Ani DiFranco
¿ Which Side Are You On ? |
Label :
Righteous Babe |
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2012. Hormis un calendrier mayincaztèque dont certains ont déduit l'imminence d'une fin programmée du monde (cette chronique est publiée bien après le fameux 21 ou 22 ou 12 décembre... On s'en rappelle déjà plus, c'est dire...), c'est une année d'élections pour une poignée de pays, dont les Etats-Unis. Donc l'heure de se montrer, de déployer ses plus beaux atours, et cela n'aura pas échappé à cette taquine et engagée d'Ani DiFranco. En plus de proposer son nouvel album, elle ironise via pochette et titre un sous-entendu politique, pourtant omniprésent chez elle, avec un détachement serein qu'on constatera une fois le disque achevé. Un paon conquérant vient nous faire la cours, et la belle de nous soumettre à la question encadrée d'une ponctuation à l'espagnole : ¿ Which Side Are You On ?.
C'est bien là la particularité de cet album, qui pour une fois, tire donc son nom et son "titre phare" - dans tous les sens du terme, d'une chanson dont la new-yorkaise n'est pas l'auteure. Comme pour nous faire comprendre que le temps passe mais que certaines choses restent les mêmes, que ce qui a été dit d'important doit continuer à être dit... "Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à dire" nous confirment les derniers mots de l'album sur le petit exquis "Zoo". Le choix de cette chanson engagée écrite par une ouvrière au début des années 30, et popularisée par Pete Seeger (ici présent en guest), semble mettre ce disque dans une perspective d'échéance importante. Tel un retour aux sources, aux affaires, DiFranco se triture les méninges sur disque. Rien de nouveau, ou presque, si ce n'est un art toujours plus affiné. Et le sempiternel questionnement d'un artiste sur les thèmes divers et variés qui font notre monde...
On part de "sujets bateaux" avec le petit motif en boucle de l'ouverture "Life Boat". Le canneau de sauvetage donc, une chanson calme et sage d'ouverture comme elle nous en a déjà régalé en début d'albums depuis des années, pour nous mettre en confiance. On ne s'étonne pas de se repaître de cette étrange impression de redite, car on y est, ça commence et on se laisse dériver. Et la musique nous emmitoufle si confortablement, les paroles sont toujours si riches, colorées et malines, en plus des petits arrangements soignés (les crachats de larsens de guitare électrique, les douces touches de claviers), qu'on ne peut qu'être conquis.
Mis à l'abri, la belle va donc pouvoir nous en faire voir de toutes les couleurs, tels les plumes de son paon. En premier lieu donc, nous bousculer d'une intensité et d'une adresse simultanées, avec ce "¿ Which Side Are You On ?", où elle parvient à broder un titre incroyablement saisissant autour d'un riff gras ultra-simple joué à tue-tête... Après tout ce qu'elle a déjà achevé, le travail d'idées, d'arrangements et de mélodie sur cette "obscure reprise" est impressionnant, au point de transformer le petit hymne traditionnel en voyage celtic-rock moderne. Époustouflant.
Ani ne manquera pas non plus de nous étonner, notamment de moelleuses étrangetés sonores comme le tranquille "Unworry", petite pièce inexplicable dont le motif s'est perdu entre folk et jazz ; ou d'initiatives inattendues avec les emprunts reggae de l'explicite "J" (droguée !). Tout un tas de petites surprises qu'on se délecte à repérer et savourer, la petite chansonnette innocente "Splinter" proposant l'air de rien quelques petites subtilités, tant au niveau des mots ("la télé est pleine d'échardes") qu'au niveau musical (sa courte outro majestueuse...). Quant à l'humeur changeante de "Amendment" (et son solo de guitare surprenant) ou la syncope cuivrée de l'irrévérencieux "If Yr Not", on se méprendrait presque à croire qu'ils singent des groupes de rock du genre de Queens Of The Stone Age. Bref, pas la peine de s'attendre à quoi que ce soit, on ne cesse d'être surpris tant elle s'amuse comme une gosse et s'en régale ("If you're not getting happier when your getting older, then you're fucking up").
Et nous serons bien sûr également ravis de nostalgie à travers des moments de délices mélodiques dans la plus pure patte DiFranco (un funky "Promiscuity", un "Mariachi" rayonnant) et des apartés de douceur émouvante. La sensibilité toujours maîtrisée de la belle sur "Albacore", la fièvre zen magnifiquement arrangée de "Hearse" sont de nouvelles plages de classiques instantanés à consommer sans modération.
Cet énième album nous fait comprendre une fois pour toute que, qu'importe ce qu'elle fait, ce qu'elle tente, lorsqu'un jour on se met à aimer Ani DiFranco, c'est un ravissement qui n'aura jamais de fin...
C'est bien là la particularité de cet album, qui pour une fois, tire donc son nom et son "titre phare" - dans tous les sens du terme, d'une chanson dont la new-yorkaise n'est pas l'auteure. Comme pour nous faire comprendre que le temps passe mais que certaines choses restent les mêmes, que ce qui a été dit d'important doit continuer à être dit... "Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à dire" nous confirment les derniers mots de l'album sur le petit exquis "Zoo". Le choix de cette chanson engagée écrite par une ouvrière au début des années 30, et popularisée par Pete Seeger (ici présent en guest), semble mettre ce disque dans une perspective d'échéance importante. Tel un retour aux sources, aux affaires, DiFranco se triture les méninges sur disque. Rien de nouveau, ou presque, si ce n'est un art toujours plus affiné. Et le sempiternel questionnement d'un artiste sur les thèmes divers et variés qui font notre monde...
On part de "sujets bateaux" avec le petit motif en boucle de l'ouverture "Life Boat". Le canneau de sauvetage donc, une chanson calme et sage d'ouverture comme elle nous en a déjà régalé en début d'albums depuis des années, pour nous mettre en confiance. On ne s'étonne pas de se repaître de cette étrange impression de redite, car on y est, ça commence et on se laisse dériver. Et la musique nous emmitoufle si confortablement, les paroles sont toujours si riches, colorées et malines, en plus des petits arrangements soignés (les crachats de larsens de guitare électrique, les douces touches de claviers), qu'on ne peut qu'être conquis.
Mis à l'abri, la belle va donc pouvoir nous en faire voir de toutes les couleurs, tels les plumes de son paon. En premier lieu donc, nous bousculer d'une intensité et d'une adresse simultanées, avec ce "¿ Which Side Are You On ?", où elle parvient à broder un titre incroyablement saisissant autour d'un riff gras ultra-simple joué à tue-tête... Après tout ce qu'elle a déjà achevé, le travail d'idées, d'arrangements et de mélodie sur cette "obscure reprise" est impressionnant, au point de transformer le petit hymne traditionnel en voyage celtic-rock moderne. Époustouflant.
Ani ne manquera pas non plus de nous étonner, notamment de moelleuses étrangetés sonores comme le tranquille "Unworry", petite pièce inexplicable dont le motif s'est perdu entre folk et jazz ; ou d'initiatives inattendues avec les emprunts reggae de l'explicite "J" (droguée !). Tout un tas de petites surprises qu'on se délecte à repérer et savourer, la petite chansonnette innocente "Splinter" proposant l'air de rien quelques petites subtilités, tant au niveau des mots ("la télé est pleine d'échardes") qu'au niveau musical (sa courte outro majestueuse...). Quant à l'humeur changeante de "Amendment" (et son solo de guitare surprenant) ou la syncope cuivrée de l'irrévérencieux "If Yr Not", on se méprendrait presque à croire qu'ils singent des groupes de rock du genre de Queens Of The Stone Age. Bref, pas la peine de s'attendre à quoi que ce soit, on ne cesse d'être surpris tant elle s'amuse comme une gosse et s'en régale ("If you're not getting happier when your getting older, then you're fucking up").
Et nous serons bien sûr également ravis de nostalgie à travers des moments de délices mélodiques dans la plus pure patte DiFranco (un funky "Promiscuity", un "Mariachi" rayonnant) et des apartés de douceur émouvante. La sensibilité toujours maîtrisée de la belle sur "Albacore", la fièvre zen magnifiquement arrangée de "Hearse" sont de nouvelles plages de classiques instantanés à consommer sans modération.
Cet énième album nous fait comprendre une fois pour toute que, qu'importe ce qu'elle fait, ce qu'elle tente, lorsqu'un jour on se met à aimer Ani DiFranco, c'est un ravissement qui n'aura jamais de fin...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par X_YoB |
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