Hercules & Love Affair

Hercules & Love Affair

Hercules & Love Affair

 Label :     Death From Above 
 Sortie :    lundi 10 mars 2008 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Hercules & Love Affair, ou la dernière merveille dénichée par James Murphy pour Death From Above.

Au départ, ce groupe ne devait être qu´un projet éphémère, scellant la rencontre entre Andy Butler et Antony Hegarty pour un travail visant les clubs. Deux artistes gays, l´un possédant la science du dancefloor, l´autre une belle voix androgyne et touchante. Cette collaboration a abouti sur "Blind", un excellent morceau de mutant-disco comme DFA le fait si bien, mais avec son originalité. Sur un rythme génial, composé de boîtes à rythmes, de tambours et d´une basse disco au groove exceptionnel, Antony pose sa voix et chante un texte sur les rêves abandonnés, accompagné par des trompettes du plus bel effet. Les élans lyriques du chanteur sont puissants, et le plus étonnant, c´est que ce morceau possède un fantastique pouvoir dansant. La qualité de ce morceau a convaincu ces deux artistes de continuer sur un format plus long.
Hercules & Love Affair est sorti en mars et m´a mis une véritable claque, au point que je l´ai écouté pendant deux mois chaque jour puis au moins deux ou trois fois par semaine depuis (et ça continue!). Déjà, il y´a ce nom. Hercule et ses infidélités amoureuses, le héros capable de mettre enceinte cinquante femmes en une nuit, mais voué à l´homosexualité comme tous les demi-dieux grecs. Le nom est lourd de sens. Et sans surprise, on se retrouve face à une musique hédoniste et androgyne, un album terrible, situé entre gay-pop à la Soft Cell et le mutant disco de LCD Soundsystem, qui aligne les bombes dancefloor.

"Time Will" ouvre l´orgie de manière surprenante. On est bien loin de "Blind". En fait, on a l´impression d´entendre du Antony & The Johnsons version electroïde. La voix du chanteur androgyne fait vraiment des miracles.
Mais la suite est un déferlement d´ondes sensuelles et dansantes. L´Eros habite vraiment cet album de musique électronique.
Les percussions et basses sont très travaillées et sont les colonnes de cet Acropole musical. Le groove proposé est terriblement insidieux et vicieux, que ce soit la basse au fort potentiel mélodique de "Raise Me Up", ou les boîtes à rythme pénétrantes de "Athene". Le plus impressionnant se trouve sur "You Belong", qui propose un rythme syncopé enivrant en utilisant les sonorités typiques de DFA, pendant qu´un synthé sinueux ne distille ses notes sensuelles. Je pense avoir écouté ce morceau quelques centaines de fois depuis sa sortie.
Sur ces colonnes sont sculptées des frises constituées de nombreux arrangements étonnants et malins, comme des cuivres sur "Blind", des violons sur "Hercules Theme" ou des gimmicks de synthé mélancoliques sur "Athene". Chaque morceau possède son originalité, son pont instrumental extrêmement dansant.
Le toit est quant à lui constitué par les voix, qui supplantent majestueusement le tout. Antony n´est pas le seul aède du disque. Deux autres muses chantent sur Hercules & Love Affair . Tout d´abord Nomi Ruiz, véritable Aphrodite qui m´a longtemps fait douter sur son sexe : femme ou transsexuel ? Sur "You Belong", ses vocalises androgynes sont sensuelles au diable et empreintes d´une fragilité extrême. On retrouve aussi la mutine Kim Ann Fox, qui illumine de sa voix lancinante "Athene" ou "Iris". Les amateurs de voix troublantes seront donc aux anges. Entre le baroque Antony Hegarty, la déconcertante Nomi Ruiz et l´espiègle Kim Ann Fox, on est confronté sur chaque morceau à d´extraordinaires performances vocales. Elle s´entremêlent ("True False/Fake Real"), se soutiennent (les chœurs de Antony accompagnant Nomi sur "You Belong") pour donner à chaque fois un résultat saisissant.
On n´oubliera pas non plus de s´extasier sur l´odyssée constituée par "Iris", "Easy" et "This Is My Love", qui ralentissent le rythme pour installer des ambiances irréelles en plein milieu du disque.

Par Zeus, les dix travaux qui composent cet album sont chacun de petits bijoux de dance à écouter dans son fauteuil, empruntant autant au disco qu´à la new-wave et l´electro. Le résultat est éminemment original, dansant au possible tout en conservant une âme, et atteint des sommets dignes de l´Olympe. Certes il n´y a rien de révolutionnaire. Mais la qualité des compositions, associée à la forte esthétique androgyne du groupe m´ont complètement séduit. J´imagine que ce ne sera pas le cas pour ceux qui ne sont pas sensibles à la personnalité du groupe. Quoiqu´il en soit, sur moi l´album est incroyablement addictif. L´écouter c´est comme combattre l´Hydre de Lerne : on pense l´avoir achevé jusqu´à ce qu´une nouvelle tête apparaisse et qu´on se replonge de nouveau dans le combat. Encore une merveille sortie du temple DFA, qui années après années s´impose comme un label référence en matière d´éclectisme.


Excellent !   18/20
par Vamos


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