Alain Bashung
Roulette Russe |
Label :
Philips |
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Dernière limite pour le Bashung, il se frappe ses 32 balais et c'est plus tout jeune pour faire le mariole, ça fait 13 années et sa galère attaque le Fa#, il est près du sol, presque KO. Une dizaine de 45 tours derrière lui et un album qu'il ne peut pas encadrer, c'est la crise. Alors comme il a rencontré un parolier sous-titré en la personne du Boris et que le bonheur c'est simple comme un coup de fil, l'histoire démarre là. Et s'accélère soudainement quelques mois plus tard avec la sortie en 45 du GA-"à quoi ça sert la frite si t'as pas les moules..."-BY qui va squatter les France-Inter, les bals, les supermarchés, les soirées du Club Med', le teppaz de ma cousine Gisèle...
En 1980, le 2ème pressage inclura le tube, lors que dans la version originale c'est dans le frigo qui s'y colle pour quelques milliards de nuit, mais entre le vrai diamant, le bijou de haute facture ou l'extraordinaire ligne blanche toujours, qu'il est parti pour suivre pendant quelques temps, on aura compris: le talent c'est du travail. Et même si le mec, là, avec ce carton plein qu'est "Gaby", il est persuadé qu'il n'a plus personne pour lui faire du mal, qu'il est prêt a signer où ils voudront, il signera mais faudra lui expliquer, son but est clair: arriver au poteau toujours bien coiffé. Il y arrivera mais va y laisser des plumes, il n'a pas bien lu le scénario.
Bon, derrière y'a pas encore les bonshommes qu'il faut, on ne sait d'ailleurs qui joue quoi ici, des limandes de studio qui font leur boulot, plutôt bien d'ailleurs voir le balancement de la basse sur le premier titre bien capiteux, ces petites guitares bien placées, ces flats de batterie étonnants, on a tendance à oublier là que le bonhomme nous écrit l'évangile selon Saint-Alain, et que là-dedans rien de défraîchi pas plus qu'un Let It Bleed des Stones, mais putain faites l'effort d'écouter ce millésime planqué dans la cave, vieilli en fût de chaines. Même lorsqu'on essaiera de faire de lui un jojo new-wave, il va imposera sa figure d'indien borderline. Il nous invite à le suivre et nous confit que ce n'est pas facile d'être de nulle part, comment avec une attitude pareille ne pas finir comme un petit suisse qu'on balance dans un sac plastique. C'est là-dessus que toute sa carrière va se jouer. Jetez un œil à ce "Guru" bien lourd, comme un Neil Young en filigrane, si vous n'êtes pas ébloui, 30 ans après, vu la pauvreté de nos chanteurs d'ambiance, c'est que vous vous êtes mis à l'eau.
Premier véritable album du monsieur où les jeux de mots laids qui vont envahir plus tard toute la cour de récré comme de la mauvaise herbe ne sont pas encore de mise ici, pas de poésie surréaliste aux images qui se regardent, cette roulette ruse pas mal, avec ces titres "scènes de la vie ordinaire" mi-figue mi-raison, des textes pas normaux, des refrains malades, des comptines qui puent, un grand rocker vient de naître.
Ecriture à 20 doigts donc, le début d'une collaboration avec Bergman mais aussi toute une suite de faiseurs de mots, lui, il s'occupe des musiques qu'il bricole depuis toujours sur son petit multi-pistes et, avec ces deux lascars au commande, c'est sûr que dès le début qu'y'a un robinet qui couine, mais regardez la pochette où il semble dire à la meuf endormie: "Putain ce que t'as été belle quand tu te mettais à genoux ...". Alors, je rend ma copie, même si elle ne rentrera pas, immortelle, dans les annales, je la trouve exceptionnelle comme cette rondelle d'ailleurs.
Disque d'Or en 1982 (soit 100 000 exemplaires certifiés)...
PS : Grande, grande année cette fin des seventies dans notre beau pays entre Les Années 80 Commencent du Jonasz et le Pouvoirs de Lavilliers.
En 1980, le 2ème pressage inclura le tube, lors que dans la version originale c'est dans le frigo qui s'y colle pour quelques milliards de nuit, mais entre le vrai diamant, le bijou de haute facture ou l'extraordinaire ligne blanche toujours, qu'il est parti pour suivre pendant quelques temps, on aura compris: le talent c'est du travail. Et même si le mec, là, avec ce carton plein qu'est "Gaby", il est persuadé qu'il n'a plus personne pour lui faire du mal, qu'il est prêt a signer où ils voudront, il signera mais faudra lui expliquer, son but est clair: arriver au poteau toujours bien coiffé. Il y arrivera mais va y laisser des plumes, il n'a pas bien lu le scénario.
Bon, derrière y'a pas encore les bonshommes qu'il faut, on ne sait d'ailleurs qui joue quoi ici, des limandes de studio qui font leur boulot, plutôt bien d'ailleurs voir le balancement de la basse sur le premier titre bien capiteux, ces petites guitares bien placées, ces flats de batterie étonnants, on a tendance à oublier là que le bonhomme nous écrit l'évangile selon Saint-Alain, et que là-dedans rien de défraîchi pas plus qu'un Let It Bleed des Stones, mais putain faites l'effort d'écouter ce millésime planqué dans la cave, vieilli en fût de chaines. Même lorsqu'on essaiera de faire de lui un jojo new-wave, il va imposera sa figure d'indien borderline. Il nous invite à le suivre et nous confit que ce n'est pas facile d'être de nulle part, comment avec une attitude pareille ne pas finir comme un petit suisse qu'on balance dans un sac plastique. C'est là-dessus que toute sa carrière va se jouer. Jetez un œil à ce "Guru" bien lourd, comme un Neil Young en filigrane, si vous n'êtes pas ébloui, 30 ans après, vu la pauvreté de nos chanteurs d'ambiance, c'est que vous vous êtes mis à l'eau.
Premier véritable album du monsieur où les jeux de mots laids qui vont envahir plus tard toute la cour de récré comme de la mauvaise herbe ne sont pas encore de mise ici, pas de poésie surréaliste aux images qui se regardent, cette roulette ruse pas mal, avec ces titres "scènes de la vie ordinaire" mi-figue mi-raison, des textes pas normaux, des refrains malades, des comptines qui puent, un grand rocker vient de naître.
Ecriture à 20 doigts donc, le début d'une collaboration avec Bergman mais aussi toute une suite de faiseurs de mots, lui, il s'occupe des musiques qu'il bricole depuis toujours sur son petit multi-pistes et, avec ces deux lascars au commande, c'est sûr que dès le début qu'y'a un robinet qui couine, mais regardez la pochette où il semble dire à la meuf endormie: "Putain ce que t'as été belle quand tu te mettais à genoux ...". Alors, je rend ma copie, même si elle ne rentrera pas, immortelle, dans les annales, je la trouve exceptionnelle comme cette rondelle d'ailleurs.
Disque d'Or en 1982 (soit 100 000 exemplaires certifiés)...
PS : Grande, grande année cette fin des seventies dans notre beau pays entre Les Années 80 Commencent du Jonasz et le Pouvoirs de Lavilliers.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Raoul vigil |
Posté le 29 septembre 2010 à 19 h 34 |
Quoi quoi (dans mes fesses) ??? Que vois je? Que lis Je? Le (Raoul) vigile de service aurait il mal fait son boulot? 19/20 exceptionnel pour Roulette Russe? Exception faite que je puisse coller 69/10 à Chatterton, je ne peux laisser passer ca. De manière générale, a quelques chansons près, tout Bashung pré Play Blessures est aujourd'hui relativement inaudible.
L'album navigue constamment entre deux eaux, le pendant variétoche (le mauvais coté) et le blues rock qui convient déjà mieux au gars Baroungue! Des histoires bien glauques de dépression et d'amour ratés écrite en association avec Tardieu et Bergman. Ce dernier semble avoir trouvé son inspiration dans l'almanach Vermot tant certain calembours semble bien rance. Guru tu est mon fuhrer de vivre, ca sonne comme un titre de film d'Émile Couzinet avec Jean Lefevre. Les quelques fulgurances imparables que sont "Station Service" ou le "Je Fume Pour Oublier Que Tu Bois" gainsbourgien au possible ne peuvent faire oublier les ratages totals que sont "Pas Question Que Je Perde Le Feeling" ou "Ya Un Yéti". Strictement inénarrable.
Dans la même période en France on avait Taxi girl, Marquis de Sade, Kas Product, j'en passe et des aussi bons. C'est nettement plus excitant car comme le dit si bien Bashung j'ai pas trouvé le dernier Kraftewerk. C'est dommage ca aurait peut être fait un album plus réussi.
L'album navigue constamment entre deux eaux, le pendant variétoche (le mauvais coté) et le blues rock qui convient déjà mieux au gars Baroungue! Des histoires bien glauques de dépression et d'amour ratés écrite en association avec Tardieu et Bergman. Ce dernier semble avoir trouvé son inspiration dans l'almanach Vermot tant certain calembours semble bien rance. Guru tu est mon fuhrer de vivre, ca sonne comme un titre de film d'Émile Couzinet avec Jean Lefevre. Les quelques fulgurances imparables que sont "Station Service" ou le "Je Fume Pour Oublier Que Tu Bois" gainsbourgien au possible ne peuvent faire oublier les ratages totals que sont "Pas Question Que Je Perde Le Feeling" ou "Ya Un Yéti". Strictement inénarrable.
Dans la même période en France on avait Taxi girl, Marquis de Sade, Kas Product, j'en passe et des aussi bons. C'est nettement plus excitant car comme le dit si bien Bashung j'ai pas trouvé le dernier Kraftewerk. C'est dommage ca aurait peut être fait un album plus réussi.
Passable 11/20
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