Alain Bashung
L'Imprudence |
Label :
Barclay |
||||
Alain Bashung, main dans les poches, regard de biais, froid, à l'orée d'un bois nous observe. Il semble proche mais plus que jamais inatteignable, loin dans son univers. L'Imprudence, 4 ans après le coup de maître de Fantaisie Militaire, renouvelle l'exploit. L'Imprudence est un disque compliqué, plein de recoins, de couloirs, d'endroits, d'envers. C'est un album qui demande un certain investissement dans son écoute, pas le genre de musique que l'on approche à la légère d'une oreille étourdie. Il faut donc plonger dans l'œuvre, s'immerger.
Bashung qui avait si bien chanté sur son album précédent récite des textes de plus en plus abstraits. "Je Me Dore" serait-il un des plus beaux jeu de ping-pong du duo Bashung/Fauque ? À moins que ce soit "Mes Bras" et sa réplique-culte "Mes bras connaissent la menace du futur, les délices qu'on ampute pour l'amour d'une connasse". Cette écriture en duo, l'un réagissant sur l'ébauche de l'autre jusqu'à plus soif se trouve ici à son apogée. Les textes qui en découlent me parlent, me touchent. A chaque écoute je peux leur donner ma propre signification, je peux y greffer une histoire à moi, je peux l'interpréter de tant de façons différentes.
La musique empile les couches tout en finesse. Bashung enregistre beaucoup à droite à gauche puis, tel un couturier coupe à grands coups de ciseaux. Il plie, coud, ass1emble, superpose patrons en papier de soie fin comme la peau, tissus épais, fils d'or, voiles légers. "Mes Bras" est un bel exemple de cette sobriété. Deux notes, trois accords, une ambiance sonore distordue. Puis les violons se glissent dans une faille, la basse montre le bout de son nez, le ton monte, les cuivres posent quelques marques. Pour finalement s'éteindre et laisser le piano clôturer le tout en douceur.
Au centre du disque, l'abstraction prend toute son ampleur. "L'Irréel" où il ne reste plus que l'essentiel. "Qu'on me disperse, je suis noir de monde". Petit creux au centre, sorte de dépression des Açores aidant à faire sentir à quel point le niveau remonte. Pour boucler la boucle, ce disque se termine sur une version de "Tel" enregistrée en une prise, "L'Imprudence". Comme pour prouver que la richesse de sa musique, de ses mots peuvent changer de peau.
Bashung a souvent dit qu'il n'aimait pas le côté figé d'un album, qu'il n'aimait pas coucher d'une version définitive ses morceaux, que ses chansons avaient besoin de vivre leur vie après l'enregistrement, de bouger comme une poutre qui travaille, qui évolue.
C'est parce que la musique de ce grand Monsieur est VIVANTE.
Bashung qui avait si bien chanté sur son album précédent récite des textes de plus en plus abstraits. "Je Me Dore" serait-il un des plus beaux jeu de ping-pong du duo Bashung/Fauque ? À moins que ce soit "Mes Bras" et sa réplique-culte "Mes bras connaissent la menace du futur, les délices qu'on ampute pour l'amour d'une connasse". Cette écriture en duo, l'un réagissant sur l'ébauche de l'autre jusqu'à plus soif se trouve ici à son apogée. Les textes qui en découlent me parlent, me touchent. A chaque écoute je peux leur donner ma propre signification, je peux y greffer une histoire à moi, je peux l'interpréter de tant de façons différentes.
La musique empile les couches tout en finesse. Bashung enregistre beaucoup à droite à gauche puis, tel un couturier coupe à grands coups de ciseaux. Il plie, coud, ass1emble, superpose patrons en papier de soie fin comme la peau, tissus épais, fils d'or, voiles légers. "Mes Bras" est un bel exemple de cette sobriété. Deux notes, trois accords, une ambiance sonore distordue. Puis les violons se glissent dans une faille, la basse montre le bout de son nez, le ton monte, les cuivres posent quelques marques. Pour finalement s'éteindre et laisser le piano clôturer le tout en douceur.
Au centre du disque, l'abstraction prend toute son ampleur. "L'Irréel" où il ne reste plus que l'essentiel. "Qu'on me disperse, je suis noir de monde". Petit creux au centre, sorte de dépression des Açores aidant à faire sentir à quel point le niveau remonte. Pour boucler la boucle, ce disque se termine sur une version de "Tel" enregistrée en une prise, "L'Imprudence". Comme pour prouver que la richesse de sa musique, de ses mots peuvent changer de peau.
Bashung a souvent dit qu'il n'aimait pas le côté figé d'un album, qu'il n'aimait pas coucher d'une version définitive ses morceaux, que ses chansons avaient besoin de vivre leur vie après l'enregistrement, de bouger comme une poutre qui travaille, qui évolue.
C'est parce que la musique de ce grand Monsieur est VIVANTE.
Excellent ! 18/20 | par Shiboome |
Posté le 09 janvier 2009 à 08 h 59 |
Pour la dernière chronique du Raoul Vigil pour X-Silence, quel plaisir d'aborder ici cette œuvre monumentale du Bashung, moi qui me suis un peu battu pour l'entrée en lice du monsieur ici contre prouts et mariées. Je suis comme le chat, je veux me finir en beauté.
BASHUNG nous cloue au pilori, nous ne sommes que des manants.
Ceci est un non-disque ; je veux dire que Bashung nous fait là de la non-musique ; il non-chante ; la guitare ici se fait non-guitare, feulement ou grincement ; le piano, note de pluie-mélancolie et seuls les arrangements pour orchestre surplombent le tout de manière magistrale.
Dés le premier titre on se retrouve dans une zone dangereuse désinfectée de toute affinité, écoutez ce que AMBITION veut dire. Désir de se dépasser, appétence pour l'inconfort, besoin d'aller plus loin. Ici l'artiste se tire ailleurs, il se tire une balle dans le pied aussi parce que franchement comment faire accepter ÇA. Avec l'angoisse : comment reproduire cette chose sur scène ?
C'est aussi un disque où le silence est mis en musique, un silence dépotoir : "Tel", "Je Me Dore"... Et avec l'extraordinaire "Mes Bras" l'alsacien hexagonal nous fait la tête au carré, avec des mots ronds et comme dirait ma femme "Le jour où l'huitre dominera le monde, le frigo sera tri-angulaire"
L'équilibre proposé ici par l'artiste, chapeau !, est comme une perche tendue, comme une fin de cycle, une faim du monde, le propos noir ou claustro... A vous de juger, c'est du jamais vu ici.
Les 2 morceaux "rock" de l'album : "Faites Monter" ou "Dans La Foulée" n'exigent aucune compétence en la matière, vous n'y retrouverez pas grand-chose d' "and roll" dedans puisque Bashung à largué les amarres pour échouer sur une troisième rive, vierge, une île du Docteur Moreau. Attention y'a des choses monstrueuses dans cet opus.
En 12 réflexions (le titre dernier "L'Imprudence" est assez téméraire, 10' de rien) le bonhomme nous dessine une nouvelle carte du tendre mais dans le sens bander.
Et si certains doutent du bien fondé de cette musique, jeter un œil au dvd de la tournée, pour voir un peu la gueule de ces titres sur scène : bluffant !
Quant à savoir si ce disque extraordinaire sera Intemporel, là je ne peux m'avancer, en tout cas il mérite bien son :
BASHUNG nous cloue au pilori, nous ne sommes que des manants.
Ceci est un non-disque ; je veux dire que Bashung nous fait là de la non-musique ; il non-chante ; la guitare ici se fait non-guitare, feulement ou grincement ; le piano, note de pluie-mélancolie et seuls les arrangements pour orchestre surplombent le tout de manière magistrale.
Dés le premier titre on se retrouve dans une zone dangereuse désinfectée de toute affinité, écoutez ce que AMBITION veut dire. Désir de se dépasser, appétence pour l'inconfort, besoin d'aller plus loin. Ici l'artiste se tire ailleurs, il se tire une balle dans le pied aussi parce que franchement comment faire accepter ÇA. Avec l'angoisse : comment reproduire cette chose sur scène ?
C'est aussi un disque où le silence est mis en musique, un silence dépotoir : "Tel", "Je Me Dore"... Et avec l'extraordinaire "Mes Bras" l'alsacien hexagonal nous fait la tête au carré, avec des mots ronds et comme dirait ma femme "Le jour où l'huitre dominera le monde, le frigo sera tri-angulaire"
L'équilibre proposé ici par l'artiste, chapeau !, est comme une perche tendue, comme une fin de cycle, une faim du monde, le propos noir ou claustro... A vous de juger, c'est du jamais vu ici.
Les 2 morceaux "rock" de l'album : "Faites Monter" ou "Dans La Foulée" n'exigent aucune compétence en la matière, vous n'y retrouverez pas grand-chose d' "and roll" dedans puisque Bashung à largué les amarres pour échouer sur une troisième rive, vierge, une île du Docteur Moreau. Attention y'a des choses monstrueuses dans cet opus.
En 12 réflexions (le titre dernier "L'Imprudence" est assez téméraire, 10' de rien) le bonhomme nous dessine une nouvelle carte du tendre mais dans le sens bander.
Et si certains doutent du bien fondé de cette musique, jeter un œil au dvd de la tournée, pour voir un peu la gueule de ces titres sur scène : bluffant !
Quant à savoir si ce disque extraordinaire sera Intemporel, là je ne peux m'avancer, en tout cas il mérite bien son :
Exceptionnel ! ! 19/20
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