The Black Angels

Le premier EP reste toujours symbolique dans la carrière d'un groupe. On a quelques chansons sous le coude, on rêve de rentrer en studio, mais l'on se précipite souvent sur la première occasion qui se présente pour sortir un disque généralement bâclé et bien différent de celui qu'on aurait voulu. Mais parfois on réalise spontanément une merveille, qui attire d'abord l'attention de quelques rares curieux puis qui deviendra par la suite la référence du groupe.
Il est pour l'heure difficile de situer ce Black Angels EP car la formation est encore récente mais l'on note quand même que 3 des 4 titres qui le composent figureront sur leur premier album qui paraîtra seulement 6 mois plus tard. Est-ce bon signe?

Définir le son des Black Angels est assez simple car la musique des Texans s'écoule dans les sillons d'un rock californien drainé depuis quelques lieues par un Brian Jonestown Massace ou par des Dandy Wharols débutants; immergée dans un rock psyché et chavirée par quelques ricochets de pop noisy. Une musique puisée à la source du Velvet, abreuvée à la fontaine de Jesus & Mary Chain et délayée dans un torrent de Spacemen 3. On aurait là de quoi se noyer sur un long périple mais cet EP tient le cap en nous proposant un court voyage en apnée, en évitant les habituelles interminables vagues de guitares qui ne savent pas où accoster et finissent par s'échouer on ne sait où avant de toucher le fond.
Ici seul le pourtant sympathique "Winter '68" semble anecdotique, "Black Grease", "Manipulation" et "The First Vietnamese War" (qui sortira d'ailleurs en single au Royaume Uni l'année suivante) sont fort efficaces et figurent même parmi les meilleures chansons de l'album Passover. Le groupe aurait-il déjà tout donné sur ce très bon premier EP ?
Espérons que non...