Nightstick

Si les trois mecs les plus fainéants des Etats-Unis braquaient la réserve de la Cannabis Cup et décidaient de fonder un groupe de stoner garage rock psychédélique, ça serait Nightstick, haut la main. À l'écoute de Ultimatum, on se demande s'ils ont réellement la force de tenir leurs instruments... On tend l'oreille à la recherche d'un accord, d'un tant soit peu de musicalité au milieu des larsens, mais non, rien... Peut-être deux trois notes qui s'étirent à n'en plus finir... Le chant ? Oui, quand ils y pensent, ils meuglent quelques borborygmes et avec de la chance, ils le font devant un micro... Bon, ils ont une dent contre leur patrie $ : la pochette bien sûr, mais également une poignée de titres bien sentis ("United Snakes", "The Pentagon", "Pig In Shit", "Fore More Years") et un esprit hard core underground clairement affiché. Par contre cet album est sans doute le plus décérébré de leur discographie. Nightstick renvoie vraiment l'impression de s'être perdu dans les cames de toutes sortes et de planer à des années lumières de notre réalité... Les descentes de speed réveillent un poil, "Pig In Shit" en tête, mais sinon, c'est un long voyage copieusement embrumé dans les méandres labyrinthiques d'un trip à l'ecstasy... Le trio triture ses instruments comme des sexes molasses, s'escrimant des douze minutes ("Ultimatum", "Fore More Years") au bord de l'engourdissement sans jamais parvenir à l'orgasme... Morceaux que l'on croirait inachevés et dont on recherche même le début tant les structures sont bancales, nous avons plutôt affaire à des espaces sonores mal dégrossis aux finitions plus qu'approximatives, "August 6, 1945" en tête... Tout est ralenti à l'extrême, le cerveau comme privé d'oxygène... Basse vrombissante, guitare hendrixienne à l'occasion...
Mais c'est bon, incroyablement bon, car Nightstick a le don, une certaine vision de la musique et le label idéal pour promouvoir ses délires : Relapse. Je ne le répèterai pas éternellement, mais si y a des amateurs de stoner authentique qui ne connaissent pas ce groupe, ils passent à côté d'une sacrée perle...