The Mabuses
Mabused! |
Label :
Magpie |
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Pour qui est habitué au premier album – culte – de The Mabuses, l'écoute de ce nouvel opus peut déconcerter. On est bien loin du post-punk teinté de psychédélisme et de surréalisme des débuts – du moins pour le premier de ces termes. On comprend vite qu'on a affaire à une œuvre tout aussi bariolée et personnelle, mais bien plus lumineuse, détendue, légère, éclectique. Et encore plus ancrée dans les sixties chères au leader Kim Fahy. C'est que justement ce dernier n'est plus seul (il se chargeait au départ de presque tout le travail). Au cours des longues années séparant la sortie du second album en 1994 (passé totalement inaperçu) et ce nouvel opus, l'inspiration de notre homme s'est nourrie et enrichie de très nombreuses rencontres. Cet Anglais francophile et francophone a le goût des voyages, du cosmopolitisme, du métissage, des aventures humaines qui se transforment en autant d'aventures artistiques. L'album a d'ailleurs été enregistré entre Londres, New York, Paris (Kim Fahy vit entre ces trois métropoles) et Los Angeles.
Mabused! peut alors sembler forcément aux antipodes du premier album, même si un fond commun se laisse entrevoir (on trouve même sur la pochette un clin d'œil au premier opus) : la forme a changé, le fond beaucoup moins. Kim Fahy a mûri. Sa musique s'en trouve peut-être moins spontanée et fait mouche moins immédiatement, mais elle est sans doute encore plus riche et aboutie. Il faut vraiment plusieurs écoutes attentives pour apprécier – aux deux sens du terme – les fruits généreux de cette évolution personnelle et artistique. Mais une fois plongé dans cet univers multicolore, on n'a pas tellement envie d'en ressortir de sitôt.
Dans le fond mais pas dans la forme (ou l'inverse ?), Mabused! peut évoquer le classique et bien nommé Kaleidoscope de Siouxsie And The Banshees, groupe qui aura durablement influencé le travail de Kim Fahy. On y retrouve la multiplicité de facettes explorées d'un morceau à l'autre. Autant de territoires défrichés, d'invitations au voyage et à la rêverie. Le rapprochement est d'autant moins hasardeux que John Valentine Caruthers (sous le pseudonyme de Les Cargo), guitariste de Siouxsie And The Banshees entre 1985 et 1987 et ami de longue date, a intégré le groupe, signant certaines compositions et jouant de la guitare mais aussi de la basse, de la batterie et des claviers – soit les mêmes instruments que son acolyte, qui reste bien entendu le leader et chanteur et signe tous les textes.
Bien d'autres participants sont présents sur cet album, sur un morceau ou quelques uns : Lucien (aka JP) Nataf (les Innocents), autre complice, à la guitare acoustique ; Donna Mc Kevitt (Miranda Sex Garden, groupe auquel Kim Fahy avait participé) à la viole, etc. Avec en sus un orchestre (dirigé notamment par Caruthers) comprenant divers cuivres, cordes, etc. Inutile de préciser que cet ensemble de collaborateurs apporte un supplément d'âme, une envergure supérieure à l'album.
On peut trouver sur cet album, comme en ouvrant un coffre au trésor, deux sublimes ballades qui sonnent comme des classiques intemporels aux arpèges acoustiques chatoyants : "Destination" et, surtout, "Sugarland" (composé par Nataf). Mais bien d'autres joyaux, comme pas moins qu'une incursion dans les Tropiques revisitées de Cuba ("Havana"). On croise aussi quelques titres qui sonnent comme des musiques de films imaginaires (comme "Garden Devils"), qui laissent la place à l'imagination et la féerie. Ou encore des gâteries pop assez irrésistibles ("Dark Star") et autres réminescences du psychédélisme ("Byayaba").
Si les bases post-punk ne sont plus guère perceptibles sur Mabused! (encore que "Russian Roulette" porte le même titre qu'un vieux morceau de The Lords Of The New Church), le terreau sixties, Beatles et Pink Floyd (période Syd Barrett) en tête, l'est en revanche encore bien davantage. Le charme opère plus lentement, plus subtilement, que pour le premier album, mais tout aussi puissamment.
Pour Kim Fahy, musique et textes ne vont pas l'un sans l'autre ; mais également l'image ne va pas sans la musique, et vice-versa. Cette complémentarité esthétique se reflète beaucoup plus qu'auparavant sur cet album : le packaging, le livret, sont tout bonnement superbes et accompagnent idéalement la musique. L'aspect visuel est autant travaillé que les tessitures sonores où rien n'est laissé au hasard.
Il serait dommage de se priver d'un tel travail d'orfèvre(s), aboutissement d'une longue maturation, album en trompe-l'œil, aussi énigmatique que le leader de The Mabuses, œuvre totale à écouter en boucle.
Mabused! peut alors sembler forcément aux antipodes du premier album, même si un fond commun se laisse entrevoir (on trouve même sur la pochette un clin d'œil au premier opus) : la forme a changé, le fond beaucoup moins. Kim Fahy a mûri. Sa musique s'en trouve peut-être moins spontanée et fait mouche moins immédiatement, mais elle est sans doute encore plus riche et aboutie. Il faut vraiment plusieurs écoutes attentives pour apprécier – aux deux sens du terme – les fruits généreux de cette évolution personnelle et artistique. Mais une fois plongé dans cet univers multicolore, on n'a pas tellement envie d'en ressortir de sitôt.
Dans le fond mais pas dans la forme (ou l'inverse ?), Mabused! peut évoquer le classique et bien nommé Kaleidoscope de Siouxsie And The Banshees, groupe qui aura durablement influencé le travail de Kim Fahy. On y retrouve la multiplicité de facettes explorées d'un morceau à l'autre. Autant de territoires défrichés, d'invitations au voyage et à la rêverie. Le rapprochement est d'autant moins hasardeux que John Valentine Caruthers (sous le pseudonyme de Les Cargo), guitariste de Siouxsie And The Banshees entre 1985 et 1987 et ami de longue date, a intégré le groupe, signant certaines compositions et jouant de la guitare mais aussi de la basse, de la batterie et des claviers – soit les mêmes instruments que son acolyte, qui reste bien entendu le leader et chanteur et signe tous les textes.
Bien d'autres participants sont présents sur cet album, sur un morceau ou quelques uns : Lucien (aka JP) Nataf (les Innocents), autre complice, à la guitare acoustique ; Donna Mc Kevitt (Miranda Sex Garden, groupe auquel Kim Fahy avait participé) à la viole, etc. Avec en sus un orchestre (dirigé notamment par Caruthers) comprenant divers cuivres, cordes, etc. Inutile de préciser que cet ensemble de collaborateurs apporte un supplément d'âme, une envergure supérieure à l'album.
On peut trouver sur cet album, comme en ouvrant un coffre au trésor, deux sublimes ballades qui sonnent comme des classiques intemporels aux arpèges acoustiques chatoyants : "Destination" et, surtout, "Sugarland" (composé par Nataf). Mais bien d'autres joyaux, comme pas moins qu'une incursion dans les Tropiques revisitées de Cuba ("Havana"). On croise aussi quelques titres qui sonnent comme des musiques de films imaginaires (comme "Garden Devils"), qui laissent la place à l'imagination et la féerie. Ou encore des gâteries pop assez irrésistibles ("Dark Star") et autres réminescences du psychédélisme ("Byayaba").
Si les bases post-punk ne sont plus guère perceptibles sur Mabused! (encore que "Russian Roulette" porte le même titre qu'un vieux morceau de The Lords Of The New Church), le terreau sixties, Beatles et Pink Floyd (période Syd Barrett) en tête, l'est en revanche encore bien davantage. Le charme opère plus lentement, plus subtilement, que pour le premier album, mais tout aussi puissamment.
Pour Kim Fahy, musique et textes ne vont pas l'un sans l'autre ; mais également l'image ne va pas sans la musique, et vice-versa. Cette complémentarité esthétique se reflète beaucoup plus qu'auparavant sur cet album : le packaging, le livret, sont tout bonnement superbes et accompagnent idéalement la musique. L'aspect visuel est autant travaillé que les tessitures sonores où rien n'est laissé au hasard.
Il serait dommage de se priver d'un tel travail d'orfèvre(s), aboutissement d'une longue maturation, album en trompe-l'œil, aussi énigmatique que le leader de The Mabuses, œuvre totale à écouter en boucle.
Excellent ! 18/20 | par Gaylord |
Sortie originale le 18 septembre 2007
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