The Breeders
LSXX |
Label :
4AD |
||||
20 ans, déjà. 20 ans après, que reste-t-il de Last Splash ? Et que reste-t-il des Breeders ?
Puisque le succès commercial de l'album au coeur n'a jamais été égalé par aucun des autres et que le groupe n'a pas eu une activité débordante, il est finalement assez logique que 4AD joue la nostalgie en nous sortant une édition deluxe de Last Splash, et les Breeders la reformation et la tournée qui vont avec.
Finalement, cela nous permet de nous replonger dans cet album phare des années 90. Un album qui ne vit pas très bien sa crise de la vingtaine. Car avec son succès aussi soudain qu'inattendu (à l'époque, les Pixies avaient un public restreint et tout le monde n'avait pas lu le journal de Kurt Cobain), Last Splash est bien devenu emblématique de son époque et est, selon moi, victime de son succès.
Pour les uns (dés), il est trop connu pour être honnête et ne figure pas dans la liste des 50 albums préférés d'une certaine rock star morte, contrairement à son grand frère Pod qui aura donc forcément leur préférence. Pour les autres (oui, il y a des autres), il est trop marqué de son époque et a donc forcément mal vieilli.
Certes, on ne peut écouter ce disque sans faire un plongeon (avec un grand splash) dans les années 90, avec ses chemises de bûcheron, ses jeans déchirés et ses grungettes sexy, mais lui reprocher ça, ce serait comme reprocher à Raw Power d'avoir un son trop 70's (et là, on comprend que certaines décennies ont la côte et d'autres non).
Pour le reste, s'il est beaucoup plus pop par endroit, et moins onirique, Last Splash n'a rien à envier à Pod pour ce qui est de la mélancolie, et vous donnera tout autant de fil à retordre pour oublier votre ex.
Mélancolie nostalgique, oui, mais pas d'abattement, pas de déprime. Les Breeders sont les seules à filer au fil de leurs chansons, entre hymnes pop rock, curiosités punk noise et ballades bluesy, un sentiment de joyeuse mélancolie. On n'a jamais été aussi heureux de repenser à ses amours perdus.
Et Last Splash plus que Pod semble avoir une cohérence logique dans sa construction : "Flipside", l'instrumentale aux accents Surf qui arrive opportunément pour vous indiquer qu'il faut tourner le vinyle, le somme toute classique "Divine Hammer" qui prend tout son sens entre l'étrangeté "Mad Lucas" et un "Hag" nonchalant. Pour ce qui est des morceaux accrocheurs, on est servi : "Cannonball", "Do You Love Me Now?", "Saints", mais pour les morceaux moins grand public, que dire de "Roi" ou "S.O.S."? Niveau mélancolie, "No Aloha" ou "Invisible Man" tiennent aussi la barre haute.
Bref, je pourrais parler des heures de Last Splash (c'est ce que je fais, d'ailleurs) pour vous dire que cet album est à ranger avec les grands des années 90, toujours 20 ans après. Mais qu'en est-il de la version deluxe ?
Tout d'abord, le CD2 (car il y en a 3 en tout) rassemble tous les EP et singles du groupes à l'époque, en évitant simplement de faire du doublon avec les versions albums (c'est à dire que tous les morceaux qu'on retrouve sur les deux disques le sont dans une version ostensiblement différente). Et à l'époque, les Breeders étaient bien au top de leur forme à en juger par le niveau des faces b. "Safari" fait aujourd'hui partie des classiques du groupe, systématiquement jouée en live, mais les moins connues "900" où Josephine Wiggs chante, "Don't Call Home" ou "Head to Toe" sont toutes d'excellents morceaux à leur manière.
Les reprises ne sont pas en reste, allant d'Aerosmith aux Who toujours avec brio. Quand les jumelles reprennent, c'est en se réappropriant et avec talent, comme Kim Deal l'avait démontré avec leur tour de force "Happiness Is A Warm Gun" sur Pod. Mention spéciale pour la reprise de "The Freed Pig" qui réalisait finalement l'exploit de réunir symboliquement Lou Barlow, l'auteur original, et J Mascis, qui a produit l'enregistrement des Breeders, plus de 10 ans avant la reformation de Dinosaur Jr.
Suivent quelques démos d'un intérêt variable. Si certaines sont très différentes ("Grunggae" alias "Cannonball"), instrumentales ("Mad lucas") ou avec une autre structure ("New Year"), d'autres sont peu ou prou identiques. En revanche, les versions alternatives sont toutes intéressantes, avec notamment un "Do You Love Me Now Jr?" où le duo J Mascis/Kim Deal est le pur fantasme réalisé de l'indie-rocker moyen. De quoi vous faire oublier la version album.
On pense que le disque va s'achever avec la démo sans intérêt de "900" quand...tiens...Que fait une chanson comme vous dans un disque comme celui-ci? Une petite version live d'"Iris" (excellent morceau de Pod) qui se balade ici nonchalamment ! Ça fait toujours plaisir.
Enfin, le disque 3 nous permet d'entendre les Breeders là où on les préfère : sur scène! Les 16 premiers morceaux viennent d'un live de 1994 à Stockholm, le son est excellent et la setlist impeccable mais...diantre, il y avait "No Aloha" aussi sur l'EP introuvable qui proposait 8 titres de ce concert! Pourquoi ne pas en avoir proposé l'intégralité? À côté, les BBC sessions qui sont proposées, si elles sont encore de bonne facture, paraissent un peu fade en comparaison. Mais bon, 16 titres live aussi bons, c'est déjà pas mal.
Et pour couronner le tout, l'objet est très joli. La version CD est originale et pourra traîner fièrement sur vos étagères, alors que la version vinyle représente le rêve de tout collectionneur : un beau coffret avec l'ensemble des EP au format original. Seul son prix est prohibitif...Un seul défaut : où sont passées les paroles dans la version CD ? Elles étaient dans le livret d'origine, pourtant. Dommage.
Bref, malgré 2 points négatifs, LSXX mérite largement sa place dans la discographie de tout fan des Breeders, et j'irai même jusqu'à dire de tout fan d'indé qui se respecte. Oui, "Cannonball" a la ligne de basse la plus connue du rock avec "Seven Nation Army", mais la qualité de Last Splash et de sa tripotée de bonus vous permet de les apprécier haut et fort sans entâcher votre indie credibility. Et tant pis pour ceux qui pensent le contraire.
"I loved you before, I definitely love you now..."
Puisque le succès commercial de l'album au coeur n'a jamais été égalé par aucun des autres et que le groupe n'a pas eu une activité débordante, il est finalement assez logique que 4AD joue la nostalgie en nous sortant une édition deluxe de Last Splash, et les Breeders la reformation et la tournée qui vont avec.
Finalement, cela nous permet de nous replonger dans cet album phare des années 90. Un album qui ne vit pas très bien sa crise de la vingtaine. Car avec son succès aussi soudain qu'inattendu (à l'époque, les Pixies avaient un public restreint et tout le monde n'avait pas lu le journal de Kurt Cobain), Last Splash est bien devenu emblématique de son époque et est, selon moi, victime de son succès.
Pour les uns (dés), il est trop connu pour être honnête et ne figure pas dans la liste des 50 albums préférés d'une certaine rock star morte, contrairement à son grand frère Pod qui aura donc forcément leur préférence. Pour les autres (oui, il y a des autres), il est trop marqué de son époque et a donc forcément mal vieilli.
Certes, on ne peut écouter ce disque sans faire un plongeon (avec un grand splash) dans les années 90, avec ses chemises de bûcheron, ses jeans déchirés et ses grungettes sexy, mais lui reprocher ça, ce serait comme reprocher à Raw Power d'avoir un son trop 70's (et là, on comprend que certaines décennies ont la côte et d'autres non).
Pour le reste, s'il est beaucoup plus pop par endroit, et moins onirique, Last Splash n'a rien à envier à Pod pour ce qui est de la mélancolie, et vous donnera tout autant de fil à retordre pour oublier votre ex.
Mélancolie nostalgique, oui, mais pas d'abattement, pas de déprime. Les Breeders sont les seules à filer au fil de leurs chansons, entre hymnes pop rock, curiosités punk noise et ballades bluesy, un sentiment de joyeuse mélancolie. On n'a jamais été aussi heureux de repenser à ses amours perdus.
Et Last Splash plus que Pod semble avoir une cohérence logique dans sa construction : "Flipside", l'instrumentale aux accents Surf qui arrive opportunément pour vous indiquer qu'il faut tourner le vinyle, le somme toute classique "Divine Hammer" qui prend tout son sens entre l'étrangeté "Mad Lucas" et un "Hag" nonchalant. Pour ce qui est des morceaux accrocheurs, on est servi : "Cannonball", "Do You Love Me Now?", "Saints", mais pour les morceaux moins grand public, que dire de "Roi" ou "S.O.S."? Niveau mélancolie, "No Aloha" ou "Invisible Man" tiennent aussi la barre haute.
Bref, je pourrais parler des heures de Last Splash (c'est ce que je fais, d'ailleurs) pour vous dire que cet album est à ranger avec les grands des années 90, toujours 20 ans après. Mais qu'en est-il de la version deluxe ?
Tout d'abord, le CD2 (car il y en a 3 en tout) rassemble tous les EP et singles du groupes à l'époque, en évitant simplement de faire du doublon avec les versions albums (c'est à dire que tous les morceaux qu'on retrouve sur les deux disques le sont dans une version ostensiblement différente). Et à l'époque, les Breeders étaient bien au top de leur forme à en juger par le niveau des faces b. "Safari" fait aujourd'hui partie des classiques du groupe, systématiquement jouée en live, mais les moins connues "900" où Josephine Wiggs chante, "Don't Call Home" ou "Head to Toe" sont toutes d'excellents morceaux à leur manière.
Les reprises ne sont pas en reste, allant d'Aerosmith aux Who toujours avec brio. Quand les jumelles reprennent, c'est en se réappropriant et avec talent, comme Kim Deal l'avait démontré avec leur tour de force "Happiness Is A Warm Gun" sur Pod. Mention spéciale pour la reprise de "The Freed Pig" qui réalisait finalement l'exploit de réunir symboliquement Lou Barlow, l'auteur original, et J Mascis, qui a produit l'enregistrement des Breeders, plus de 10 ans avant la reformation de Dinosaur Jr.
Suivent quelques démos d'un intérêt variable. Si certaines sont très différentes ("Grunggae" alias "Cannonball"), instrumentales ("Mad lucas") ou avec une autre structure ("New Year"), d'autres sont peu ou prou identiques. En revanche, les versions alternatives sont toutes intéressantes, avec notamment un "Do You Love Me Now Jr?" où le duo J Mascis/Kim Deal est le pur fantasme réalisé de l'indie-rocker moyen. De quoi vous faire oublier la version album.
On pense que le disque va s'achever avec la démo sans intérêt de "900" quand...tiens...Que fait une chanson comme vous dans un disque comme celui-ci? Une petite version live d'"Iris" (excellent morceau de Pod) qui se balade ici nonchalamment ! Ça fait toujours plaisir.
Enfin, le disque 3 nous permet d'entendre les Breeders là où on les préfère : sur scène! Les 16 premiers morceaux viennent d'un live de 1994 à Stockholm, le son est excellent et la setlist impeccable mais...diantre, il y avait "No Aloha" aussi sur l'EP introuvable qui proposait 8 titres de ce concert! Pourquoi ne pas en avoir proposé l'intégralité? À côté, les BBC sessions qui sont proposées, si elles sont encore de bonne facture, paraissent un peu fade en comparaison. Mais bon, 16 titres live aussi bons, c'est déjà pas mal.
Et pour couronner le tout, l'objet est très joli. La version CD est originale et pourra traîner fièrement sur vos étagères, alors que la version vinyle représente le rêve de tout collectionneur : un beau coffret avec l'ensemble des EP au format original. Seul son prix est prohibitif...Un seul défaut : où sont passées les paroles dans la version CD ? Elles étaient dans le livret d'origine, pourtant. Dommage.
Bref, malgré 2 points négatifs, LSXX mérite largement sa place dans la discographie de tout fan des Breeders, et j'irai même jusqu'à dire de tout fan d'indé qui se respecte. Oui, "Cannonball" a la ligne de basse la plus connue du rock avec "Seven Nation Army", mais la qualité de Last Splash et de sa tripotée de bonus vous permet de les apprécier haut et fort sans entâcher votre indie credibility. Et tant pis pour ceux qui pensent le contraire.
"I loved you before, I definitely love you now..."
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Blackcondorguy |
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