The Horrors

Primary Colours

Primary Colours

 Label :     XL 
 Sortie :    lundi 04 mai 2009 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Nous avions découvert les Horrors avec Strange House, en 2007. Punk/Gothic nerveux, acéré, riffs et ambiances évoquant le cinéma gore, reprise de "Screamin' Lord Sutch" et ainsi de suite. Déluré, sympa, tout ça. Et là, soudain, avec ce deuxième opus, les mecs passent au sérieux. Un disque à mi-chemin entre bad trip à l'acide et dépression nerveuse, délirant et sinistre à la fois, Joy Division et les Stooges qui se tapent le bœuf dans une bulle de Vampirella. La puissance démente et étouffante d'un "Who Can Say", de grandes plages perturbantes ("Do You Remember", "I Can't Control Myself") et de longues extensions dépressives particulièrement réussies ("I Only Think Of You", "Sea Within a Sea") démontrent sans peine et sans appel l'évolution fulgurante du groupe. Plus encore, on pourrait se demander si l'on ne tient pas là un solide, très solide prétendant au titre d'album de l'année.

Parce qu'en vérité, cet album-là est un album d'espoir. Le temps est à la crise, paraît-il, et les Horrors nous proposent la bande son d'une hypothétique catastrophe, d'une Angleterre en vrille, sale et glauque. A l'image du Manchester de... eh bien de Joy Division, oui, dont l'ombre semble planer du début à la fin sur ce superbe album sur lequel il faut miser avec ferveur. Ceci peut être un tournant pour le rock anglais. Il faut l'espérer tout du moins.


Parfait   17/20
par Monkey Man


 Moyenne 15.75/20 

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Posté le 17 juin 2009 à 00 h 13

A priori, rien à signaler. Des mecs dressed in black again, crayon, fard à paupière, cheveux ébouriffés, regard et tout le bordel, trop ténèbre tout ça. Encore un jeune groupe Anglais mignon en "The" qui surfe sur la Dark Wave, et qui, du coup veut se faire une place aux côtés de Film School, Interpol, National... C'est légitime, mais pas intéressant. Encore une arnaque pour les gosses ou pour les amnésiques, qu'on serait tenté de se dire. Un produit pédagogique à usage des jeunes générations, tout au pire. Cinq fils à papa lookés à faire peur oeuvrant pourtant pour une musique inoffensive, incapable de foutre un seul frisson ou de faire dresser un seul poil. Bref, à faire bailler les corbeaux. Enfin, on rétorquerait "The Horrors, pffffff" sur un ton assez dédaigneux. Eh bah putain...

Qu'on retourne sa veste en cuir, le disque retourne la tête. C'est, n'ayons pas peur d'aimer, le meilleur album de l'année. Surprenant et sur-prenant (néologisme qui signifie que quelque chose est plus que prenant).
Pourquoi?
Parce que The Horrors sait écrire 10 superbes chansons (sur 10) contrairement à These New Puritans qui a su en écrire 4 maximum (sur 16 - cf Beat Pyramid), parce que le son de guitare compressé de "To Here Knows When", de "Loomer" (My Bloody Valentine) sur "Mirror's Image", sur "Three Decades", parce que Matt Berninger écrivant son meilleur morceau, se rapprochant diablement de Ian Curtis sur une chanson d'amour à chialer ("I Only Think Of You"), parce que Jesus And Mary Chain ont enfanté de bons groupes (Liars et Raveonettes en tête), parce qu'il faut admettre qu'il est bien plus frais que le dernier Sonic Youth (pourtant bon), parce que "New Ice Age", parce que...

Parce que c'est le meilleur album de l'année.
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 20 juin 2009 à 21 h 30

Les Horrors pratiquent le post-punk dans leur garage comme on joue au ping pong dans un centre aéré. C'est pas qu'on s'ennuie mais on connaît le revers de l'adversaire par coeur et puisqu'on va gagner pourquoi s'épuiser à faire du neuf ?

On se détend, tranquille, de façon nonchalante. Un peu comme la musique de ces déconneurs sortis d'un film parodique de vampire. Calme, posée, sans remue ménage. Parfois drôle (à son insu).

Et puis ça découvre le rock'n'roll bruyant, ça dépote, autant reprendre le même son quoi. Inventer est trop long. Faisons un groupe hommage ! On est bien tombé, ç'aurait pu être Abba ou Emile & Image.

Primary Colours n'a rien d'exceptionnel. Il faut le dire, ce qui frappe en premier c'est la couleur sonore, la déferlante de bruits et d'effets... voilà le ton est donné : la mode est au revival psyché et shoegaze depuis le début des années 2000 alors autant finir la décennie de la même manière, n'est-ce pas ?

Les chansons ne sont pas mauvaises, ça s'éclate, avec des petits effets au synthé assez rétro et une rythmique krautrock molle. Tout pour plaire, de façon présentable, digérée par avance, et des références à ne plus savoir qu'en faire : si aucun morceau ne se distingue vraiment, et bien que ça s'écoute d'un air distrait, il est bien plus facile de repérer quels sont les fantômes qui passent ça et là dans l'album, de morceau en morceau : My Bloody Valentine (la pop en moins), Joy Division (la voix en moins), Spacemen 3 (à vous de trouver ce qu'il y a en moins), etc.

Et pourtant, il y a quelque chose de profondément réjouissant et sympathique à l'écoute de cet album tant l'hommage appuyé à ces groupes peut nous émouvoir ou nous rendre les Horrors attachants. On sautille, on dandine de l'arrière train, comme il est bon d'être simple et sans prétention de temps en temps ! Non, vraiment, j'insiste.
Correct   12/20



Posté le 21 juin 2009 à 12 h 15

Si quelque chose fait défaut à The Horrors, ce n'est assurément ni le savoir faire, ni le style.
Les références sautent pourtant en pagaille aux oreilles dans leur musique aussi référencée que leur look.
Ce sont en effet les contours de 4 décennies de musique rock qui sont ici passées à la moulinette d'un rock sombre et débridé : le psychédélisme versant garage des sixties, le krautrock ou encore la décadence glam des seventies, la cold-wave, le post-punk et l'électro des années 80 ou encore la noisy des années 90, le tout avec un petit coté arty et expérimental qui achève de donner à leur musique une certaine aura de respectabilité. En effet, The Horrors sont non seulement parvenus à se s' approprier ces influences de forme en profondeur tout en les assemblant de manière cohérente et sans laisser apparaître les fils.
Tout ces aspects ne sont donc pas sans leur conférer une place à part au sein d'une famille qui comprendrait notamment Warlocks, BRMC et autres BJM.
Par ailleurs,The Horrors possède un sens de la composition certain, alimenté par une inspiration mélodique évidente, un son bien spécifique et Primary Colours a été remarquablement produit. A cela, s'ajoute aussi un très bon chant dont la texture va même, parfois, jusqu'à évoquer celui d'un Ian Curtis.

Nombreux sont ceux qui voient, en effet, planer au dessus de Primary Colours l'ombre tutélaire de Joy Division mais aussi celle des heures les plus sombres du Cure.
En ce qui me concerne, c'est surtout l'influence de My Bloody Valentine qui est récurrente mais sans renvoyer véritablement à la structure fondamentale des morceaux: les étoffant plutôt, les parsemant de rebondissements ou encore leur donnant une certaine dimension spatiale, débridée voire inquiétante, comme un complément qui contraste avec une certaine crudité minimaliste du propos.
Par contre, ne vous attendez pas à trouver ici des sensations aussi profondes et écorchées que celle véhiculées par la musique spectrale de Joy Division ou aussi jusqu'au-boutiste que le romantisme sombre d'un Pornography. Malgré ses relents de " bad trip " glauque et cauchemardesque, certains accents de cet album laissent en effet transparaître un sens qui tient plus du festif que de l'existentiel; The Horrors ne sont pas là non plus pour se morfondre et s'apitoyer sur leur sort à plein temps et quand ils le font, c'est toujours avec une certaine sensualité, quoique vénéneuse.

Primary Colors, par la diversité d' emprunts musicaux qui n'exclus pas pour autant la cohérence, par le coté entêtant de compositions dont l'atmosphère sombre et à la fois minimaliste et débridée a un goût de reviens y, est un disque prometteur. La question est de savoir si The Horrors franchiront une nouvelle étape au prochain album en dépassant des influences tellement imposantes qu'elles pourraient se révéler sclérosives. Si tel était le cas, nul doute que ce groupe marquera les rock des années à venir.
Parfait   17/20



Posté le 03 décembre 2009 à 12 h 23

Tiens l'aut' jour, je me suis demandé, en buvant un verre de saké dégueulasse de chez les frères Tang, si j'avais déja posté une chronique pleine de bonne foi et d'objectivité... c'est fou comme cette boisson rend spirituelle quand on y pense!

Réponse négative évidement, c'est pourquoi je vais tenter d'être honnnête avec moi même avec ce Primary Colour, qui tourne sur ma platine (nan j'déconne, c'est du MP3 piraté en fait... one point), depuis donc quelques longues semaines.

Qu'est-ce qui peut bien se produire au juste dans ma p'tite tête d'enculé pour que j'aie envie de me coltiner un album comme celui-là à mes heures perdues ? Ouais, là, c'est sur, pour le coup elles sont vraiment perdues!
est-ce le sentiment de retrouver un je-ne-sais-quoi qui m'évoque mon enfance, les années 80 ? Est-ce le son et les notes de ce bontempi qui me rappellent qu'avec un seul doigt on peut faire de la musique ? Qu'on peut aussi chanter sans savoir chanter ? N'est pas Robert Smith qui veut les mecs OK, pour le chant et le look j'entends !

Voilà donc ce qui me turlupine profondément, avec The Horrors je prends ainsi conscience que... j'écoute de la merde et le pire c'est que j'aime ça (two points), et ouais, je suis comme ça, un gribou trentenaire qui trouvera que "New Ice age" et "I Only Think Of You" sont des bons titres, un débile qui aime écouter des trucs resucés (miam!) qui peuvent encore trouver une place dans le monde musical actuel, je sais c'est dur pour Animal Collective, mais quitte à faire n'importe quoi autant que ce soit fait par n'importe qui, c'est le cas des Horrors, aujourd'hui en procès avec leur coiffeur.

Allons enfants de la partie, le jour de gloire est arrivé, faisons fi du passé, un coming out s'impose, la musique n'est pas un art majeur (demandez à Gainsbourg!) , détendez vous les sphyncters et laissez place à Primary Colour, en vente chez les frères Tang donc!

Rock'n'roll!
Correct   12/20



Posté le 14 juillet 2010 à 11 h 09

The Horrors est une de mes plus belles claques de l'année 2009. Et je ne suis pas loin de penser comme le NME qui a classé leur deuxième album à la première place de leur top annuel. Derrière une pochette qui aurait pu être celle d'un The Cure première période se cache un album certes passéiste, mais doublement inspiré. The Horrors recycle la cold wave du début des années 80 (Joy Division, The Cure, The sound), certes, comme beaucoup d'autres groupes actuels sont en train de la faire, mais ils ont mixé cela avec une autre influence, celle des groupes shoegaze plus tardifs (My Bloody Valentine, Jesus and Mary Chain, Pale Saints...). Et le mélange de ces deux influences, qui ne fait à aucun moment "collage" est tout simplement divin. Ce qui frappe d'emblée c'est le son de la voix du chanteur, on pense irrémédiablement à Ian Curtis, mais en plus grave encore, un timbre dont la dextérité affichée mais jamais démonstrative en fait plus qu'un simple clone. D'autant qu'il a conservé ce petit ton dédaigneux hérité du punk.

Guitare planante, climat lourd et sombre, quasi gothique (car le groupe lorgne aussi du côté de Bauhaus), le son de l'album est juste magnifiquement tordu. Le travail sur son altération est tout simplement énorme, il rebutera les amateurs de sons précis et bien enregistrés, mais ravira ceux pour qui le rendu de la matière sonore est aussi important que la mélodie. Le mélange entre le synthé et les guitares, leur intégration en un flux bruitiste à la tonalité désabusée me transporte. Mais The Horrors se n'est pas seulement un son ! C'est aussi des chansons diablement bien composées. Alors que chez d'autres groupes qui pratiquent le revival new wave, on a droit qu'à du vernis tendance sur des chansons moyennes, ici, le songwriting est de très bonne qualité. Il n'y a rien à jeter dans cet album qui surnage réellement des coudées au-dessus de tout ce qui se fait en matière de revival 80's en ce moment.
Excellent !   18/20



Posté le 27 novembre 2010 à 03 h 39

On aura beau déverser des remorques entières de crottin sur cet affreux "revival" ("BOOOOOUUUHHH !!") telle une Sandrine Bonnaire sur la tronche d'un journaliste de Voici, faut avouer que quand c'est aussi bien fait que par les gugusses de chez The Horrors, ben c'est rudement chouette. Les Anglais avaient déjà largué une bombe d'un horror punk parfaitement hystérique et électrique en 2007, et les revoilà deux ans plus tard, nettement assagis. Les compères s'attaquent cette fois-ci au post-punk et au rock gothique, plus simplement, brassant tous les grands noms de la scène (Joy Division, The Cure, Echo and the Bunnymen...) mais en les mélangeant au choux gay zine (hein ?) de la décennie suivante : voyez My Bloody Valentine (et d'autres mais je m'y connais pas assez pour dire) voire Sonic Youth ouais, et pis tiens y parait que ça sonne aussi un peu comme les Scandinaves de 120 Days (qui eux font plus de l'electro psyché)... C'est dire que cet album brasse large (d'ailleurs on va s'arrêter là pour les références), mais attention : il brasse bien. Les dix titres sont simplement tous des tueries, avec quatre premiers morceaux tout à fait tubesques. Les choses sérieuses commencent vraiment avec la bombe "New Ice Age", plus noise rock, oh la la mes aïeux. En piste sept le plus calme "I Only Think Of You" mêle émotion et lenteur enivrante, qu'on retrouvera sur le final "Sea Within A Sea", produit par Geoff Barrow (Portishead - ah ben d'ailleurs ça sonne méchamment comme le "The Rip" de Third cette affaire-là ! sauf que ça se termine en trip electro Berlin school...). Et avant ça on aura eu encore un peu de coldwave psychédélique frénétique sur laquelle le chanteur pose sa superbe voix, rappelant un peu le mec de Lowlife (merde une référence de plus). Amoureux des années 80 et plus, jetez donc une oreille à cet album génial (enfin j'imagine que ç'a dû être difficile d'y échapper, reconsidérez-le alors, si vous avez fait les grincheux), addictif, transgenre mais maîtrisé. Moi j'attends de pied ferme la suite de nos Anglais, je sens qu'ils peuvent nous pondre quelque chose d'encore vraiment bon, mais où iront-ils puiser/piquer l'inspiration pour leur prochain melting-pot/plagiat ?
Excellent !   18/20



Posté le 26 septembre 2017 à 16 h 45

Ce second album des Horrors marque un changement radical par rapport à Strange House. Fini les épopées horrifiques et cradingues, le groupe prend de la hauteur avec Primary Colours.
Les prémisses du futur son des Horrors se font entendre avec des morceaux comme "Mirror's Image", "Do You Remember" ou encore "Scarlet Fields". Simplement des prémisses car le groupe n'a pas encore réellement trouvé son identité et son son. Le groupe oscille encore entre cold wave, psychédélisme, shoegaze et post-punk.

Primary Colours révèle donc une nouvelle facette de ce groupe caméléon à travers une dizaine de morceaux de qualité variable. Pas de quoi s'enthousiasmer outre mesure tout de même : si l'album révolutionne le son originel du groupe, il ne révolutionne rien dans le genre. Au final, un album bourré de références et d'influences mais qui n'arrive pas à s'en détacher, à s'en extraire pour s'affirmer totalement.
Pas mal   13/20







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