The Breeders
Pod |
Label :
4AD |
||||
Premier opus des Breeders , "Pod" sort la même année que "Bossanova" des Pixies... Franchement, à choisir, je prends "Pod" presque sans hésiter !
Produit par l'incontournable Steve Albini, "Pod" regroupe 12 chansons de pop-rock modestes mais fraîches, au son très nature (merci Albini), entre du bon Pixies et du bon Lisa Germano.
Produit par l'incontournable Steve Albini, "Pod" regroupe 12 chansons de pop-rock modestes mais fraîches, au son très nature (merci Albini), entre du bon Pixies et du bon Lisa Germano.
Bon 15/20 | par X_Shape104 |
Posté le 10 juillet 2006 à 11 h 58 |
Pas encore séparée de nos chers Pixies, Deal s'acoquine avec Tanya Donelly des Throwing Muses pour produire un album au son très épuré, définitivement organique et primitif (normal, Albini est encore dans le coup !).
Loin des partis pris risqués de Bossa Nova, Pod revient donc aux sources pour mieux enchanter. Des mélodies en demi teinte, à peine appuyées et la voix douce de Kim Deal se chargeront du reste ; à savoir, vous rendre complètement accro au groupe, vous les faire aimer jusqu'à la mort comme une ancienne petite amie à qui l'on penserait toujours.
Il faut bien dire que cela marche: dés les premières notes de "Glorious", on se rend bien compte du potentiel de séduction de ces filles. On se laisse aller et cette voix au bord de la cassure que l'on redécouvre, nous fait tout oublier.
Pod est le disque d'une adolescence difficile, qui prend son temps pour mûrir, parce qu'il ne le veut pas. Et ça ne rend les choses que plus tragiques.
Le pic romantique de cet LP reste "Fortunately Gone", sans doute leur plus belle chanson tous albums confondus ; "Metal Man" clôture le tout avec tact ; "Oh" est un poignant duo, sensuel et émouvant, enfin, le groupe nous gratifie d'un "Happiness Is A Warm Gun" revisité avec succès.
Un disque magnifique et touchant qui nous fait désespérer de revoir un jour The Breeders revenir en haut de l'affiche et frapper aussi fort que leur 'boulet de canon'.
Loin des partis pris risqués de Bossa Nova, Pod revient donc aux sources pour mieux enchanter. Des mélodies en demi teinte, à peine appuyées et la voix douce de Kim Deal se chargeront du reste ; à savoir, vous rendre complètement accro au groupe, vous les faire aimer jusqu'à la mort comme une ancienne petite amie à qui l'on penserait toujours.
Il faut bien dire que cela marche: dés les premières notes de "Glorious", on se rend bien compte du potentiel de séduction de ces filles. On se laisse aller et cette voix au bord de la cassure que l'on redécouvre, nous fait tout oublier.
Pod est le disque d'une adolescence difficile, qui prend son temps pour mûrir, parce qu'il ne le veut pas. Et ça ne rend les choses que plus tragiques.
Le pic romantique de cet LP reste "Fortunately Gone", sans doute leur plus belle chanson tous albums confondus ; "Metal Man" clôture le tout avec tact ; "Oh" est un poignant duo, sensuel et émouvant, enfin, le groupe nous gratifie d'un "Happiness Is A Warm Gun" revisité avec succès.
Un disque magnifique et touchant qui nous fait désespérer de revoir un jour The Breeders revenir en haut de l'affiche et frapper aussi fort que leur 'boulet de canon'.
Très bon 16/20
Posté le 17 juillet 2010 à 13 h 26 |
A l'écoute de ce disque, impossible d'oublier votre premier amour, qu'il disait l'autre...
Force est de constater que cet illustre tapait plutôt juste en terme d'appréciation musicale, même quand il ne s'agissait que de donner son avis.
1992. La période est propice. Alors que L7, Bikini Kill, Babes In Toyland et autres Lunachicks se lancent dans le rock'n roll Circus en revendiquant leur volonté manifeste d'en découdre avec les paires de couilles gonflées d'orgueil et omniprésentes sur la scène d'alors, les soeurs Deal livrent un album discret, en total contradiction avec la scène féminine d'alors. Kim, frustrée de la dictature mégalomane de Frank Black, avait déjà prouvé que son songwriting n'avait pas grand chose à envier à son mentor.
Alors que l'immense majorité de la scène "rock alternatif" s'évertue à faire plus de bruit que les désolants Metallica et autres Guns 'n Roses qui règnent en maître sur l'industrie musicale, et revendiquent les héritages plus ou moins légitimes des Sex Pistols, MC5, The Stooges, Minor Threat et autres gangs plus ou moins obscurs, déjà The Breeders est à contre courant. Plus que tout autre influence (Pixies en tête), c'est bien The Beatles et Neil Young qui hantent les morceaux de "Pod".
La reprise, parfaitement inutile, de "Happiness Is A warm Gun" en est l'illustration parfaite: au delà de la formule consacrée couplet-refrain-couplet, The Breeders est là pour faire de la musique, faisant fi de l'indie rock, de la powerpop et du grunge, et ce petit costard ajusté qu'est cette chanson des Beatles leur va comme un gant. Elles seront aussi à l'aise dans l'exercice que pour reprendre Guided by Voices, Hank Williams, ou Neil Young.
"Glorious" ouvre le bal, et en 3 minutes 24 la messe est dite: si l'électricité est là, elle ne sert pas l'énergie. Elle souligne le spleen, la lassitude, la lascivité parfois. Kim geint avec pudeur, elle semble errer dans ces textes imprégnés d'opium. C'est triste mais c'est beau. La chanson se déroule comme l'apprentissage de la marche: une succession de chutes rattrapées à la beauté lourde et secrète.
"Doe" confirme cet étrange clair-obscur; la musique est indéniablement mélancolique, même si l'énergie est là, contenue et cloisonnée, canalisée dans les entrelacs des voix jointes de Kelley et de Kim. Bien que plus que sa soeur jumelle, Kelley se manifeste comme l'émanation palpable de l'ambivalence de Kim, comme des calques à peine décalés.
En contrepoint discret, "Hellbound" et "When I Was A Painter" servent un mid tempo plus sautillant et laissent entrevoir la part hédonistes des chansons du duo. Il y a juste ce qu'il faut de glucose et de hochements de têtes, un soupçon de punk rock et la potacherie de Kim Deal en cerise sur le gâteau.
Mais que l'on ne s'y trompe pas. La fleur de pavot ornant la pochette est là pour nous le rappeler: on n'est pas là pour rigoler et elles nous le prouvent en 1 minute 46. "Fortunately Gone", probablement la plus belle chanson écrite et produite par les Deal arrachera éternellement la mélancolie enfouie au plus profond du plus blasé des auditeurs ( oui oui je parle de moi là...).
Aujourd'hui encore je m'interroge: comment est-il possible de combiner autant d'harmonie vocale, de mélodie pure et d'émotion en moins de deux minutes ? Et pourtant les candidats et candidates à ce malsain concours sont légion n'est-ce-pas ?
Et malgré les faiblesses évidentes ("Iris", "Metal Man", "Only in 3's") qui émailleront les futurs et trop rares albums des Deal, elles prouvent ici, sans maniérisme, ni militantisme de comptoir ou grossièreté ostentatoire, que leurs chansons sont de délicates pièces d'artisanat enamouré, dans lesquelles, parfois, se niche un diamant brut.
Force est de constater que cet illustre tapait plutôt juste en terme d'appréciation musicale, même quand il ne s'agissait que de donner son avis.
1992. La période est propice. Alors que L7, Bikini Kill, Babes In Toyland et autres Lunachicks se lancent dans le rock'n roll Circus en revendiquant leur volonté manifeste d'en découdre avec les paires de couilles gonflées d'orgueil et omniprésentes sur la scène d'alors, les soeurs Deal livrent un album discret, en total contradiction avec la scène féminine d'alors. Kim, frustrée de la dictature mégalomane de Frank Black, avait déjà prouvé que son songwriting n'avait pas grand chose à envier à son mentor.
Alors que l'immense majorité de la scène "rock alternatif" s'évertue à faire plus de bruit que les désolants Metallica et autres Guns 'n Roses qui règnent en maître sur l'industrie musicale, et revendiquent les héritages plus ou moins légitimes des Sex Pistols, MC5, The Stooges, Minor Threat et autres gangs plus ou moins obscurs, déjà The Breeders est à contre courant. Plus que tout autre influence (Pixies en tête), c'est bien The Beatles et Neil Young qui hantent les morceaux de "Pod".
La reprise, parfaitement inutile, de "Happiness Is A warm Gun" en est l'illustration parfaite: au delà de la formule consacrée couplet-refrain-couplet, The Breeders est là pour faire de la musique, faisant fi de l'indie rock, de la powerpop et du grunge, et ce petit costard ajusté qu'est cette chanson des Beatles leur va comme un gant. Elles seront aussi à l'aise dans l'exercice que pour reprendre Guided by Voices, Hank Williams, ou Neil Young.
"Glorious" ouvre le bal, et en 3 minutes 24 la messe est dite: si l'électricité est là, elle ne sert pas l'énergie. Elle souligne le spleen, la lassitude, la lascivité parfois. Kim geint avec pudeur, elle semble errer dans ces textes imprégnés d'opium. C'est triste mais c'est beau. La chanson se déroule comme l'apprentissage de la marche: une succession de chutes rattrapées à la beauté lourde et secrète.
"Doe" confirme cet étrange clair-obscur; la musique est indéniablement mélancolique, même si l'énergie est là, contenue et cloisonnée, canalisée dans les entrelacs des voix jointes de Kelley et de Kim. Bien que plus que sa soeur jumelle, Kelley se manifeste comme l'émanation palpable de l'ambivalence de Kim, comme des calques à peine décalés.
En contrepoint discret, "Hellbound" et "When I Was A Painter" servent un mid tempo plus sautillant et laissent entrevoir la part hédonistes des chansons du duo. Il y a juste ce qu'il faut de glucose et de hochements de têtes, un soupçon de punk rock et la potacherie de Kim Deal en cerise sur le gâteau.
Mais que l'on ne s'y trompe pas. La fleur de pavot ornant la pochette est là pour nous le rappeler: on n'est pas là pour rigoler et elles nous le prouvent en 1 minute 46. "Fortunately Gone", probablement la plus belle chanson écrite et produite par les Deal arrachera éternellement la mélancolie enfouie au plus profond du plus blasé des auditeurs ( oui oui je parle de moi là...).
Aujourd'hui encore je m'interroge: comment est-il possible de combiner autant d'harmonie vocale, de mélodie pure et d'émotion en moins de deux minutes ? Et pourtant les candidats et candidates à ce malsain concours sont légion n'est-ce-pas ?
Et malgré les faiblesses évidentes ("Iris", "Metal Man", "Only in 3's") qui émailleront les futurs et trop rares albums des Deal, elles prouvent ici, sans maniérisme, ni militantisme de comptoir ou grossièreté ostentatoire, que leurs chansons sont de délicates pièces d'artisanat enamouré, dans lesquelles, parfois, se niche un diamant brut.
Parfait 17/20
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