Kat Onoma
Stock Phrases |
Label :
Justine |
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Stock Phrases, ce que j'ai pu écouter cet album à sa sortie ! C'était en 1990, j'étais plein d'illusions, d'acné, et je rentrai à la fac. Je me souviens des amphis crados, des salles de TD bondées, de couloirs aux murs de béton recouverts d'affiches en deux couleurs maxi annonçant les concerts ou les soirées à venir, des grappes de petites annonces qui allaient du franchement sordide au plus invraisemblable, et puis les mots d'ordre des syndicats étudiants placardés en rouge, ou les pages de fanzines collées, déchirées, recollées, puis déchirées à nouveau, etc. Bref, l'environnement parfait pour découvrir Kat Onoma, son univers bancal et obsédant, ses guitares et sa trompette qui pique, et surtout la voix de Rodolphe Burger, reconnaissable entre toutes. Bien sûr dans l'autoradio, même à fond, l'effet Stock Phrases n'était pas le même que "Welcome in the Jungle" de Guns N' Roses, et personne ne se retournait pour me voir garer ma Samba Sympa dans le parking de la fac. Il manquait les explosions tonitruantes et les gros sons de guitares hurlant à pleins décibels. Et Burger, c'est pas Axl Rose non plus, ils jouent pas dans la même catégorie ces deux-là. Mais de tout ça je m'en foutais. J'étais plutôt du genre introverti et la musique de Kat Onoma me convenait très bien ; pas de refrain à beugler avec 30.000 types sentant la sueur et la bière dans des stades de foot, des patinoires ou des boîtes portant des noms de missile ; pas de riffs non plus, taillés exprès pour arriver sur scène en dragster. Ce disque, c'était un concept beaucoup plus subtil qui faisait découvrir à l'impétrant que j'étais le Velvet, Lou Reed, Iggy Pop et Nick Cave. En plus, avec la réputation d'intellos que le groupe se traînait – on racontait que c'étaient d'anciens profs de philo reconvertis dans le rock et que leur nom devait signifier un vague truc en grec ancien – je pouvais me la péter auprès des bêcheuses des premiers rangs de l'amphi de lettres, puisque celles des derniers rangs, elles étaient réservées aux sosies de Slash et autres mini-Robert Plant sur le retour. Faut dire aussi qu'ils avaient vachement la classe, Kat Onoma. Grâce à eux, j'ai appris qu'on pouvait tout à fait être crédible dans le domaine du rock sans forcément devoir porter perfecto, gants noirs et chapeau ridicule, ni sauter sur une chaise en boxer Dim blanc avec un bandana sur la tête. Et cela sans faire de vous pour autant un blaireau à la Duran Duran. Bref, Kat Onoma c'était vraiment bien, et quand je vois le succès des National aujourd'hui, je me dis que ces gars-là étaient des avant-gardistes !
Aujourd'hui, presque un quart de siècle plus tard, en réécoutant Stock Phrases, c'est encore que du plaisir. Le son n'a pas pris une ride, c'est toujours aussi clair, et certains morceaux comme "The Animals", "Lady M" ou "The Landscape" sont toujours percutants. En plus, depuis le temps, j'ai appris à faire attention aux textes, et là pareil, Kat Onoma tient vraiment la route. Des esthètes vous dis-je...
Aujourd'hui, presque un quart de siècle plus tard, en réécoutant Stock Phrases, c'est encore que du plaisir. Le son n'a pas pris une ride, c'est toujours aussi clair, et certains morceaux comme "The Animals", "Lady M" ou "The Landscape" sont toujours percutants. En plus, depuis le temps, j'ai appris à faire attention aux textes, et là pareil, Kat Onoma tient vraiment la route. Des esthètes vous dis-je...
Très bon 16/20 | par Adishatz |
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