Roisin Murphy
Hairless Toys |
Label :
Play It Again Sam |
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8 ans que nous n'avions plus de nouvelles de la diva électro-jazz-disco, si ce n'est un album de reprises de succès italiens un peu incongru (Mi Senti) et quelques featurings avec des D.J. plus ou moins discutables : mais voilà, enfin nous allions connaître la suite des aventures sonores de notre Irlandaise un peu barrée.
En un sens, Hairless Toys vient célébrer 20 ans de carrière musicale pour Roisin Murphy, sertie par des titres d'une beauté et d'une délectation sonore unique pour les amoureux d'électro et des genres attenants: "Fun For Me", "Sing It Back", "Killa Bunnies" avec Moloko, "Overpowered" en solo, "Alice In Wonderland" avec The Psychedelic Waltons... Beaucoup pourraient lui reprocher des flirts avec la musique commerciale, avec ce côté un peu "MTV Dance Hits", mais c'est mal connaître la dame, tant elle a été capable seule ou bien accompagnée d'albums complexes, travaillés et délicieusement foutraques.
Roisin Murphy a maintenant passé la quarantaine, les excès disco et des podiums chics et excentriques sont loin derrière elle, et on devinera ainsi qu'Hairless Toys veut se poser en tant qu'album de la maturité, réagissant directement aux sonorités faciles (bien que soignées et de qualité) d' Overpowered.
Hairless Toys suit également la tendance actuelle des anciens papes de l'électro de faire dans le minimalisme et l'étiré, comme en témoigne "Gone Fishing" le premier single de l'album: sonorité rythmique à fond de cale, voix soul, envolée progressive nappée de synthé et combustion interne sur la fin. Empruntant ce chemin, il faudra vraiment alors se poser pour écouter l'album, et l'apprécier.
Plus hypnotique et fascinant, "Exploitation" fonctionne sur 3 notes au synthé et se révèle être un grand single à ajouter au tableau de chasse de Murphy, car une fois la progression mise en place, c'est un délire électro-jazz qui prend place sur les refrains et se finit en apothéose (9 minutes quand même pour la version album).
Pour le reste, une fois l'album sorti, ce sera à la fois court et long: 8 titres seulement composent Hairless Toys et sont d'une moyenne de 6 minutes. Seule "Exile" dure 4 minutes et est bizarrement le moment vraiment "emmerdifiant" de l'album avec ce côté de musique Country pour club abandonné au fin fond de la campagne perdue du Tennessee.
Il faudra donc prendre le temps d'appréhender la bête, mais il en ressort de beaux trésors: "Evil Eyes", bien qu'il s'étire sur la longueur, est une belle réussite de jazz-dance teintée de disco-discret, tout en élégance. D'autres moments sont de toute beauté, comme cette pause rêveuse dans "Uninvited Guest" où acoustique et électronique fusionnent au pays des merveilles, tandis que les extrémités du morceau sont dans une fusion maîtrisée d'électro-foutraque et détachée. "House Of Glass" suit le même modèle qu'"Exploitation" et est une autre réussite progressive, lorsque le rythme finit par s'emballer et que les guitares et basses funky donnent naissance à un joyeux bordel.
Les morceaux qui concluent l'album "Hairless Toys" et "Unputdownable" sont un peu plus contemplatifs et rappellent un peu ce qu'avait pu accomplir Roisin Murphy avec Moloko, la boucle serait donc un peu bouclée, en quelque sorte...
Hairless Toys est donc un disque posé, solide, qui fourmille d'idées, mais qui en même temps est parfois victime de sa maîtrise: il en devient selon les écoutes un peu froid et trop mécanique dans son développement. Il y a aussi l'idée un peu floue d'album concept derrière: l'album serait inspiré d'un documentaire de 1990 intitulé Paris Is Burning, relatant justement des fusions entre communautés New Yorkaises, de la danse et donc de la musique, fusion qui serait donc devenue la loi de Roisin Murphy après toutes ces années.
S'il manque parfois un peu d'âme, l'album reste tout de même au dessus de ce qu'a pu faire Roisin Murphy en solo, et constitue l'un des plus beaux retours de cette année 2015.
En un sens, Hairless Toys vient célébrer 20 ans de carrière musicale pour Roisin Murphy, sertie par des titres d'une beauté et d'une délectation sonore unique pour les amoureux d'électro et des genres attenants: "Fun For Me", "Sing It Back", "Killa Bunnies" avec Moloko, "Overpowered" en solo, "Alice In Wonderland" avec The Psychedelic Waltons... Beaucoup pourraient lui reprocher des flirts avec la musique commerciale, avec ce côté un peu "MTV Dance Hits", mais c'est mal connaître la dame, tant elle a été capable seule ou bien accompagnée d'albums complexes, travaillés et délicieusement foutraques.
Roisin Murphy a maintenant passé la quarantaine, les excès disco et des podiums chics et excentriques sont loin derrière elle, et on devinera ainsi qu'Hairless Toys veut se poser en tant qu'album de la maturité, réagissant directement aux sonorités faciles (bien que soignées et de qualité) d' Overpowered.
Hairless Toys suit également la tendance actuelle des anciens papes de l'électro de faire dans le minimalisme et l'étiré, comme en témoigne "Gone Fishing" le premier single de l'album: sonorité rythmique à fond de cale, voix soul, envolée progressive nappée de synthé et combustion interne sur la fin. Empruntant ce chemin, il faudra vraiment alors se poser pour écouter l'album, et l'apprécier.
Plus hypnotique et fascinant, "Exploitation" fonctionne sur 3 notes au synthé et se révèle être un grand single à ajouter au tableau de chasse de Murphy, car une fois la progression mise en place, c'est un délire électro-jazz qui prend place sur les refrains et se finit en apothéose (9 minutes quand même pour la version album).
Pour le reste, une fois l'album sorti, ce sera à la fois court et long: 8 titres seulement composent Hairless Toys et sont d'une moyenne de 6 minutes. Seule "Exile" dure 4 minutes et est bizarrement le moment vraiment "emmerdifiant" de l'album avec ce côté de musique Country pour club abandonné au fin fond de la campagne perdue du Tennessee.
Il faudra donc prendre le temps d'appréhender la bête, mais il en ressort de beaux trésors: "Evil Eyes", bien qu'il s'étire sur la longueur, est une belle réussite de jazz-dance teintée de disco-discret, tout en élégance. D'autres moments sont de toute beauté, comme cette pause rêveuse dans "Uninvited Guest" où acoustique et électronique fusionnent au pays des merveilles, tandis que les extrémités du morceau sont dans une fusion maîtrisée d'électro-foutraque et détachée. "House Of Glass" suit le même modèle qu'"Exploitation" et est une autre réussite progressive, lorsque le rythme finit par s'emballer et que les guitares et basses funky donnent naissance à un joyeux bordel.
Les morceaux qui concluent l'album "Hairless Toys" et "Unputdownable" sont un peu plus contemplatifs et rappellent un peu ce qu'avait pu accomplir Roisin Murphy avec Moloko, la boucle serait donc un peu bouclée, en quelque sorte...
Hairless Toys est donc un disque posé, solide, qui fourmille d'idées, mais qui en même temps est parfois victime de sa maîtrise: il en devient selon les écoutes un peu froid et trop mécanique dans son développement. Il y a aussi l'idée un peu floue d'album concept derrière: l'album serait inspiré d'un documentaire de 1990 intitulé Paris Is Burning, relatant justement des fusions entre communautés New Yorkaises, de la danse et donc de la musique, fusion qui serait donc devenue la loi de Roisin Murphy après toutes ces années.
S'il manque parfois un peu d'âme, l'album reste tout de même au dessus de ce qu'a pu faire Roisin Murphy en solo, et constitue l'un des plus beaux retours de cette année 2015.
Bon 15/20 | par Machete83 |
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