The Arcade Fire
The Suburbs |
Label :
Universal |
||||
Difficile de dire qu'il était attendu, ce troisième album de Arcade Fire. Pas de réelle attente, pas de véritable fébrilité. Pourtant, c'est bel et bien trois ans qui séparent Neon Bible de ce The Suburbs, trois longues années riches en péripéties personnelles et bien sûr musicales (Animal Collective a bien sorti 6 albums depuis, au moins...). Il faut dire que le groupe s'est montré bien discret pendant quasiment un an et demi. Surtout, il a pâti d'un deuxième album aux critiques extrêmement contrastés, faisant d'eux, pour une certaine frange de ces nabots binoclards à pulls rayés qu'on appelle "les fans de rock indie" le nouvel ennemi à abattre. A titre personnel, j'ai rarement vu un groupe se taper un tel torrent de haine. Ringard, grand-guignolesque, minable, sans originalité, "le chanteur a une voix vachement limitée, quand même". C'est un peu le risque quand on a sorti l'un des très grands albums des années 2000, c'est qu'on a plus droit au pardon. Et le retour de bâton est violent, pour le coup. Quand on pense que pendant ce temps-là, Lady Gaga et Sean Combs sévissent toujours en toute impunité...
Arcade Fire donc. Tout a été dit sur Funeral, et il faudrait vraiment être d'une mauvaise foi digne d'un ministre d'État pour ne pas reconnaître que cet album a de grandes qualités. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, dirais-je si j'étais politiquement correct. Je ne le suis pas. Il n'y a pour moi que deux types de personnes qui n'apprécient pas Funeral :
- Les cons (et il y en a beaucoup... l'autre jour encore, une collègue de bureau me confiait encore – comme si ça allait de soi – qu'elle n'aimait pas trop les Beatles)
- Les esthètes poseurs minables pour qui le succès est forcément un gage d'absence de qualité.
Neon Bible est un album plus compliqué à saisir. Il contient de très bonnes chansons, bien que l'une d'entre elle, "No Cars Go", soit du recyclage issu du tout premier EP. Mais bon, des titres comme "Neon Bible" (la chanson), "Ocean Of Noise", ("Anthechrist Television Blues") ne font guère qu'un remplissage correct. Oh bien sûr, c'était un bon album, mais ça semblait être le service minimum par rapport à sa qualité de successeur de Funeral.
Arcade Fire, donc, ne semblait pas être destiné à être ce genre de raretés incapable de foirer le moindre album, et ce troisième opus pouvait tout aussi bien être un ratage qu'une réussite. Win Butler l'annonçait comme un croisement de Neil Young et de Dépeche Mode, ce qui était loin d'être rassurant au premier abord. Et après plusieurs écoutes, il est toujours ardu de se prononcer.
Ce qui frappe, à la première écoute, c'est le changement radical de style. Neon Bible avait été enregistré dans une église, avec orgue et violon. Le son était donc plein, grandiloquent et parfois franchement lourd (putain, ce pathos sur Intervention). Avec The Suburbs, le son est beaucoup plus rêche, plus sec. On retrouve toujours les harmonies conséquentes, propres au groupe. Mais la guitare est beaucoup plus présente. Jusque là, Arcade Fire était une genre de grande fanfare rock'n roll slavisante. Il s'est transformé en super-groupe de rock indie un peu plus classique, à l'instar (pour ce qui est du nombre de membres et de la nationalité) des excellents Broken Social Scene. De fait, l'album en lui-même est beaucoup plus classique. 16 chansons, contre une petite dizaine pour les précédents albums (voilà qui nous rappelle les excellents Strokes, dans la façon de faire). Et il n'y a aucun réel temps fort. Mais il n'y a pas de mauvaises chansons non plus. La première écoute est aisée. Arcade Fire propose – et a d'ailleurs toujours proposé, ce qui n'est pas un défaut en soi – une formule accessible. C'est toujours le cas.
C'est après plusieurs écoutes qu'on se rend compte de la richesse des chansons. Certaines se distinguent particulièrement : "Modern Man", par exemple, titre de rock dans la plus belle traditions des dernières productions issues de Brooklyn, "Suburban War" et son approche mélancolique géniale, le très stoner "Month Of May" ou ma grande favorite, la bouleversante "We Used To Wait", qui est sans doute – et je m'en rends compte avec effroi – la chanson la plus Arcade Firenne de cet album.
Win Butler. C'était déjà perceptible dans Neon Bible. Alors qu'au départ, le groupe semblait reposer sur le duo Butler/Chassagne, le premier cité a clairement pris le pouvoir. Tout juste offre-t-il à son épouse l'étrange titre yéyé synthpop "Sprawl II", un morceau... étrange. Leur duo fonctionnait pourtant très bien et était d'ailleurs l'une des lignes de force de Funeral. Il est sans doute dommage de s'en passer. Mais Win Butler reste, quoi qu'on en dise, un excellent chanteur. Sa voix chevrotante et empruntée est l'âme d'Arcade Fire, et j'avoue avoir du mal à comprendre ceux qui ne peuvent pas le supporter. La perfection n'a jamais été rock, jamais.
Cet album est donc une vraie réussite. Arcade Fire a abandonné l'idée, vaguement caressée sur Neon Bible, de sortir un Funeral 2. Ils ont choisi d'évoluer, quitte à perdre leurs spécificités pour évoluer dans un registre plus classique, mais avec une qualité de composition dont peu de groupes aujourd'hui peuvent se targuer. C'était sans doute le meilleur choix, et on est content de voir que finalement, Arcade Fire a sans doute encore beaucoup de choses à nous offrir.
Arcade Fire donc. Tout a été dit sur Funeral, et il faudrait vraiment être d'une mauvaise foi digne d'un ministre d'État pour ne pas reconnaître que cet album a de grandes qualités. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, dirais-je si j'étais politiquement correct. Je ne le suis pas. Il n'y a pour moi que deux types de personnes qui n'apprécient pas Funeral :
- Les cons (et il y en a beaucoup... l'autre jour encore, une collègue de bureau me confiait encore – comme si ça allait de soi – qu'elle n'aimait pas trop les Beatles)
- Les esthètes poseurs minables pour qui le succès est forcément un gage d'absence de qualité.
Neon Bible est un album plus compliqué à saisir. Il contient de très bonnes chansons, bien que l'une d'entre elle, "No Cars Go", soit du recyclage issu du tout premier EP. Mais bon, des titres comme "Neon Bible" (la chanson), "Ocean Of Noise", ("Anthechrist Television Blues") ne font guère qu'un remplissage correct. Oh bien sûr, c'était un bon album, mais ça semblait être le service minimum par rapport à sa qualité de successeur de Funeral.
Arcade Fire, donc, ne semblait pas être destiné à être ce genre de raretés incapable de foirer le moindre album, et ce troisième opus pouvait tout aussi bien être un ratage qu'une réussite. Win Butler l'annonçait comme un croisement de Neil Young et de Dépeche Mode, ce qui était loin d'être rassurant au premier abord. Et après plusieurs écoutes, il est toujours ardu de se prononcer.
Ce qui frappe, à la première écoute, c'est le changement radical de style. Neon Bible avait été enregistré dans une église, avec orgue et violon. Le son était donc plein, grandiloquent et parfois franchement lourd (putain, ce pathos sur Intervention). Avec The Suburbs, le son est beaucoup plus rêche, plus sec. On retrouve toujours les harmonies conséquentes, propres au groupe. Mais la guitare est beaucoup plus présente. Jusque là, Arcade Fire était une genre de grande fanfare rock'n roll slavisante. Il s'est transformé en super-groupe de rock indie un peu plus classique, à l'instar (pour ce qui est du nombre de membres et de la nationalité) des excellents Broken Social Scene. De fait, l'album en lui-même est beaucoup plus classique. 16 chansons, contre une petite dizaine pour les précédents albums (voilà qui nous rappelle les excellents Strokes, dans la façon de faire). Et il n'y a aucun réel temps fort. Mais il n'y a pas de mauvaises chansons non plus. La première écoute est aisée. Arcade Fire propose – et a d'ailleurs toujours proposé, ce qui n'est pas un défaut en soi – une formule accessible. C'est toujours le cas.
C'est après plusieurs écoutes qu'on se rend compte de la richesse des chansons. Certaines se distinguent particulièrement : "Modern Man", par exemple, titre de rock dans la plus belle traditions des dernières productions issues de Brooklyn, "Suburban War" et son approche mélancolique géniale, le très stoner "Month Of May" ou ma grande favorite, la bouleversante "We Used To Wait", qui est sans doute – et je m'en rends compte avec effroi – la chanson la plus Arcade Firenne de cet album.
Win Butler. C'était déjà perceptible dans Neon Bible. Alors qu'au départ, le groupe semblait reposer sur le duo Butler/Chassagne, le premier cité a clairement pris le pouvoir. Tout juste offre-t-il à son épouse l'étrange titre yéyé synthpop "Sprawl II", un morceau... étrange. Leur duo fonctionnait pourtant très bien et était d'ailleurs l'une des lignes de force de Funeral. Il est sans doute dommage de s'en passer. Mais Win Butler reste, quoi qu'on en dise, un excellent chanteur. Sa voix chevrotante et empruntée est l'âme d'Arcade Fire, et j'avoue avoir du mal à comprendre ceux qui ne peuvent pas le supporter. La perfection n'a jamais été rock, jamais.
Cet album est donc une vraie réussite. Arcade Fire a abandonné l'idée, vaguement caressée sur Neon Bible, de sortir un Funeral 2. Ils ont choisi d'évoluer, quitte à perdre leurs spécificités pour évoluer dans un registre plus classique, mais avec une qualité de composition dont peu de groupes aujourd'hui peuvent se targuer. C'était sans doute le meilleur choix, et on est content de voir que finalement, Arcade Fire a sans doute encore beaucoup de choses à nous offrir.
Parfait 17/20 | par Reen-Go!! |
Posté le 05 août 2010 à 10 h 39 |
Le cercle s'est rouvert, la toile est en feu. 3 années se sont écoulées depuis Neon Bible, deuxième album controversé après un Funeral qui aura propulsé le groupe parmi les sauveurs du rock. Un statut qui leur collait plutôt bien en 2004/2005, tant l'engouement à la fois indé et populaire s'était propagé à la vitesse d'un chat jouant du piano sur une inutile vidéo youtube. Mais qu'attend-t-on d'Arcade Fire en 2010? Qu'ils sauvent à nouveau un mouvement musical écrasé progressivement par une société résignée, contraire à son message, et des groupes over-markétés éphémères ?
Non, là n'est pas le but du couple Chassagne/Butler et de leurs acolytes avec The Suburbs. Ils sont bien plus subtils et ont grandi musicalement. Sur ce troisième album, le groupe joue l'apaisement. La grandiloquence qui échappait parfois au groupe sur Neon Bible est ici remplacée par une sérénité et une beauté particulière, une sorte de lueur blafarde visant à emplir nos âmes et nos cœurs d'une humanité se perdant au gré des manipulations politiques et médiatiques.
De média et de politique, il en est question dans ce disque où les paroles respirent la nostalgie, souvenirs empreints des seventies et de l'adolescence de Win Butler dans ces fameux "Suburbs", banlieues huppées américaines de l'époque où il a développé ses premières réflexions : "In the Suburbs I learned to drive". Cette nostalgie est confrontée à la dureté du système actuel : "Businessmen drink my blood", "I walk in line I'm a modern man", mais le groupe sait varier les thèmes et les hipsters, ces internautes accros au téléchargement, surconsommateurs de Mp3 et incapables de prendre le temps d'apprécier un album ont aussi droit à leur moment de gloire "they build it up just to burn it back down".
Et du temps, il en faut pour apprécier à sa juste valeur les sentiers musicaux de "The Suburbs". Fini les hymnes accrocheurs de Funeral et Neon Bible, fini les "No cars Go", les "Rebellion (lies)", les "Keep the car Running". Place à des chansons à tiroirs, dont la simplicité apparente cache un fourmillement de mélodies et de variations d'instruments que l'oreille, même entraînée, mettra plusieurs rotations de disque à déceler. Le meilleur exemple est le morceau titre, simpliste voire ennuyeux aux premières écoutes et qui prend toute sa saveur une fois la montée en puissance des violons en arrière plan sur la nouvelle voix de falsetto de Butler mis à jour.
Et les secrets mélodiques sont nombreux tout au long de l'album, de la tornade sonique de Rococo aux chœurs du deuxième couplet de Suburban War, préférence personnelle, tout ici transpire le travail d'orfèvre et, osons le dire, la maturité. Les montées en puissance de Ready to Start et Rococo sont bien plus intenses finalement que celles d'un Intervention, et même "Month of May", le morceau d'apparence le plus rock et le plus simple se révèle entêtant de par la ligne de chant absolument hallucinée de Butler. Jusqu'à l'avant dernier titre "Sprawl II" où le groupe ressort toute la nostalgie seventies contenue dans l'album dans une mélopée électro pop hypnotisante chantée par une Régine Chassagne plus inspirée et moins Olivia Ruizienne que jamais. Il y a bien quelques faiblesses avec Half Light I, Wasted Hours et Sprawl I mais leur beauté et leur musicalité vole bien au dessus de la moyenne.
On se quitte sur une reprise du thème de "The Suburbs" au violon avec les voix entremêlées du couple fondateur nous confiant qu'ils aimeraient bien gaspiller à nouveau cette heure musicale avec nous, encore et encore. Grâce à eux, nous avons voyagé dans une période où nous prenions justement le temps d'apprécier les choses, la musique de cet album la reflète parfaitement. Et vu que je ne suis pas un téléchargeur fou qui consomme la musique comme les applications Iphone, je rempile sans rechigner pour la meilleure étreinte musicale de cette fraîche décennie.
Non, là n'est pas le but du couple Chassagne/Butler et de leurs acolytes avec The Suburbs. Ils sont bien plus subtils et ont grandi musicalement. Sur ce troisième album, le groupe joue l'apaisement. La grandiloquence qui échappait parfois au groupe sur Neon Bible est ici remplacée par une sérénité et une beauté particulière, une sorte de lueur blafarde visant à emplir nos âmes et nos cœurs d'une humanité se perdant au gré des manipulations politiques et médiatiques.
De média et de politique, il en est question dans ce disque où les paroles respirent la nostalgie, souvenirs empreints des seventies et de l'adolescence de Win Butler dans ces fameux "Suburbs", banlieues huppées américaines de l'époque où il a développé ses premières réflexions : "In the Suburbs I learned to drive". Cette nostalgie est confrontée à la dureté du système actuel : "Businessmen drink my blood", "I walk in line I'm a modern man", mais le groupe sait varier les thèmes et les hipsters, ces internautes accros au téléchargement, surconsommateurs de Mp3 et incapables de prendre le temps d'apprécier un album ont aussi droit à leur moment de gloire "they build it up just to burn it back down".
Et du temps, il en faut pour apprécier à sa juste valeur les sentiers musicaux de "The Suburbs". Fini les hymnes accrocheurs de Funeral et Neon Bible, fini les "No cars Go", les "Rebellion (lies)", les "Keep the car Running". Place à des chansons à tiroirs, dont la simplicité apparente cache un fourmillement de mélodies et de variations d'instruments que l'oreille, même entraînée, mettra plusieurs rotations de disque à déceler. Le meilleur exemple est le morceau titre, simpliste voire ennuyeux aux premières écoutes et qui prend toute sa saveur une fois la montée en puissance des violons en arrière plan sur la nouvelle voix de falsetto de Butler mis à jour.
Et les secrets mélodiques sont nombreux tout au long de l'album, de la tornade sonique de Rococo aux chœurs du deuxième couplet de Suburban War, préférence personnelle, tout ici transpire le travail d'orfèvre et, osons le dire, la maturité. Les montées en puissance de Ready to Start et Rococo sont bien plus intenses finalement que celles d'un Intervention, et même "Month of May", le morceau d'apparence le plus rock et le plus simple se révèle entêtant de par la ligne de chant absolument hallucinée de Butler. Jusqu'à l'avant dernier titre "Sprawl II" où le groupe ressort toute la nostalgie seventies contenue dans l'album dans une mélopée électro pop hypnotisante chantée par une Régine Chassagne plus inspirée et moins Olivia Ruizienne que jamais. Il y a bien quelques faiblesses avec Half Light I, Wasted Hours et Sprawl I mais leur beauté et leur musicalité vole bien au dessus de la moyenne.
On se quitte sur une reprise du thème de "The Suburbs" au violon avec les voix entremêlées du couple fondateur nous confiant qu'ils aimeraient bien gaspiller à nouveau cette heure musicale avec nous, encore et encore. Grâce à eux, nous avons voyagé dans une période où nous prenions justement le temps d'apprécier les choses, la musique de cet album la reflète parfaitement. Et vu que je ne suis pas un téléchargeur fou qui consomme la musique comme les applications Iphone, je rempile sans rechigner pour la meilleure étreinte musicale de cette fraîche décennie.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 12 août 2010 à 16 h 12 |
S'il faut prendre du temps pour apprécier The Suburbs, il faut aussi tenir les soixante quatre minutes et quelques qu'imposent les seize titres unis sur une ligne musicalement nostalgique et qui s'avère parfois lassante. De ce genre de disque pénible au premier abord ou non, des titres émergent systématiquement et attirent l'attention par bonheur. Il en va ainsi pour le titre d'ouverture "The Suburbs" avec son piano de western qui inspire une certaine gaieté. "Empty Room", court et rapide morceau chanté par Régine Chassagne aurait bien figuré dans Funeral. Au beau milieu, "Suburban War" titille de son empreinte mélodieuse avec une guitare amenant à celles des Byrds ou de R.E.M. vers ses débuts discographiques mais qui insuffle aussi d'une bonne brise crépusculaire par son dernier refrain. Le reste suivra peut-être avec "Rococo" et "City With No Children" qui se dévoilent peu à peu, mais que ça risque d'être long autrepart si l'effort de se balader sur le troisième album des canadiens vaut la peine qu'on s'y attarde avec les doutes qui feront passer le contenu en une banale ambiance de fond des journées ennuyeuses. Que voulez-vous ? Il arrive que des auditeurs sont plus lents que d'autres ; The Suburbs, déjà par une production bien soignée, est bien moins direct que Funeral, un peu comme The Ideal Crash ou Pocket Revolution en comparaison à Worst Case Scenario chez dEUS. On aimera ou on se lassera vite fait!
Bon 15/20
Posté le 06 septembre 2010 à 16 h 12 |
Après la grosse déception de Neon Bible, Arcade Fire avait tout à prouver. Malheureusement le groupe canadien semble avoir définitivement abandonné la belle spontanéité qui animait Funeral au profit d'un lyrisme pop qui joue clairement au dessus de ses moyens: 16 titres (en d'autres temps c'eut été un double), un soit-disant concept (oui oui on a bien capté, le mot "suburbs" revient dans chaque chanson comme caution dudit concept, et c'est un peu lourdaud), les canadiens ont mis les bouchées doubles mais le résultat manque cruellement de respirations.
Cependant il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas saluer l'entrée en matière de Butler et cie avec deux morceaux magnifiques ("The Suburbs", "Ready To Start", enflammés, victorieux). Mais c'est justement cette introduction en fanfare qui pèse lourdement sur le premier petit faux pas. En troisième position, "Modern Man", étrangement mou du genou, fait retomber le soufflé aussi vite qu'il est monté.
Les montagnes russes commencent alors leur (long) chemin: "Rococo" est superbe, "Empty Room" rappelle le meilleur de Miranda Sex Garden mais le riff anesthésiant de "City With No Children" casse bien rapidement ce nouveau départ.
Nouvelle triplette et nouvelle déception: les deux "Half Light" sont somptueux mais The Suburbs retombe ensuite dans une forme d'atonie avec "Suburban War" (vous aurez noté la réminiscence conceptuelle dans le titre) qui peine à passer la seconde. C'est curieux: beaucoup de détracteurs d'Arcarde Fire se moquent de leur aspect orchestral un peu bordélique mais c'est pourtant quand ils suivent cette voie qu'ils sont les plus convaincants. Dès que les canadiens reviennent à un format pop plus classique (et c'est le cas de leurs morceaux les moins bons ici), ils sont ennuyeux.
La plus belle preuve : ce "Month Of May" très cadré garage qui ne dégage aucune énergie et colle au béton.
La suite est à l'image des deux premiers tiers : en dents de scie. Alternant le bon ("Wasted Hours", pourtant assez traditionnel, mais impeccable mélodiquement, "We Used To Wait" et "Sprawl II", teintés eighties), le très bon ("Deep Blue", triomphal) et l'anecdotique ("Sprawl", plus étique que dépouillé).
On notera que le conceptuel "The Suburbs (continued)" (tiens tiens !) achève en finesse un disque qui rappelle à beaucoup d'égards le bien connu Kouign Amann: plutôt bon mais assez indigeste, il faut le dire.
Cependant il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas saluer l'entrée en matière de Butler et cie avec deux morceaux magnifiques ("The Suburbs", "Ready To Start", enflammés, victorieux). Mais c'est justement cette introduction en fanfare qui pèse lourdement sur le premier petit faux pas. En troisième position, "Modern Man", étrangement mou du genou, fait retomber le soufflé aussi vite qu'il est monté.
Les montagnes russes commencent alors leur (long) chemin: "Rococo" est superbe, "Empty Room" rappelle le meilleur de Miranda Sex Garden mais le riff anesthésiant de "City With No Children" casse bien rapidement ce nouveau départ.
Nouvelle triplette et nouvelle déception: les deux "Half Light" sont somptueux mais The Suburbs retombe ensuite dans une forme d'atonie avec "Suburban War" (vous aurez noté la réminiscence conceptuelle dans le titre) qui peine à passer la seconde. C'est curieux: beaucoup de détracteurs d'Arcarde Fire se moquent de leur aspect orchestral un peu bordélique mais c'est pourtant quand ils suivent cette voie qu'ils sont les plus convaincants. Dès que les canadiens reviennent à un format pop plus classique (et c'est le cas de leurs morceaux les moins bons ici), ils sont ennuyeux.
La plus belle preuve : ce "Month Of May" très cadré garage qui ne dégage aucune énergie et colle au béton.
La suite est à l'image des deux premiers tiers : en dents de scie. Alternant le bon ("Wasted Hours", pourtant assez traditionnel, mais impeccable mélodiquement, "We Used To Wait" et "Sprawl II", teintés eighties), le très bon ("Deep Blue", triomphal) et l'anecdotique ("Sprawl", plus étique que dépouillé).
On notera que le conceptuel "The Suburbs (continued)" (tiens tiens !) achève en finesse un disque qui rappelle à beaucoup d'égards le bien connu Kouign Amann: plutôt bon mais assez indigeste, il faut le dire.
Sympa 14/20
Posté le 15 septembre 2010 à 01 h 22 |
Non définitivement, non, je ne comprends pas.
Et si j'emploie le "je", c'est pour ne pas me placer en détenteur de la vérité musicale ultime. Juste pour essayer de comprendre.
J'ai toujours eu du mal avec les "phénomènes du moment". Rien que de voir un groupe proclamé "sauveur du rock", ca me fait peur, j'ai l'impression qu'on en trouve tout les ans un différent. A croire que notre époque est dans une telle impasse créative, dans un tel manque d'icônes, que les premiers venus font l'affaire, peu importe ce qu'ils proposent.
Et puis autant le dire, Arcade Fire, pour moi, c'est ca. Des mecs pas plus doués que les autres, voir même un peu moins, qui par un habile concours de circonstances ont été projetés en "sauveurs du rock"...
Ah, "sauveurs du rock"... Comme s'il avait besoin d'être sauvé le rock, et surtout par... ça. Pour une musique qui a su toujours évolué, s'adapter, refléter l'esprit d'une époque avec puissance, il est drôle de la supposer sauvé par un groupe sonnant avec des années de retard.
Parce que si j'avoue avoir trouvé un certain charme au premier opus, supporté quelques chansons du second, la ce n'est plus possible du tout. Et je n'ai pas écouté cet album avec des préjugés pour le détruire, je m'intéresse toujours avec ouverture à l'évolution d'un groupe, n'écartant jamais la possible surprise mais là, la coupe est pleine! Comment peut on consciemment trouver "novateur" un truc sonnant aussi vieillot, s'appuyant autant sur de vieilles ficelles qu'on a entendu milles fois ailleurs... En mieux...
Voilà donc ce qui sauvera cette musique qu'on aime tant... Une troupe d'amateurs du passé, nostalgique d'une époque qu'ils n'ont pas connu et dont ils tentent désespérément de retrouver la vibration originelle. Encore une fois, Arcade Fire n'invente rien mais le public applaudit quand même. Il faut une idole, un sauveur, quelque chose qui nous appartiennent maintenant que les grands noms sont tous à la retraite et que notre époque est incontestablement vide de "légende".
En terminant l'écoute de cet album, je me dis qu'au fond, le public a peut être raison. Arcade Fire représente bien notre époque: englué dans un marasme ambiant, incapable d'innover, condamné à copier sans cesse avec l'espoir utopique d'arriver au niveau des grands. Utopique j'insiste sur ce mot, car Arcade Fire ne sauvera rien cette fois encore et il est fort probable qu'une nouvelle icône du moment vienne prendre sa place prochainement, si ce n'est pas déjà fait d'ailleurs...
Et si j'emploie le "je", c'est pour ne pas me placer en détenteur de la vérité musicale ultime. Juste pour essayer de comprendre.
J'ai toujours eu du mal avec les "phénomènes du moment". Rien que de voir un groupe proclamé "sauveur du rock", ca me fait peur, j'ai l'impression qu'on en trouve tout les ans un différent. A croire que notre époque est dans une telle impasse créative, dans un tel manque d'icônes, que les premiers venus font l'affaire, peu importe ce qu'ils proposent.
Et puis autant le dire, Arcade Fire, pour moi, c'est ca. Des mecs pas plus doués que les autres, voir même un peu moins, qui par un habile concours de circonstances ont été projetés en "sauveurs du rock"...
Ah, "sauveurs du rock"... Comme s'il avait besoin d'être sauvé le rock, et surtout par... ça. Pour une musique qui a su toujours évolué, s'adapter, refléter l'esprit d'une époque avec puissance, il est drôle de la supposer sauvé par un groupe sonnant avec des années de retard.
Parce que si j'avoue avoir trouvé un certain charme au premier opus, supporté quelques chansons du second, la ce n'est plus possible du tout. Et je n'ai pas écouté cet album avec des préjugés pour le détruire, je m'intéresse toujours avec ouverture à l'évolution d'un groupe, n'écartant jamais la possible surprise mais là, la coupe est pleine! Comment peut on consciemment trouver "novateur" un truc sonnant aussi vieillot, s'appuyant autant sur de vieilles ficelles qu'on a entendu milles fois ailleurs... En mieux...
Voilà donc ce qui sauvera cette musique qu'on aime tant... Une troupe d'amateurs du passé, nostalgique d'une époque qu'ils n'ont pas connu et dont ils tentent désespérément de retrouver la vibration originelle. Encore une fois, Arcade Fire n'invente rien mais le public applaudit quand même. Il faut une idole, un sauveur, quelque chose qui nous appartiennent maintenant que les grands noms sont tous à la retraite et que notre époque est incontestablement vide de "légende".
En terminant l'écoute de cet album, je me dis qu'au fond, le public a peut être raison. Arcade Fire représente bien notre époque: englué dans un marasme ambiant, incapable d'innover, condamné à copier sans cesse avec l'espoir utopique d'arriver au niveau des grands. Utopique j'insiste sur ce mot, car Arcade Fire ne sauvera rien cette fois encore et il est fort probable qu'une nouvelle icône du moment vienne prendre sa place prochainement, si ce n'est pas déjà fait d'ailleurs...
Nul 3/20
Posté le 17 octobre 2010 à 11 h 58 |
Oui : comme beaucoup je me suis arrêté devant cette affiche "les sauveurs du rock"... absolument pathétique. Une fois passée l'idée de cette affirmation totalement gratuite et galvaudée, j'ai écouté cet album à la pochette pourtant si sobre et éloignée de tout ce tintamarre médiatique.
The Suburbs est un très bon album aux antipodes des titres pompiers de la presse à sa sortie. Bien sur Arcade Fire n'as pas réinventé son rock depuis son précèdent "Black Miror" mais il en explore des facettes plus intimistes en allant vers des univers sonores que l'on avait jusqu'ici entre-aperçus (rock presque curiste de de "Modern Man", pop 80's flirtant avec le kitch de "Sprawl II").
Et puis ensuite il y a ce bordel organisé absolument génial qui est la patte du Groupe et dont on ne se lasse pas ("Empty Room" et ses violons épileptiques par exemple). Il y a ces mélodies efficaces qui soulèvent immédiatement le cul des paresseux en concert ("Ready To Start") et ses airs parfois un brin baroque ("Roccoco"), ces montées en puissance sur des arpèges planants ("Suburban War") et, enfin, toutes ses textures sonores fruits d'une recherche sans fin d'instruments parfois rendus méconnaissables a coup de maltraitance, de temps à autre, physique (à voir en live pour s'en convaincre).
Peut être qu'Arcade Fire n'a pas sauvé le rock mais cette petite contribution a son histoire reste quand même un coup de maitre.
The Suburbs est un très bon album aux antipodes des titres pompiers de la presse à sa sortie. Bien sur Arcade Fire n'as pas réinventé son rock depuis son précèdent "Black Miror" mais il en explore des facettes plus intimistes en allant vers des univers sonores que l'on avait jusqu'ici entre-aperçus (rock presque curiste de de "Modern Man", pop 80's flirtant avec le kitch de "Sprawl II").
Et puis ensuite il y a ce bordel organisé absolument génial qui est la patte du Groupe et dont on ne se lasse pas ("Empty Room" et ses violons épileptiques par exemple). Il y a ces mélodies efficaces qui soulèvent immédiatement le cul des paresseux en concert ("Ready To Start") et ses airs parfois un brin baroque ("Roccoco"), ces montées en puissance sur des arpèges planants ("Suburban War") et, enfin, toutes ses textures sonores fruits d'une recherche sans fin d'instruments parfois rendus méconnaissables a coup de maltraitance, de temps à autre, physique (à voir en live pour s'en convaincre).
Peut être qu'Arcade Fire n'a pas sauvé le rock mais cette petite contribution a son histoire reste quand même un coup de maitre.
Excellent ! 18/20
Posté le 24 octobre 2010 à 10 h 45 |
Avec Funeral, Arcade Fire signait en 2004 un des meilleurs albums de la décennie. Évidemment attendu au tournant, Neon Bible, leur second disque, ne fit pas la même unanimité. Alors forcément, on attendait de voir comment sonnerait le 3e opus, les plus septiques enterrant déjà le groupe avant même la sortie de ce nouvel essai. Après 3 ans d'attente, le temps du verdict est enfin arrivé.
Si les geeks de tout poil sauront surement apprécier les 8 pochettes différentes de The Suburbs (toutes plutôt cool d'ailleurs), on n'ira pas jusqu'à parler d'album concept, parce que s'il y en a un, on ne voit pas vraiment où il est (à part peut-être de dire le titre du disque dans chaque chanson...).
Qu'importe, ce n'est pas vraiment cela qui nous intéresse.
Côté contenu, il y a pourtant de quoi être dubitatif au moment des premières écoutes. L'album est long, ce qui n'aide pas à s'approprier les chansons, mais on est surtout surpris d'entendre aussi peu Régine Chassagne au chant, pire encore, les compositions semblent avoir perdu la touche de folie qui rendait Arcade Fire autre fois si attachant. En somme, le groupe semble être rentré dans le rang et nous avoir pondu un album assez banal. Pourtant, l'auditeur serait bien inspiré de ne pas en rester à cette première impression qui ne perdurera pas très longtemps.
Car après avoir engrangé les écoutes de ce disque, on finit par se rendre compte que tout ce que l'on aimait chez Arcade Fire est toujours là, c'est juste plus discret au premier abord, plus subtil. Ces moments où l'on ne sait pas s'il faut sourire ou pleurer sont toujours présents mais vous pètent moins à la figure.
Et puis, certes le disque est long, mais il varie habilement les ambiances tout en proposant un enchainement des titres presque parfait. Ainsi, le 80's "Modern Man", le stoner "Month Of May" (titre qui prend essentiellement de l'ampleur live), la ballade acoustique "Wasted Hours" (LE titre qu'il ne faudra pas oublier lors de vos soirées autour du feu l'été prochain) ou le Blondie-Like "Sprawl II" (pour ne citer qu'eux) parviennent à cohabiter sans que le disque ne paraisse bancal à aucun moment.
Rien à faire, The Suburbs est bien meilleur que ce que l'on pouvait craindre de prime abord, même les morceaux un peu en dessous du lot (bien peu nombreux au demeurant) finissent par s'attirer notre sympathie.
Moins grandiloquent que ses prédécesseurs, The Suburbs peut paraitre un peu terne lors des premiers contacts. Il est pourtant un album particulièrement intéressant puisqu'il se découvre petit à petit, distillant progressivement toutes ses richesses à l'auditeur.
On finit par ne plus avoir grand-chose à lui reprocher, si ce n'est peut-être une production relativement moyenne.
Arcade Fire a eu l'intelligence de revoir son approche de la musique sans pour autant faire table rase de ses racines. Il en sort un album convaincant et cohérent, surement l'un des meilleurs de 2010 et un cran au dessus de son prédécesseur.
Si les geeks de tout poil sauront surement apprécier les 8 pochettes différentes de The Suburbs (toutes plutôt cool d'ailleurs), on n'ira pas jusqu'à parler d'album concept, parce que s'il y en a un, on ne voit pas vraiment où il est (à part peut-être de dire le titre du disque dans chaque chanson...).
Qu'importe, ce n'est pas vraiment cela qui nous intéresse.
Côté contenu, il y a pourtant de quoi être dubitatif au moment des premières écoutes. L'album est long, ce qui n'aide pas à s'approprier les chansons, mais on est surtout surpris d'entendre aussi peu Régine Chassagne au chant, pire encore, les compositions semblent avoir perdu la touche de folie qui rendait Arcade Fire autre fois si attachant. En somme, le groupe semble être rentré dans le rang et nous avoir pondu un album assez banal. Pourtant, l'auditeur serait bien inspiré de ne pas en rester à cette première impression qui ne perdurera pas très longtemps.
Car après avoir engrangé les écoutes de ce disque, on finit par se rendre compte que tout ce que l'on aimait chez Arcade Fire est toujours là, c'est juste plus discret au premier abord, plus subtil. Ces moments où l'on ne sait pas s'il faut sourire ou pleurer sont toujours présents mais vous pètent moins à la figure.
Et puis, certes le disque est long, mais il varie habilement les ambiances tout en proposant un enchainement des titres presque parfait. Ainsi, le 80's "Modern Man", le stoner "Month Of May" (titre qui prend essentiellement de l'ampleur live), la ballade acoustique "Wasted Hours" (LE titre qu'il ne faudra pas oublier lors de vos soirées autour du feu l'été prochain) ou le Blondie-Like "Sprawl II" (pour ne citer qu'eux) parviennent à cohabiter sans que le disque ne paraisse bancal à aucun moment.
Rien à faire, The Suburbs est bien meilleur que ce que l'on pouvait craindre de prime abord, même les morceaux un peu en dessous du lot (bien peu nombreux au demeurant) finissent par s'attirer notre sympathie.
Moins grandiloquent que ses prédécesseurs, The Suburbs peut paraitre un peu terne lors des premiers contacts. Il est pourtant un album particulièrement intéressant puisqu'il se découvre petit à petit, distillant progressivement toutes ses richesses à l'auditeur.
On finit par ne plus avoir grand-chose à lui reprocher, si ce n'est peut-être une production relativement moyenne.
Arcade Fire a eu l'intelligence de revoir son approche de la musique sans pour autant faire table rase de ses racines. Il en sort un album convaincant et cohérent, surement l'un des meilleurs de 2010 et un cran au dessus de son prédécesseur.
Très bon 16/20
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