Basement 5
1965-1980 |
Label :
Island |
||||
Les sirènes retentissent, la basse s'installe et c'est parti pour une des plus originales aventures du post-punk.
Basement 5 ? Si le nom ne vous évoque rien, c'est normal. Naturellement éclipsés par Public Image Limited, dont ils assureront la première partie, et absolument pas promus par leur label (alors trop occupé à bichonner U2), le groupe sera condamné à l'oubli et ira vite rejoindre les trésors oubliés de cette époque charnière du rock. Souvent taxé de "PiL black" (et non sans raison), le Basement 5 est bien plus qu'un simple ersatz basané de la bande à Lydon.
Né en 1978 d'un métissage culturel qui deviendra bientôt à la mode, Basement 5 est un des premiers groupes avec les Specials à mélanger punk et reggae. Mais attention, ici pas de spiritualité exacerbée, halte aux échappées cosmiques et autres Jah ! Dennis Morris, photographe des Sex Pistols (on lui doit l'idée de la boîte métallique comme support physique du deuxième PiL ainsi que la troublante photo du First Issue) et de Bob Marley, s'improvise chanteur et est très clair sur un point : Basement 5 sera politique ou ne sera pas. Témoignage au vitriol de l'Angleterre Thatcher, l'album dépeint la pauvreté et le racisme qui imprègnent le pays. Et pour donner plus de force à leur discours, Morris, J.R., Leo Williams et Richard Dudanski s'équipent des effets qui firent la puissance de PiL. Au menu donc, guitares abrasives, claviers acérés et basses étouffantes. Mais surtout, au dessus de tout ça, la voix de Morris. Guttural, malade, charriant des râles à n'en plus finir, l'organe du photographe est au moins l'égal de celui de John Lydon dans la catégorie "psychopathe qui ne sait pas chanter".
Mais ce qui fait vraiment entrer cet album dans la cour des (très) grands, c'est bien la production. Confiée à nul autre que Martin Hannett, celle-ci plombe littéralement toute chaleur. Issu du reggae, le son du groupe devait bien à l'origine comporter une certaine ambiance cool, un minimum de souplesse. Si cela avait été un jour le cas, Hannett s'est depuis assuré de le gommer proprement... Le son est froid et cassant, les rythmes de batterie s'enchaînent, mécaniques, accompagnées par les notes de basses assénées comme autant de coups de poing dans le bide (écouter à l'occasion "Omega Man"). Les parties qui conservent un semblant de décontraction reggae ("Hard Work" en tête, où Dennis Morris semble plus fatigué que révolté) se révèlent d'ailleurs être les parties les plus faibles de l'album. Et si cela ne vous suffit pas, écoutez l'EP In Dub qui sortira peu après et contient les versions dub des chansons ici présentes, pour un résultat bien plus faible que ce 1965-1980.
Le producteur qui chouchouta plus tôt les Joy Division admettra que son travail sur cet album fut de mémoire le plus éreintant qu'il ai fourni. Et le résultat le prouve : reggae sec qui sent la marie-jeanne froide, punk engourdi porté par une voix fatiguée, comment catégoriser la créature étrange dont accoucha le groupe ? En bafouant sans vergogne l'identité sonore première du Basement 5, tel un Phil Spector new-wave apposant sa griffe sur tout ce qui passait à portée de sa console de mixage, Hannett réussit là, l'air de rien, un de ses coups de maître. Et un des chefs-d'œuvre oubliés du post-punk.
Parfois, la mégalomanie a du bon...
Basement 5 ? Si le nom ne vous évoque rien, c'est normal. Naturellement éclipsés par Public Image Limited, dont ils assureront la première partie, et absolument pas promus par leur label (alors trop occupé à bichonner U2), le groupe sera condamné à l'oubli et ira vite rejoindre les trésors oubliés de cette époque charnière du rock. Souvent taxé de "PiL black" (et non sans raison), le Basement 5 est bien plus qu'un simple ersatz basané de la bande à Lydon.
Né en 1978 d'un métissage culturel qui deviendra bientôt à la mode, Basement 5 est un des premiers groupes avec les Specials à mélanger punk et reggae. Mais attention, ici pas de spiritualité exacerbée, halte aux échappées cosmiques et autres Jah ! Dennis Morris, photographe des Sex Pistols (on lui doit l'idée de la boîte métallique comme support physique du deuxième PiL ainsi que la troublante photo du First Issue) et de Bob Marley, s'improvise chanteur et est très clair sur un point : Basement 5 sera politique ou ne sera pas. Témoignage au vitriol de l'Angleterre Thatcher, l'album dépeint la pauvreté et le racisme qui imprègnent le pays. Et pour donner plus de force à leur discours, Morris, J.R., Leo Williams et Richard Dudanski s'équipent des effets qui firent la puissance de PiL. Au menu donc, guitares abrasives, claviers acérés et basses étouffantes. Mais surtout, au dessus de tout ça, la voix de Morris. Guttural, malade, charriant des râles à n'en plus finir, l'organe du photographe est au moins l'égal de celui de John Lydon dans la catégorie "psychopathe qui ne sait pas chanter".
Mais ce qui fait vraiment entrer cet album dans la cour des (très) grands, c'est bien la production. Confiée à nul autre que Martin Hannett, celle-ci plombe littéralement toute chaleur. Issu du reggae, le son du groupe devait bien à l'origine comporter une certaine ambiance cool, un minimum de souplesse. Si cela avait été un jour le cas, Hannett s'est depuis assuré de le gommer proprement... Le son est froid et cassant, les rythmes de batterie s'enchaînent, mécaniques, accompagnées par les notes de basses assénées comme autant de coups de poing dans le bide (écouter à l'occasion "Omega Man"). Les parties qui conservent un semblant de décontraction reggae ("Hard Work" en tête, où Dennis Morris semble plus fatigué que révolté) se révèlent d'ailleurs être les parties les plus faibles de l'album. Et si cela ne vous suffit pas, écoutez l'EP In Dub qui sortira peu après et contient les versions dub des chansons ici présentes, pour un résultat bien plus faible que ce 1965-1980.
Le producteur qui chouchouta plus tôt les Joy Division admettra que son travail sur cet album fut de mémoire le plus éreintant qu'il ai fourni. Et le résultat le prouve : reggae sec qui sent la marie-jeanne froide, punk engourdi porté par une voix fatiguée, comment catégoriser la créature étrange dont accoucha le groupe ? En bafouant sans vergogne l'identité sonore première du Basement 5, tel un Phil Spector new-wave apposant sa griffe sur tout ce qui passait à portée de sa console de mixage, Hannett réussit là, l'air de rien, un de ses coups de maître. Et un des chefs-d'œuvre oubliés du post-punk.
Parfois, la mégalomanie a du bon...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par X_Wazoo |
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