The Black Angels
Directions To See A Ghost |
Label :
Light In The Attic |
||||
C'est un roc, c'est un pic, c'est un cap, c'est le second opus des Black Angels !
Le combo d'Austin nous revient investi d'une nouvelle quête, nous guider vers un spectre... L'épopée revêt des formes multiples, elle se veut plus onirique que précédemment, parsemée d'embûches, basculant d'une force occulte et oppressante à des accès de lumière "flower-power" avec "Doves" ou "18 Years". La pochette de l'album est une fois encore métaphorique, l'ectoplasme recherché se cache au fond d'un trou noir (ou rouge, en l'occurrence) et les rayonnements alentours forment la trajectoire dans laquelle on va inexorablement s'égarer...
"You On The Run" ouvre la brèche, il réside dans ce morceau une rage contenue annonciatrice de la frénésie ambiante de Directions To See A Ghost. L'identité psychédélique des Black Angels demeure intacte mais cet album se répand dans des méandres crépusculaires, colorés et ethniques qui n'apparaissaient pas auparavant. Une fois rassérené par "Doves", la puissance tribale de "Science Killer" s'avère déroutante et enivrante et atteint des sommets de sensualité grâce à sa rythmique torride.
Ce second opus constitue manifestement une nouvelle expérience sensorielle incontrôlable. On reste sur des charbons ardents avec l'impétueux "Mission District". L'aspérité de ce dernier laisse place à un "18 Years" pacifique et psychédélique à souhait.
Exit la drone machine, d'ailleurs Jennifer Raines a quitté le groupe. On laisse désormais la part belle au clavier et au sitar sur "Deer-Ree-Shee". Avec ce titre ainsi que "Never/ Ever", la structure de l'album prend des allures déliquescentes, qui sait où nous amène vraiment ce voyage ésotérique ? La prise de risque est remarquable, là où les accents orientaux auraient pu virer au ridicule, les Black Angels en font un atout à la fois original et cohérent.
L'ire déchaînée de "Never/Ever" évoque "The End" par moments, on y trouve en même temps de petites bulles : des sonorités propres aux 13th Floor Elevators, la référence du psychédélisme venue d'Austin, elle aussi.
"Vikings" laisse ensuite planer le doute avant de remonter d'un cran avec "You In Color". Quant à "The Return" avec lequel on retrouve le guitariste Christian Bland au chant, il s'agit d'un bel hommage au héros de ce dernier : Syd Barrett, dont on sent l'ombre planer tout le titre durant.
"Snake In The Grass" marque la dernière étape de l'odyssée, et quelle étape ! Tentaculaire, on se perd définitivement dans les radiations et distorsions compulsives de ce morceau dont l'image mentale la plus emblématique est sans doute Le Cri de Munch...
Un album épique, flamboyant et aphrodisiaque, digne suite de l'excellentissime Passover, Directions To See A Ghost abreuve de sensations exacerbées et déverse une lie dévorante et addictive.
Thank heaven For The Black Angels !
Le combo d'Austin nous revient investi d'une nouvelle quête, nous guider vers un spectre... L'épopée revêt des formes multiples, elle se veut plus onirique que précédemment, parsemée d'embûches, basculant d'une force occulte et oppressante à des accès de lumière "flower-power" avec "Doves" ou "18 Years". La pochette de l'album est une fois encore métaphorique, l'ectoplasme recherché se cache au fond d'un trou noir (ou rouge, en l'occurrence) et les rayonnements alentours forment la trajectoire dans laquelle on va inexorablement s'égarer...
"You On The Run" ouvre la brèche, il réside dans ce morceau une rage contenue annonciatrice de la frénésie ambiante de Directions To See A Ghost. L'identité psychédélique des Black Angels demeure intacte mais cet album se répand dans des méandres crépusculaires, colorés et ethniques qui n'apparaissaient pas auparavant. Une fois rassérené par "Doves", la puissance tribale de "Science Killer" s'avère déroutante et enivrante et atteint des sommets de sensualité grâce à sa rythmique torride.
Ce second opus constitue manifestement une nouvelle expérience sensorielle incontrôlable. On reste sur des charbons ardents avec l'impétueux "Mission District". L'aspérité de ce dernier laisse place à un "18 Years" pacifique et psychédélique à souhait.
Exit la drone machine, d'ailleurs Jennifer Raines a quitté le groupe. On laisse désormais la part belle au clavier et au sitar sur "Deer-Ree-Shee". Avec ce titre ainsi que "Never/ Ever", la structure de l'album prend des allures déliquescentes, qui sait où nous amène vraiment ce voyage ésotérique ? La prise de risque est remarquable, là où les accents orientaux auraient pu virer au ridicule, les Black Angels en font un atout à la fois original et cohérent.
L'ire déchaînée de "Never/Ever" évoque "The End" par moments, on y trouve en même temps de petites bulles : des sonorités propres aux 13th Floor Elevators, la référence du psychédélisme venue d'Austin, elle aussi.
"Vikings" laisse ensuite planer le doute avant de remonter d'un cran avec "You In Color". Quant à "The Return" avec lequel on retrouve le guitariste Christian Bland au chant, il s'agit d'un bel hommage au héros de ce dernier : Syd Barrett, dont on sent l'ombre planer tout le titre durant.
"Snake In The Grass" marque la dernière étape de l'odyssée, et quelle étape ! Tentaculaire, on se perd définitivement dans les radiations et distorsions compulsives de ce morceau dont l'image mentale la plus emblématique est sans doute Le Cri de Munch...
Un album épique, flamboyant et aphrodisiaque, digne suite de l'excellentissime Passover, Directions To See A Ghost abreuve de sensations exacerbées et déverse une lie dévorante et addictive.
Thank heaven For The Black Angels !
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Lady Godiva |
Posté le 08 mai 2008 à 19 h 05 |
Année 2008. Le père du LSD vient de s'éteindre et on se remémore les évènements de Mai 68 avec difficulté dans des débats houleux sur fond de compiles sixties. Mais une seule chose est sûre : le psychédélisme a su résister aux affres du temps. Et les Black Angels sont le meilleur exemple de son évolution.
En effet, ils reviennent avec un nouvel album de 11 pistes dont la jaquette contraste totalement avec Passover et nous met directement dans l'humeur du moment. Les couleurs sont enfin apparues, et avec elles c'est un véritable changement qui s'est opéré dans le son des Texans.
Alors oui, ce Directions To See A Ghost conserve la même identité apparente et est difficile d'accès aux premières écoutes, ressemblant un peu trop aux anciennes compositions au premier abord, mais il se révèle beaucoup plus riche en différentes textures et en détails variés au fur et à mesure. De même, ce sont les sonorités qui s'enrichissent. Exit la drone machine spectrale et la basse assommante, bienvenue dans un psychédélisme enflammé et animal où le synthé est lumineux et les influences orientales prennent toute leur place ("Never/Ever").
C'est notamment le cas avec "Deer-Ree-Shee" dont l'utilisation du sitar rappelle les connexions multiples avec les sixties. Et si cette influence avait permis au groupe de façonner des tubes en puissance avec des structures classiques et efficaces sur le précédent album, on a ici affaire à l'envie de créer une oeuvre plus profonde et complexe dans laquelle les morceaux seraient des déclinaisons d'un même thème et d'une même approche des choses, à l'instar du fameux Sgt. Pepper des scarabées. De quoi susciter du mystère... et aussi un peu d'angoisse ("Science Killer", "18 Years").
Les nouvelles chansons, pourtant écrites en majorité au même moment que Passover, se révélent effectivement drôlement explosives et tonitruantes. Et elles s'étendent, prennent le temps de s'affirmer, comme si l'urgence passée avait laissé place à une envie d'en profiter au maximum et d'amadouer l'auditeur. Les paroles restent rageuses et le chant incisif, mais l'ambiance est toute autre. Ce n'est pas un album introspectif et la noirceur oppressante a laissé place à l'énergie et l'efficacité de riffs corrosifs. Christian Bland intensifie son jeu de guitare et complexifie ses structures. On discerne ici et là le fantôme d'un Syd Barrett, voire d'un Arthur Lee, qui flotteraient au-dessus de cet album ensorcelant et doux-amer.
Car le ton est toujours maussade et désenchanté, mais les mélodies s'esquissent progressivement et se font plus généreuses et douces pour l'auditeur. Peut-être pour mieux le happer. En même temps, les cassures et les effets en tous genres anesthésient l'esprit et transforment continuellement les chansons, juste assez pour que la fulgurance de la guitare et la batterie tribale ("Vikings") réveillent un grand coup et nous transportent dans un rêve éveillé dont la beauté rivalise avec la violence. Une sorte de trip montant avec des perceptions d'un univers évanescent et changeant.
De l'instinctivité des Stooges à la folie du Pink Floyd des débuts, les Black Angels connaissent leurs classiques et savent s'inspirer d'une époque révolue. Et ce n'est pas un hasard si certaines compositions évoquent fortement les fameux et flamboyants "Interstellar Overdrive" et "Astronomy Domine" (dont les réminiscences se trouvent dans "You In Color" et "Mission District") qui ont fait la grandeur du Floyd originel.
Mais les Black Angels ne se réinventent pas vraiment, ils affirment leur maîtrise, enrichissent leurs créations, leurs font exprimer une autre facette de leur personnalité. Celle d'un soleil brûlant et hypnotisant qui rend fous ceux qui restent trop longtemps à le contempler (d'où une pochette focalisée sur un Dieu-soleil entouré de spirales mystiques, à moins que cela soit la pupille orangée et dilatée d'un allumé ?). Et la fin de l'album l'emporte forcément sur un esprit sain : "The Return" et "Snake In The Grass" (16 minutes de déondulations reptiliennes) grondent, menacent, finissent de nous achever.
Un album rugueux, consistant et terriblement jouissif et addictif une fois tombé dedans. Une expérience intense. Vous reprendrez bien un petit buvard ?
En effet, ils reviennent avec un nouvel album de 11 pistes dont la jaquette contraste totalement avec Passover et nous met directement dans l'humeur du moment. Les couleurs sont enfin apparues, et avec elles c'est un véritable changement qui s'est opéré dans le son des Texans.
Alors oui, ce Directions To See A Ghost conserve la même identité apparente et est difficile d'accès aux premières écoutes, ressemblant un peu trop aux anciennes compositions au premier abord, mais il se révèle beaucoup plus riche en différentes textures et en détails variés au fur et à mesure. De même, ce sont les sonorités qui s'enrichissent. Exit la drone machine spectrale et la basse assommante, bienvenue dans un psychédélisme enflammé et animal où le synthé est lumineux et les influences orientales prennent toute leur place ("Never/Ever").
C'est notamment le cas avec "Deer-Ree-Shee" dont l'utilisation du sitar rappelle les connexions multiples avec les sixties. Et si cette influence avait permis au groupe de façonner des tubes en puissance avec des structures classiques et efficaces sur le précédent album, on a ici affaire à l'envie de créer une oeuvre plus profonde et complexe dans laquelle les morceaux seraient des déclinaisons d'un même thème et d'une même approche des choses, à l'instar du fameux Sgt. Pepper des scarabées. De quoi susciter du mystère... et aussi un peu d'angoisse ("Science Killer", "18 Years").
Les nouvelles chansons, pourtant écrites en majorité au même moment que Passover, se révélent effectivement drôlement explosives et tonitruantes. Et elles s'étendent, prennent le temps de s'affirmer, comme si l'urgence passée avait laissé place à une envie d'en profiter au maximum et d'amadouer l'auditeur. Les paroles restent rageuses et le chant incisif, mais l'ambiance est toute autre. Ce n'est pas un album introspectif et la noirceur oppressante a laissé place à l'énergie et l'efficacité de riffs corrosifs. Christian Bland intensifie son jeu de guitare et complexifie ses structures. On discerne ici et là le fantôme d'un Syd Barrett, voire d'un Arthur Lee, qui flotteraient au-dessus de cet album ensorcelant et doux-amer.
Car le ton est toujours maussade et désenchanté, mais les mélodies s'esquissent progressivement et se font plus généreuses et douces pour l'auditeur. Peut-être pour mieux le happer. En même temps, les cassures et les effets en tous genres anesthésient l'esprit et transforment continuellement les chansons, juste assez pour que la fulgurance de la guitare et la batterie tribale ("Vikings") réveillent un grand coup et nous transportent dans un rêve éveillé dont la beauté rivalise avec la violence. Une sorte de trip montant avec des perceptions d'un univers évanescent et changeant.
De l'instinctivité des Stooges à la folie du Pink Floyd des débuts, les Black Angels connaissent leurs classiques et savent s'inspirer d'une époque révolue. Et ce n'est pas un hasard si certaines compositions évoquent fortement les fameux et flamboyants "Interstellar Overdrive" et "Astronomy Domine" (dont les réminiscences se trouvent dans "You In Color" et "Mission District") qui ont fait la grandeur du Floyd originel.
Mais les Black Angels ne se réinventent pas vraiment, ils affirment leur maîtrise, enrichissent leurs créations, leurs font exprimer une autre facette de leur personnalité. Celle d'un soleil brûlant et hypnotisant qui rend fous ceux qui restent trop longtemps à le contempler (d'où une pochette focalisée sur un Dieu-soleil entouré de spirales mystiques, à moins que cela soit la pupille orangée et dilatée d'un allumé ?). Et la fin de l'album l'emporte forcément sur un esprit sain : "The Return" et "Snake In The Grass" (16 minutes de déondulations reptiliennes) grondent, menacent, finissent de nous achever.
Un album rugueux, consistant et terriblement jouissif et addictif une fois tombé dedans. Une expérience intense. Vous reprendrez bien un petit buvard ?
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 21 décembre 2008 à 16 h 54 |
Ils sont arrivés en France l'an passé avec un premier album vieux d'un an. Leur nom était une référence un peu trop directe au Velvet Underground, le "Black Angel Of Death", morceau inaudible pour ma part mais forcement génial puisqu'il est sur le disque à la banane. Leur musique était d'une sobre et sombre classe, le chant sévère, Passover très bon, ne volant pas ses influences. Les fans de rock psychédelique n'allait pas attendre longtemps pour avoir un deuxième aperçu des talents des Black Angels puisque Directions To See A Ghost sortait au printemps 2008. Passé l'effet de surprise, allaient ils confirmer ? Là était la question.
Aux lignes brisées et au noir et blanc de la première pochette succède les courbes rouges et vertes hallucinogènes, ce qui ne donne pas un disque plus chaud pour autant. Au contraire Directions To See A Ghost amène les Texans plus loin sur la route du désenchantement. Les morceaux sont encore ralentis et rallongés, le chant se rappoche du lugubre. Si bien que tout le monde a sorti le nom de Joy Division du tiroir où sont rangés les influences faciles à placer. Ce qui recoupe le seul reproche que je ferais au groupe: après un excellent début, il pousse un peu trop loin la sinistrose et par moment elle fait vraiment artificielle, j'ai l'impression qu'ils en font un peu trop. Le côté Velvet se travaille, celui Joy Division, c'est plus dur. Et puis il y a la sitar intersellaire de Deer-Ree-Shee alors qu'on avait déjà noté des sonorités orientales sur le premier "You On The Run". Et puis il y a "Never/Ever". Le groupe a par le passé beaucoup mentionné les guerres d'Irak et du Vietnam. Ici, ils passent à l'étape suivante, un hélicoptère se pose dans le désert et le morceau prend au final des allures de "The End". Quand un réalisateur tournera le Apocalypse Now irakien, est ce qu'il choisira ce titre pour un final dramatique et décadent dans le palais de Saddam Hussein ravagé par les bombardement ? J'en étais presque à accuser les Black Angels d'un mélange de suffisance et de manoeuvre calculée quand je me rends compte qu'ils sont bel et bien passés dans la strate supérieure. Que l'atmosphère, toujours aussi grave, est maintenant hantée, sûrement par le guerrier indien revenu parmi les vivants, celui qui se trouve au centre de l'artwork. Que tout format classique a été abandonné pour des titres qui s'installent puis ensorcellent l'auditeur pour le sortir de l'espace temps (carrément).
Directions To See A Ghost n'est pas accueillant. Il faut forcer ses premières réticences puis ensuite se laisser porter dans les méandres acides jusqu'à la fin des seize minutes de "Snake In The Grass", de son lent flot qui charrie grincements, cris et voix étouffées.
Aux lignes brisées et au noir et blanc de la première pochette succède les courbes rouges et vertes hallucinogènes, ce qui ne donne pas un disque plus chaud pour autant. Au contraire Directions To See A Ghost amène les Texans plus loin sur la route du désenchantement. Les morceaux sont encore ralentis et rallongés, le chant se rappoche du lugubre. Si bien que tout le monde a sorti le nom de Joy Division du tiroir où sont rangés les influences faciles à placer. Ce qui recoupe le seul reproche que je ferais au groupe: après un excellent début, il pousse un peu trop loin la sinistrose et par moment elle fait vraiment artificielle, j'ai l'impression qu'ils en font un peu trop. Le côté Velvet se travaille, celui Joy Division, c'est plus dur. Et puis il y a la sitar intersellaire de Deer-Ree-Shee alors qu'on avait déjà noté des sonorités orientales sur le premier "You On The Run". Et puis il y a "Never/Ever". Le groupe a par le passé beaucoup mentionné les guerres d'Irak et du Vietnam. Ici, ils passent à l'étape suivante, un hélicoptère se pose dans le désert et le morceau prend au final des allures de "The End". Quand un réalisateur tournera le Apocalypse Now irakien, est ce qu'il choisira ce titre pour un final dramatique et décadent dans le palais de Saddam Hussein ravagé par les bombardement ? J'en étais presque à accuser les Black Angels d'un mélange de suffisance et de manoeuvre calculée quand je me rends compte qu'ils sont bel et bien passés dans la strate supérieure. Que l'atmosphère, toujours aussi grave, est maintenant hantée, sûrement par le guerrier indien revenu parmi les vivants, celui qui se trouve au centre de l'artwork. Que tout format classique a été abandonné pour des titres qui s'installent puis ensorcellent l'auditeur pour le sortir de l'espace temps (carrément).
Directions To See A Ghost n'est pas accueillant. Il faut forcer ses premières réticences puis ensuite se laisser porter dans les méandres acides jusqu'à la fin des seize minutes de "Snake In The Grass", de son lent flot qui charrie grincements, cris et voix étouffées.
Parfait 17/20
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