Sunny Day Real Estate
Sunny Day Real Estate |
Label :
Sub Pop |
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Ce disque est un testament.
L'oeuvre d'un groupe qui se désagrège. Un groupe qui s'en fout. Mais une oeuvre de qualité. Voilà comment on pourrait décrire ce disque éponyme de Sunny Day Real Estate. Eponyme parce que le groupe n'a même pas eu l'envie de lui trouver un titre. "Make it pink", dirent-ils à Sub Pop quand le label leur demanda ce qu'ils voulaient comme visuel. C'est pourquoi on nomme ce disque par le nom du groupe, le pink album ou simplement LP2.
Pourquoi tant de désinvolture ? Tout bonnement parce qu'en novembre 1995, quand l'album sort, le groupe n'en est même plus un. Après un succès inattendu, une tournée éreintante, une conversion soudaine du chanteur, une session d'enregistrement catastrophique, la séparation est évidente et tue dans l'oeuf une carrière prometteuse. Un disque enfanté dans la douleur, donc, une obligation contractuelle, certainement, dont les membres déjà éprouvés préfèrent s'acquitter sans s'impliquer émotionnellement.
Heureusement, l'art à ceci de magique qu'il dépasse souvent l'intention première de l'artiste, et ce disque douloureux déborde de diamants dont les titres eux-mêmes semblent bâclés ("8", "5/4", "Friday"). La musique est dans la veine de Diary, au point que ces deux albums pourraient n'en faire qu'un. L'ensemble pourrait se prendre d'un bloc puis on constate au fil des écoutes les subtilités, les variations dans ces titres toujours mélodiques, qui oscillent entre la colère et la mélancolie. La voix d'Enigk, qui nous renverra toujours à l'adolescence, est appuyée par la guitare de son comparse Hoerner, le tout sublimé par une session rythmique solide qui donne toute leur force aux compositions ("Waffle" ou "Rodeo Jones", par exemple). On comprend pourquoi des centaines de groupes d'emo se sont inspirés de Sunny Day Real Estate, se contentant de les vulgariser pour les midinettes aspirant-rebelles sans jamais les égaler. Dommage car ce groupe qui proposait à l'époque (et chez Sub Pop!) une musique qui ne ressemblait à rien d'autre a aujourd'hui été parodié dans un style tout bonnement insupportable.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Mendel et Goldsmith croisèrent le chemin du batteur d'un autre groupe de Seattle qui venait de se désagréger pour participer à un petit projet du nom de Foo Fighters. Aujourd'hui, le petit projet est devenu mûr (on peut même dire pourri), et on ne peut que se demander comment Nate Mendel en est arrivé là avec un CV de ce niveau. La question ne vaut pas que pour lui, d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, cet album est tellement bon qu'on finit par se demander si Sunny Day Real Estate l'a vraiment sorti sans conviction histoire de contenter leur label ou pour prouver que, malgré tout, ils avaient musicalement quelque chose à dire. Comme ils se sont reformés deux fois déjà, on ne désespère pas de leur poser un jour la question.
L'oeuvre d'un groupe qui se désagrège. Un groupe qui s'en fout. Mais une oeuvre de qualité. Voilà comment on pourrait décrire ce disque éponyme de Sunny Day Real Estate. Eponyme parce que le groupe n'a même pas eu l'envie de lui trouver un titre. "Make it pink", dirent-ils à Sub Pop quand le label leur demanda ce qu'ils voulaient comme visuel. C'est pourquoi on nomme ce disque par le nom du groupe, le pink album ou simplement LP2.
Pourquoi tant de désinvolture ? Tout bonnement parce qu'en novembre 1995, quand l'album sort, le groupe n'en est même plus un. Après un succès inattendu, une tournée éreintante, une conversion soudaine du chanteur, une session d'enregistrement catastrophique, la séparation est évidente et tue dans l'oeuf une carrière prometteuse. Un disque enfanté dans la douleur, donc, une obligation contractuelle, certainement, dont les membres déjà éprouvés préfèrent s'acquitter sans s'impliquer émotionnellement.
Heureusement, l'art à ceci de magique qu'il dépasse souvent l'intention première de l'artiste, et ce disque douloureux déborde de diamants dont les titres eux-mêmes semblent bâclés ("8", "5/4", "Friday"). La musique est dans la veine de Diary, au point que ces deux albums pourraient n'en faire qu'un. L'ensemble pourrait se prendre d'un bloc puis on constate au fil des écoutes les subtilités, les variations dans ces titres toujours mélodiques, qui oscillent entre la colère et la mélancolie. La voix d'Enigk, qui nous renverra toujours à l'adolescence, est appuyée par la guitare de son comparse Hoerner, le tout sublimé par une session rythmique solide qui donne toute leur force aux compositions ("Waffle" ou "Rodeo Jones", par exemple). On comprend pourquoi des centaines de groupes d'emo se sont inspirés de Sunny Day Real Estate, se contentant de les vulgariser pour les midinettes aspirant-rebelles sans jamais les égaler. Dommage car ce groupe qui proposait à l'époque (et chez Sub Pop!) une musique qui ne ressemblait à rien d'autre a aujourd'hui été parodié dans un style tout bonnement insupportable.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Mendel et Goldsmith croisèrent le chemin du batteur d'un autre groupe de Seattle qui venait de se désagréger pour participer à un petit projet du nom de Foo Fighters. Aujourd'hui, le petit projet est devenu mûr (on peut même dire pourri), et on ne peut que se demander comment Nate Mendel en est arrivé là avec un CV de ce niveau. La question ne vaut pas que pour lui, d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, cet album est tellement bon qu'on finit par se demander si Sunny Day Real Estate l'a vraiment sorti sans conviction histoire de contenter leur label ou pour prouver que, malgré tout, ils avaient musicalement quelque chose à dire. Comme ils se sont reformés deux fois déjà, on ne désespère pas de leur poser un jour la question.
Très bon 16/20 | par Blackcondorguy |
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