Xasthur

Xasthur n'est définitivement pas le genre de groupe qu'on achète par hasard, parce qu'on trouve la pochette cool, qu'on a vu le dernier vidéo clip ou que le chanteur est trop beau gosse. Et si jamais on a été sensible aux charmes de l'artwork de All Reflections Drained, superbement morbide, "Dirge Forsaken", le titre d'ouverture, fait office de filtre imparable. Soit on appuie immédiatement sur stop parce que ce riff cradingue de black suicidaire va nous rendre fou, soit on se laisse happer par cette ode funèbre à la mort et à la désolation. Car il y aura des pleurs et des grincements de dents en écoutant ce disque, abyme de noirceur d'une âme en souffrance éternelle, celle de Malefic le bien-nommé.
Album que je qualifierais d'instrumental tant les vocaux sont peu présents et inaudibles, Xasthur étale toutes les palettes de son style, entre raw black ("Masquerade Of Incisions", "Obfuscated In Oblivion"), attirance pour l'ambiant glauque ("Maze Of Oppression") et surtout un art consommé pour créer des ambiances mortifères, misanthropiques et anxiogènes. Bien sûr, Xasthur continue de sonner comme un horrible groupe découvrant les joies de l'autoproduction et, sur la longueur, on peut se fatiguer d'une telle dose de crasse puante mais l'abjection pourrait-elle s'exprimer autrement ? Le label Hydra Head Records (Botch, Daughters, Cave In, Converge, etc.) prend un sacré pari car il ne doit pas être aisé de promouvoir un tel artiste, en dehors de tous courants musicaux (je ne pense même pas que ce mec fasse du black métal, sa musique va bien au-delà comme le prouvent les saveurs gothiques du morceau titre), mais on louera surtout la prise de risques qui nous permet de nous délecter d'un groupe réellement marginal et sans pareil : Xasthur.