Agathocles

En écoutant cet EP d'Agathocles je songe à tous ces petits péteux qui ont toute leur vie téléchargé de la musique sans jamais se soucier du support physique et qui, du jour au lendemain, ne jurent plus que par la belle authenticité du vinyle, sa chaleur, le plaisir du geste, du touché (je parle bien de disque, pas de la tenue que vous avez offerte à votre Barbarella). À ces gens-là, j'ai envie d'offrir ce 20 Songs et de leur faire écouter en boucle jusqu'à ce que mort s'en suive.
En effet, pour les petits snobs du microsillon, quoi de plus élitiste qu'un groupe qui torche 20 titres en huit minutes sans aucun souci de son, de qualité, de mélodie, bref n'ayant absolument aucune empathie pour le pauvre auditeur ?
Cela dit, j'exagère car Agathocles à encore l'empathie du portefeuille. Son disque étant disponible pour 4,50 euros, c'est un geste anti-capitaliste fort qu'il ne faut pas dédaigner. En effet, cela ramène le coût d'une chanson à un peu plus de 20 centimes ce qui, vous en conviendrez, est largement en dessous des tarifs pratiqués habituellement par des milliers d'escrocs autoproclamés artistes qui nous font croire que les plateformes de téléchargement payantes sont le geste maximum qu'ils puissent faire pour leurs fans transis d'admiration espérant eux aussi se vautrer un jour dans le luxe tape-à-l'œil.
Merci Agathocles de continuer à sortir des albums inécoutables, mal produits et invendables. C'est la preuve qu'il y a encore une résistance aux médias dominants, que l'Underground est fort et surtout que, lorsqu'on aime réellement la musique et que l'on veut en faire par passion, les passages télévisées, radios ou l'intégration de la rente des Enfoirés devraient être le dernier des objectifs à atteindre, loin derrière le plaisir à faire et l'intégrité.