Kat Onoma
Kat Onoma |
Label :
EMI |
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"Kat Oto... Kan Onota... no, wait, it's Kat Otoma ? Kat... Kat Onoma, K-A-T-O-N-O-M-A, Kat Onoma".
Pendant que les membres de la chorale gospel The London Community, invités à participer au présent album, s'échinent à épeler correctement le nom du groupe français qu'ils accompagnent, le disque démarre. On ne le sait pas encore alors, mais ce sera le dernier témoignage du groupe de Rodolph Burger et Philippe Poirier. Kat Onoma marque la fin d'une longue carrière débutée en 1986 et passée dans l'indifférence totale du public, ce malgré l'adoubement du groupe par, entre autres, Françoise Hardy et Alain Bashung (d'ailleurs remercié dans les crédits). Il faut dire que le groupe n'avait aucun "potentiel commercial", comme disait ironiquement Frank Zappa ; une voix d'outre tombe dénuée d'émotion, une musique sombre et une image élitiste due aux paroles tirées de textes d'auteurs comme Shakespeare ou Jack Spicer. Tant pis pour le grand public, qui passa à côté de l'excellent chant du cygne de Kat Onoma.
Pour son au-revoir, la bande à Burger s'essaie à l'électronique. Canalisé par la production riche de Ian Caple (qui a l'habitude des voix caverneuses, entre les Tindersticks et Bashung), le groupe intègre des rythmes trip-hop du meilleur effet dans leur musique. Loin d'insérer la bande dans une case de tendance trip-hop, ces textures nouvelles constituent un nouveau prétexte pour avancer tout en expérimentant. "Family Dingo" en est une belle illustration, donnant dans une urgence teintée de mal-être où l'anglais côtoie le français à chaque coin de phrase.
L'utilisation de l'anglais est d'ailleurs, peut-être, le seul point de leur musique qui me chagrine. En effet, l'accent de Burger n'est pas très bon, le ton un peu plat ne rend pas justice à cette langue aux mille nuances (reproche valable d'ailleurs pour nombre d'autres froggies). Heureusement la qualité des textes, imputables pour la plupart à Jack Spicer, rattrape cette légère faiblesse.
Ainsi se parcourt l'album, entre rythmes digitaux, murs de guitares, choeurs gospels sur "Old Trouble" et "Change Blues", sons de machines sur l'intense "Scie Electrique".
Après plusieurs écoutes, la chanson qui reste, et restera probablement quand les autres auront disparues de notre mémoire fatiguée, c'est bien "Que sera votre vie ?", dont les cordes touchent notre fibre sensible pour exprimer leur spleen insondable. Sur ce morceau parmi tous les autres, la voix de Burger se fait épique et grave dans son registre bas.
Que sera notre vie quand le groupe aura disparu ? Un peu moins sombre peut-être, mais dénuée de regrets. Après avoir bien vécu, publié au moins un chef-d'oeuvre, Kat Onoma peut décemment retourner au silence pendant que ses membres poursuivent leurs propres chemins. (voir à ce propos la carrière solo de Burger)
Pendant que les membres de la chorale gospel The London Community, invités à participer au présent album, s'échinent à épeler correctement le nom du groupe français qu'ils accompagnent, le disque démarre. On ne le sait pas encore alors, mais ce sera le dernier témoignage du groupe de Rodolph Burger et Philippe Poirier. Kat Onoma marque la fin d'une longue carrière débutée en 1986 et passée dans l'indifférence totale du public, ce malgré l'adoubement du groupe par, entre autres, Françoise Hardy et Alain Bashung (d'ailleurs remercié dans les crédits). Il faut dire que le groupe n'avait aucun "potentiel commercial", comme disait ironiquement Frank Zappa ; une voix d'outre tombe dénuée d'émotion, une musique sombre et une image élitiste due aux paroles tirées de textes d'auteurs comme Shakespeare ou Jack Spicer. Tant pis pour le grand public, qui passa à côté de l'excellent chant du cygne de Kat Onoma.
Pour son au-revoir, la bande à Burger s'essaie à l'électronique. Canalisé par la production riche de Ian Caple (qui a l'habitude des voix caverneuses, entre les Tindersticks et Bashung), le groupe intègre des rythmes trip-hop du meilleur effet dans leur musique. Loin d'insérer la bande dans une case de tendance trip-hop, ces textures nouvelles constituent un nouveau prétexte pour avancer tout en expérimentant. "Family Dingo" en est une belle illustration, donnant dans une urgence teintée de mal-être où l'anglais côtoie le français à chaque coin de phrase.
L'utilisation de l'anglais est d'ailleurs, peut-être, le seul point de leur musique qui me chagrine. En effet, l'accent de Burger n'est pas très bon, le ton un peu plat ne rend pas justice à cette langue aux mille nuances (reproche valable d'ailleurs pour nombre d'autres froggies). Heureusement la qualité des textes, imputables pour la plupart à Jack Spicer, rattrape cette légère faiblesse.
Ainsi se parcourt l'album, entre rythmes digitaux, murs de guitares, choeurs gospels sur "Old Trouble" et "Change Blues", sons de machines sur l'intense "Scie Electrique".
Après plusieurs écoutes, la chanson qui reste, et restera probablement quand les autres auront disparues de notre mémoire fatiguée, c'est bien "Que sera votre vie ?", dont les cordes touchent notre fibre sensible pour exprimer leur spleen insondable. Sur ce morceau parmi tous les autres, la voix de Burger se fait épique et grave dans son registre bas.
Que sera notre vie quand le groupe aura disparu ? Un peu moins sombre peut-être, mais dénuée de regrets. Après avoir bien vécu, publié au moins un chef-d'oeuvre, Kat Onoma peut décemment retourner au silence pendant que ses membres poursuivent leurs propres chemins. (voir à ce propos la carrière solo de Burger)
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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