Get Well Soon

Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon

Rest Now, Weary Head! You Will Get Well Soon

 Label :     City Slang 
 Sortie :    lundi 15 septembre 2008 
 Format :  Album / CD   

Nuit du 20 juillet, sur le quai de Montgallet, le service minuteur RATP affichait 10 minutes d'attente avant le prochain métro. Pour une énième fois, et ce n'était ni le Limoncello ni la Grappa qui montraient les choses en double, je tombai nez à nez avec une publicité pour le chanteur PEP'S, en live à deux reprises, soon : OLYMPIA + un festival dont le nom m'échappe, plutôt m'importe peu. A ma gauche, mon acolyte, Zavier qui entama une imitation assez absurde dudit "artiste". Passé l'instant humoristique, la conclusion relevait de l'évidence réfléchie, abordée maintes et maintes fois : l'art, quel qu'il soit, n'a pas à être sympa. Quand on ne trouve pas autre chose à dire d'un artiste à part qu'il est sympa, n'est-ce pas pour lui trouver du crédit, comme quand on emploie le mot "gentil" dans son sens péjoratif en parlant de quelqu'un, pour, en fin de compte, éviter de se prononcer sur sa personnalité ? Sympa ne veut pas dire "bouleversant", encore moins "à se pisser dessus", mais plus exactement "gonflant", "à chier". Donc finalement assez antipathique, artistiquement parlant. Didier Super est drôle, même à pleurer de rire si l'on en est client, Sebastien Tellier aussi en interviews comme en shows, Katerine à la rigueur, Gotainer -en chargeant quand même bien la mule avant- pas PEP'S. Ni Java, ni Benabar, ni les Wriggles, ni Anaïs (Aledebert n'est pas loin non plus, suspendu deux/trois étages en dessous de PEP'S), la liste de clowns déclarés chanteurs - ou l'inverse - est longue.
Cette parenthèse, c'est parce que je sais que je vais mettre un 14 au premier album de Get Well Soon, et que le qualificatif allant avec ce chiffre est : "Sympa". Alors, Rest Now, Weary Head You Will Get Well Soon, un disque sympa, vraiment ?

Konstantin Gropper, le responsable, a fait sérieusement les choses, méticuleusement. C'est écrit, à l'arrière de la pochette, qu'il a fait de son mieux pour rendre son disque le plus appréciable possible. Et ça se sent : c'est écrit, et dans un coin, isolé, alors que, paradoxe, la somme d'instruments, utilisée sur les 14 plages, est affolante. Une démarche pas tant éloignée de celle d'un Bright Eyes, celui du Digital Ash In A Digital Urn, l'electronique en moins. La bienveillance à l'égard de l'auditeur, la recherche de la beauté dans l'harmonie du grandiose, les compositions aventureuses, les gracieuses mélodies qui se retiendront plus rapidement que leurs titres ("We Are Safe Inside While They Burn Down Our House", "If This Hat Is Missing I Have Gone Hunting", "Sold My Hands for Food So Please Feed Me"). Et les copulations qui ne cessent, pour le plaisir d'une synthèse - moderne et sans trop d'age - de plus ou pas, grands papes et ténors de la pop y passent, ceux qui élèvent ces fameuses cathédrales sonores (un certain groupe canadien, un chanteur épileptique, Tom hmm? trou de mémoire). Et la dimension cinématographique, tout ça, tout ça.

Seulement, de temps en temps, l'allemand a tendance à osciller entre la délicatesse - grâce et subtilité, et (inévitablement) le pompier - trop bourrin dans l'émotion. Genre Coldplay ? Un groupe fin (pardon, un coupe-faim) des années 00', je sais pas si ça vous dit quelque chose ? Non, quand même pas, Get Well Soon vaut vraiment mieux. Toutes les maladresses et les imperfections décelables dans ce premier essai se traduisent finalement par l'intention d'avoir voulu trop bien faire.
Cependant, persiste ce regret : la fine perle pop que voilà, qu'on aura envie de partager, comme un parfait nectar "Night Falls Over Kortedala" cru sublime de Jens Lekman, accompagné par l'orchestration d'Entanglements de Parenthetical Girls (au passage, sorti pile au même moment) peut lasser. De beaux paysages gâchés par un grand mur des lamentations. A la différence de Lekman, Gropper se laissant aller dans les aigus, soudain irrite : le même reproche fait à Zac Pennington (voix de Parenthetical Girls).

Entanglements fleurait bon le printemps, la balade naïve, la fleur de la même couleur que le ciel, alors que Rest Now Weary Head You Will Get Well Soon tombait à pic : c'est un album d'automne, un au revoir à l'été.
Ce serait le 21 septembre : on se retrouve seul à Montgallet ou ailleurs, le premier métro arrive mais dans 10 minutes, alors on opte pour la marche à pied : Rest Now Weary Head You Will Get Well Soon dans les oreilles. Et tant pis pour PEP'S !


Sympa   14/20
par Pippo


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