Shoes

Peut-on faire plus romantique que les Shoes ? Existe-t-il une musique plus romanesque que la leur ? Il y a une telle vulnérabilité chez eux, une telle innocence... Ces gens-là chantent les amours contrariés comme s'il ne s'étaient jamais essayés une seule fois à la masturbation. Leurs harmonies, si divinement exécutées, ouvrent à elles seules un monde de pureté et d'exaltation.
Et ce monde-là, ils l'ont crée dans un salon. Époque Do It Yourself oblige qui, comme l'a rappelé si justement Rhino dans ses merveilleuses compilations, était du côté US l'apanage d'une scène à la recherche d'élégance: la power pop. Avec leur Black Vinyl, les Shoes se posaient là comme une sorte de summum d'élégance, rendant toute autre chose ou presque d'une vulgarité allemande. Ce Black Vinyl Shoes au son si singulier, emmitouflé dans une fuzz pâteuse, les guitares résonnant comme de rugueuses nappes de synthé (toujours déconcertant la première fois). Et ces chansons, incroyables, escalades de volupté, plus attendrissantes qu'un nouveau-né. Ces "Boys Don't Lie", ces "Tragedy", ces... ces "Do You Wanna Get Lucky?" !
Mon Elvis... "Do You Wanna Get Lucky?".... les 3 minutes s'achèvent et c'est comme si on venait de voir Jules Et Jim 5 fois de suite après une rupture avec Scarlett Johansson. Une huée de romantisme implorant cette chanson. Pleurs pleurs pleurs...