve Albini', Trainer et Weston se faisant remarquer plus que Albini au fil des titres. Dès "The End Of Radio", ouverture grandiose et flippante, Albini déclame son texte tout en retenue, alors que Weston balance une ligne de basse ultra hypnotique, et Trainer se lance dans des parties free rock de batterie... 8 minutes de tension incroyable. Une réussite totale.
Derrière le groupe enchaine avec deux titres plus classiques, mais vraiment excellents, l'efficacce "Steady As She Goes" ainsi que "Be Prepared" et son faux faux-départ. Grosse surprise en quatrième plage avec "Elephant", titre qui fait penser à Fugazi période Argument (sûrement le seul groupe comparable à Shellac), sorte de balade hard-core douce-amer, chanté mélancoliquement par Weston... Sur le milieu du titre, avec Albini parlant le texte derrière lui, il se retrouve à quasi cappela avec la batterie de Trainer, qui finit à marteler seule, avant que le groupe au complet ne le rejoigne pour finir violemment le titre.
Arrive ensuite le titre qui pause le plus de problème "Genuine Lulabelle", qui rappelle un peu ce que Shellac avait fait avec le EP The Futurist : durant 9 minutes, il alterne partie instrumentale, dialogue de film, et paroles accerbes de Albini, à capella une partie du titre. Autant le dire tout de suite, ce morceau mérite beacoup d'attention et peut franchement rebuter ou exalter, peut paraitre prétentieux ou audacieux. Une écoute à niveau sonore élévé le placera, ouf, dans la deuxième catégorie. Par contre le mettre à ce moment de l'album etait un risque, il casse quand même un peu la dynamique du disque, mais on reconnait bien là l'envie du groupe de ne pas aller toujours dans le sens de l'auditeur.
La reprise se fait en douceur avec le court instrumental mélodique "Kitty Pants", sonnant comme ce que pourrait être une reprise des morceaux courts de Mogwai par Shellac. Weston reprend le micro pour le rageur et anticapitaliste "Boycott", titre que l'on peut rapprocher dans la forme et l'esprit au "Five Corporations" de Fugazi (et oui, encore eux). La huitième plage "Paco" est une merveille, Shellac inventant avec cet instrumental prenant et culoté le 'post-Shellac', mettant une bonne claque à beaucoup de groupes instrumentaux au passage. L'album se clôture sur une bourrinerie hardcore bête et méchante mais terriblement jouissive du nom de "Spoke".
Malgré sa courte durée (42 minutes) et comme on le disait plus haut son manque de titres vraiments inedits, Excellent Italian Greyhound remporte la mise en présentant toutes les facettes de Shellac, sans cherche à singer les albums précédents. On espère qu'il ne faudra pas attendre 7 ans pour le prochain !
Cette mise au point faite, on tient peut être là le meilleur opus du groupe depuis At Action Park, sans concession, ouvrant de nouvelles portes, et chose importante pour ce groupe au statut si particulier, rassurant les fans de la bonne santé du trio.
Ce qui frappe d'ailleurs le plus sur ce Excellent Italian Greyhound c'est cette notion de trio, Shellac s'extirpe encore plus que d'habitudes du cliché 'groupe de Steve Albini', Trainer et Weston se faisant remarquer plus que Albini au fil des titres. Dès "The End Of Radio", ouverture grandiose et flippante, Albini déclame son texte tout en retenue, alors que Weston balance une ligne de basse ultra hypnotique, et Trainer se lance dans des parties free rock de batterie... 8 minutes de tension incroyable. Une réussite totale.
Derrière le groupe enchaine avec deux titres plus classiques, mais vraiment excellents, l'efficacce "Steady As She Goes" ainsi que "Be Prepared" et son faux faux-départ. Grosse surprise en quatrième plage avec "Elephant", titre qui fait penser à Fugazi période Argument (sûrement le seul groupe comparable à Shellac), sorte de balade hard-core douce-amer, chanté mélancoliquement par Weston... Sur le milieu du titre, avec Albini parlant le texte derrière lui, il se retrouve à quasi cappela avec la batterie de Trainer, qui finit à marteler seule, avant que le groupe au complet ne le rejoigne pour finir violemment le titre.
Arrive ensuite le titre qui pause le plus de problème "Genuine Lulabelle", qui rappelle un peu ce que Shellac avait fait avec le EP The Futurist : durant 9 minutes, il alterne partie instrumentale, dialogue de film, et paroles accerbes de Albini, à capella une partie du titre. Autant le dire tout de suite, ce morceau mérite beacoup d'attention et peut franchement rebuter ou exalter, peut paraitre prétentieux ou audacieux. Une écoute à niveau sonore élévé le placera, ouf, dans la deuxième catégorie. Par contre le mettre à ce moment de l'album etait un risque, il casse quand même un peu la dynamique du disque, mais on reconnait bien là l'envie du groupe de ne pas aller toujours dans le sens de l'auditeur.
La reprise se fait en douceur avec le court instrumental mélodique "Kitty Pants", sonnant comme ce que pourrait être une reprise des morceaux courts de Mogwai par Shellac. Weston reprend le micro pour le rageur et anticapitaliste "Boycott", titre que l'on peut rapprocher dans la forme et l'esprit au "Five Corporations" de Fugazi (et oui, encore eux). La huitième plage "Paco" est une merveille, Shellac inventant avec cet instrumental prenant et culoté le 'post-Shellac', mettant une bonne claque à beaucoup de groupes instrumentaux au passage. L'album se clôture sur une bourrinerie hardcore bête et méchante mais terriblement jouissive du nom de "Spoke".
Malgré sa courte durée (42 minutes) et comme on le disait plus haut son manque de titres vraiments inedits, Excellent Italian Greyhound remporte la mise en présentant toutes les facettes de Shellac, sans cherche à singer les albums précédents. On espère qu'il ne faudra pas attendre 7 ans pour le prochain !
Excellent ! 18/20 | par X_Elmo |
La version vinyle contient aussi le CD de l'album.
Posté le 10 mars 2008 à 22 h 28 |
Lorsque l'on parle de Shellac, le nom de Steve Albini, le grand Steve Albini pour rester modeste, vient tout de suite. Cet homme est comme qui dirait un monument de la musique rock indépendante. C'est un ingénieur du son des plus redoutables, mais aussi un journaliste musical et pour finir un guitariste dont le jeu est reconnaissable entre mille. En tant qu'ingénieur du son Sir Albini est un phénomène, il a enregistré In Utero, le meilleur album de Nirvana en ce qui me concerne. Plus récemment il a mis en boîte le dernier Neurosis, Given To The Rising, un grand album de postcore. Pour vous faire une liste loin d'être exhaustive il a enregistré du Slint, des Pixies, plusieurs albums des Jesus Lizard, Meantime d'Helmet, du Mogwai ainsi que du Don Caballero, du Low et enfin du Godspeed You Black Emperor!. Autant dire que l'on n'a pas affaire au dernier des blaireaux lorsqu'on s'attarde sur le cas Shellac.
Ce dernier album de Shellac, enregistré par Steve Albini bien évidemment, tourne depuis quelques temps lors de leurs concerts. En effet, Excellent Italian Greyhound sort après avoir été joué en live depuis presque 4 ans. Mais qu'est-ce que c'est bon. Dès les premières notes on reconnaît le son à la Albini et surtout on reconnaît le son des albums de Shellac qui sonnent assez différemment des productions de l'américain. La basse est largement mise en avant ainsi que la batterie. La guitare de Steve Albini se pose un peu en retrait pour mieux exploser dans les passages plus énergiques ou plus mélodieux. "The End Of Radio" qui débute l'album est tout simplement un chef d'oeuvre de tension et de retenue. La basse écrase la même note en boucle et la batterie se déchaîne dans un beat totalement déstructuré. La voix d'Albini est rageuse, imposante et très habillement posée tout au long de cette première chanson qui donne tout de suite le ton de l'album, une pièce rageuse au son irréprochable, une fois de plus Mister Albini est passé par là. La guitare dans ce titre donne de l'air de temps en temps à l'ensemble et permet à l'auditeur de retrouver quelques repères propres à Shellac. On ne pourra pas s'empêcher de penser à "Didn't We Deserve A Look At You The Way You Really Are" qui ouvre le deuxième album des chicagoans Terraform à l'écoute de l'ouverture de ce nouvel opus. L'autre partie de l'album se tourne plus vers 1000 Hurts, les chansons sont plus courtes et les mélodies plus facilement accessibles comme sur "Be Prepared" et "Elephant" et sa phrase magnifiquement utopique "Repeat A Lie That Makes It True". Le deuxième titre "Steady As She Goes" ressemble plus au Shellac énervé et groovy. Albini s'en donne à coeur joie et chante toujours aussi faux comme il sait si bien le faire mais on ne s'en lasse jamais ! Le petit point faible vient au cinquième titre de l'album, "Genuine Lullabelle", une sorte d'interlude de 9 minutes faites d'alternance entre dialogue de film, parties instrumentales et commentaires de Steve Albini. Mais depuis quand Shellac ne titille pas un peu l'auditeur dans ses albums. "Kittypants" reprend de plus belle après cette interlude qui n'en est pas vraiment une. C'est un titre instrumental basé sur une mélodie de guitare, un des seuls morceaux basé sur la guitare. Vient au tour de "Paco" de nous chatouiller l'oreille. Le morceau le mieux réussi de l'album en ce qui me concerne. C'est un autre morceau instrumental mais pas uniquement basé sur la guitare. Les instruments semblent se répondre et se complètent à merveille. Steve Albini nous gratifie d'une mélodie magnifique dans ce titre faisant preuve d'une maîtrise frisant l'insolence. "Spoke" referme Excellent Italian Greyhound par un grand moment de rock n'roll comme on en entend rarement notamment en cette époque de rock n'roll attitude désespérément stérile dans le milieu du Mouv' et compagnie. Alors que Kaiser Chiefs, Kings Of Leon et je ne sais quelle bouse viennent prendre leur claque et par la même occasion une grande leçon de rock, du vrai.
Ce nouvel album du gang de Chicago confirme le statut de Shellac et nous montre encore une fois que Steve Albini reste un des maîtres de la musique indépendante, un joli fuck off aux majors.
Ce dernier album de Shellac, enregistré par Steve Albini bien évidemment, tourne depuis quelques temps lors de leurs concerts. En effet, Excellent Italian Greyhound sort après avoir été joué en live depuis presque 4 ans. Mais qu'est-ce que c'est bon. Dès les premières notes on reconnaît le son à la Albini et surtout on reconnaît le son des albums de Shellac qui sonnent assez différemment des productions de l'américain. La basse est largement mise en avant ainsi que la batterie. La guitare de Steve Albini se pose un peu en retrait pour mieux exploser dans les passages plus énergiques ou plus mélodieux. "The End Of Radio" qui débute l'album est tout simplement un chef d'oeuvre de tension et de retenue. La basse écrase la même note en boucle et la batterie se déchaîne dans un beat totalement déstructuré. La voix d'Albini est rageuse, imposante et très habillement posée tout au long de cette première chanson qui donne tout de suite le ton de l'album, une pièce rageuse au son irréprochable, une fois de plus Mister Albini est passé par là. La guitare dans ce titre donne de l'air de temps en temps à l'ensemble et permet à l'auditeur de retrouver quelques repères propres à Shellac. On ne pourra pas s'empêcher de penser à "Didn't We Deserve A Look At You The Way You Really Are" qui ouvre le deuxième album des chicagoans Terraform à l'écoute de l'ouverture de ce nouvel opus. L'autre partie de l'album se tourne plus vers 1000 Hurts, les chansons sont plus courtes et les mélodies plus facilement accessibles comme sur "Be Prepared" et "Elephant" et sa phrase magnifiquement utopique "Repeat A Lie That Makes It True". Le deuxième titre "Steady As She Goes" ressemble plus au Shellac énervé et groovy. Albini s'en donne à coeur joie et chante toujours aussi faux comme il sait si bien le faire mais on ne s'en lasse jamais ! Le petit point faible vient au cinquième titre de l'album, "Genuine Lullabelle", une sorte d'interlude de 9 minutes faites d'alternance entre dialogue de film, parties instrumentales et commentaires de Steve Albini. Mais depuis quand Shellac ne titille pas un peu l'auditeur dans ses albums. "Kittypants" reprend de plus belle après cette interlude qui n'en est pas vraiment une. C'est un titre instrumental basé sur une mélodie de guitare, un des seuls morceaux basé sur la guitare. Vient au tour de "Paco" de nous chatouiller l'oreille. Le morceau le mieux réussi de l'album en ce qui me concerne. C'est un autre morceau instrumental mais pas uniquement basé sur la guitare. Les instruments semblent se répondre et se complètent à merveille. Steve Albini nous gratifie d'une mélodie magnifique dans ce titre faisant preuve d'une maîtrise frisant l'insolence. "Spoke" referme Excellent Italian Greyhound par un grand moment de rock n'roll comme on en entend rarement notamment en cette époque de rock n'roll attitude désespérément stérile dans le milieu du Mouv' et compagnie. Alors que Kaiser Chiefs, Kings Of Leon et je ne sais quelle bouse viennent prendre leur claque et par la même occasion une grande leçon de rock, du vrai.
Ce nouvel album du gang de Chicago confirme le statut de Shellac et nous montre encore une fois que Steve Albini reste un des maîtres de la musique indépendante, un joli fuck off aux majors.
Excellent ! 18/20
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