Antony And The Johnsons
Thank You For Your Love - EP |
Label :
Secretly Canadian |
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Antony Hegarty, après avoir composé trois albums somptueux, reprend sa plume et s'attaque à sa nouvelle page blanche. En marge des genres musicaux à étiquettes, reconnaissable entre tous par sa voix dramatique toute en courbes ondulées et vibratos légers, le chanteur androgyne à l'étroit dans ses sandales nous montre ici un avant-goût de la pièce "full-length" qu'il fera paraître quelques mois plus tard, son "Cygne de Lumière".
Et même si, une fois de plus, Antony nous fait du Antony comme au bon vieux temps, il ne se montre pas systématiquement où on l'attendait et s'arroge le droit de nous étonner une fois de plus avec entre autre deux reprises inspirées de deux géants, Dylan et Lennon themselves. On connaissait l'habitude qu'avait le monsieur de teinter son art d'une tristesse inconsolable, de projeter la souffrance née de sa volonté de transcender les sexes au plus profond de sa musique (sans pour autant en faire des tonnes), quelle fut notre surprise de ne percevoir dans la chanson titre que sérénité et gratitude ! "Thank You For Your Love". S'adressant à qui veut l'entendre, Antony prône l'amour, celui qui comble l'homme désespéré, l'amour qui sauve (qui le sauva ?) et se montre libéré de toute souffrance. Et on ne se refait pas, avec Antony la moindre émotion est inoculée à l'auditeur puissance dix. La paix nous envahit, tandis que s'enchaînent les deux morceaux suivants, tout en subtilité. "You Are The Treasure", présent sur la réédition bonus de Crying Light, étale sa sérénité sur une note répétée inlassablement. Uniquement présente sur cet EP, la composition "My Lord My Love" se laisse apprivoiser en douceur, toute en mélancolie. Mais on a l'habitude, avec Antony, ce terrain-ci est connu. Il est maintenant venu le temps des deux covers évoqués plus haut. Comme l'artiste intègre qu'il est, Antony sait s'approprier une chanson et faire du neuf avec du vieux. "Pressing On", de Bob Dylan, à l'origine un gospel venu tout droit de sa période "chrétienne", est ici transformée en une chose complètement différente. Un vibraphone, léger comme la brise, accompagne la guitare acoustique et le chant d'Antony qui, selon le moment, semble réciter une comptine et se prêter au jeu du gospel, un gospel très personnel. La dernière note de vibraphone se fondant dans le silence, la guitare des Johnsons entame les accords mondialement connus d'"Imagine". Si avant que la chanson ne commence un a-priori négatif s'était formé de lui-même (oui, franchement, cette chanson a été diffusée et rediffusée jusqu'à la nausée, des années 70 jusqu'à encore aujourd'hui), il aura disparu, honteux, avant la fin du morceau. Sur cette reprise, Antony chante différemment l'utopie de Lennon. Il parle à la première personne, une manière de dire "J'ai essayé, John, j'ai imaginé ton paradis et j'y ai pénétré, nu de tout égoïsme et de toute violence, comme tu me l'avait conseillé". En fond, derrière la guitare et le chant, on croit entendre des bruitages étouffés, comme des échos. Une manière pour Antony de personnifier son jardin d'Eden ? Peu importe, c'est son paradis, pas le nôtre, seul compte la musique et les émotions à ce niveau-là. Le reste n'appartient qu'à lui, on serait malavisé d'y pénétrer.
Un pas de plus dans le monde lyrique d'Antony Hegarty. Le prochain pas, c'est Swanlight, un pas de géant pour un petit homme solitaire.
Et même si, une fois de plus, Antony nous fait du Antony comme au bon vieux temps, il ne se montre pas systématiquement où on l'attendait et s'arroge le droit de nous étonner une fois de plus avec entre autre deux reprises inspirées de deux géants, Dylan et Lennon themselves. On connaissait l'habitude qu'avait le monsieur de teinter son art d'une tristesse inconsolable, de projeter la souffrance née de sa volonté de transcender les sexes au plus profond de sa musique (sans pour autant en faire des tonnes), quelle fut notre surprise de ne percevoir dans la chanson titre que sérénité et gratitude ! "Thank You For Your Love". S'adressant à qui veut l'entendre, Antony prône l'amour, celui qui comble l'homme désespéré, l'amour qui sauve (qui le sauva ?) et se montre libéré de toute souffrance. Et on ne se refait pas, avec Antony la moindre émotion est inoculée à l'auditeur puissance dix. La paix nous envahit, tandis que s'enchaînent les deux morceaux suivants, tout en subtilité. "You Are The Treasure", présent sur la réédition bonus de Crying Light, étale sa sérénité sur une note répétée inlassablement. Uniquement présente sur cet EP, la composition "My Lord My Love" se laisse apprivoiser en douceur, toute en mélancolie. Mais on a l'habitude, avec Antony, ce terrain-ci est connu. Il est maintenant venu le temps des deux covers évoqués plus haut. Comme l'artiste intègre qu'il est, Antony sait s'approprier une chanson et faire du neuf avec du vieux. "Pressing On", de Bob Dylan, à l'origine un gospel venu tout droit de sa période "chrétienne", est ici transformée en une chose complètement différente. Un vibraphone, léger comme la brise, accompagne la guitare acoustique et le chant d'Antony qui, selon le moment, semble réciter une comptine et se prêter au jeu du gospel, un gospel très personnel. La dernière note de vibraphone se fondant dans le silence, la guitare des Johnsons entame les accords mondialement connus d'"Imagine". Si avant que la chanson ne commence un a-priori négatif s'était formé de lui-même (oui, franchement, cette chanson a été diffusée et rediffusée jusqu'à la nausée, des années 70 jusqu'à encore aujourd'hui), il aura disparu, honteux, avant la fin du morceau. Sur cette reprise, Antony chante différemment l'utopie de Lennon. Il parle à la première personne, une manière de dire "J'ai essayé, John, j'ai imaginé ton paradis et j'y ai pénétré, nu de tout égoïsme et de toute violence, comme tu me l'avait conseillé". En fond, derrière la guitare et le chant, on croit entendre des bruitages étouffés, comme des échos. Une manière pour Antony de personnifier son jardin d'Eden ? Peu importe, c'est son paradis, pas le nôtre, seul compte la musique et les émotions à ce niveau-là. Le reste n'appartient qu'à lui, on serait malavisé d'y pénétrer.
Un pas de plus dans le monde lyrique d'Antony Hegarty. Le prochain pas, c'est Swanlight, un pas de géant pour un petit homme solitaire.
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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