Dälek
Asphalt For Eden |
Label :
Profound Lore |
||||
Le piège d'attendre un album pendant des années et des années, c'est le fantasme qui se construit petit à petit dans l'esprit du fan complètement déconnecté de la réalité de l'artiste. Comme si ledit artiste avait passé toutes les années écoulées à bosser sur le projet, comme si la raison pour laquelle on attend 5, 8, 15 ans, s'explique par la quantité de travail exigée pour qu'il achève ce qui sera sans aucun doute son Magnum Opus. J'exagère bien sûr, mais qui parmi vous n'a jamais caressé ce doux rêve à propos de son groupe chéri frappé de hiatus indéterminé (moi-même j'attends de pied ferme le successeur imaginaire du dernier né de Neutral Milk Hotel) ? Alors ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ; le fantasme du public a du bon en musique, la preuve c'est probablement ce qui a permis à la fan-base de My Bloody Valentine d'attendre patiemment le petit frère de Loveless pendant 22 ans, ça en a même poussé certains à l'aimer ! Mais voilà dälek, avec son petit nouveau Asphalt for Eden qui débarque après 7 ans de silence, court le risque d'en décevoir plus d'un, y compris moi-même. Et ce malgré sa qualité.
Pourtant ça commence fort y a pas à dire. Beats saccadés, bruit blanc crypté, le flow hanté de MC dälek arrive avant que ne débarque enfin le chant de sirène maudit qui vient mettre le cœur à l'heure et emporter le morceau vers des cimes brumeuse. "Shattered" vient de s'entamer et dores et déjà on peut crier sur tous les toits que le good ol' dälek is back ! D'ailleurs les 4 premières pistes sont dans cette veine et ne faiblissent pas d'intensité, "Guaranteed Struggle" nous faisant prendre un bon bain d'immensité – pollué le bain bien entendu – tandis que le single "Masked Laughter", paru l'année dernière en guise de teaser, semble même gagner une nouvelle ampleur au sein de la tracklist, avec son départ comme une sonnerie d'école magnifiée par la distorsion tandis que démarre ce qui demeure à ce jour comme un des morceaux les plus instrumentalement optimiste et lumineux du groupe, infusant une certaine légèreté, un feeling aérien à leur dense recette plombée. Mais voilà, arrive un moment où il faut sortir de la sublime bulle d'un noir de jais que dälek nous a concocté en guise de première partie pour s'attarder sur la suite. Et ladite suite se nomme "6dB", a.k.a. la piste instrumentale de Asphalt for Eden, a.k.a. le premier coup dur de l'album.
"6dB" c'est un peu comme si on prenait un bon morceau de My Bloody Valentine (encore eux? que voulez-vous entre revenants on se serre les coudes) et qu'on en ôtait le chant éthéré de Belinda Butcher. Autant enlever la raison d'être de ce magma sonore (pas si éloigné dans l'idée de celui de dälek), qui est de nous forcer à nous mouiller, de nous immerger profondément dans la musique afin de tenter d'atteindre l'élément humain qui nous sert de point de point de repère au milieu de cette brume épaisse. Ici on se retrouve avec une longue plage immobile avec des beats qui claquent des doigts avec le bruit que ferait une chaîne en metal qui claque sur le sol. Bien sûr qu'il n'est pas problématique en soi que dälek fasse de l'instrumental, après tout si l'alchimie instru/flow est ce qui fait tout le sel du groupe il n'empêche que c'est davantage lesdites instrus qui fascinent que la voix du MC. Mais quand bien même, il faudrait alors avoir autre chose à proposer que ce "6dB", qui en plus de ne pas apporter grand chose à part une ambiance réussie a le malheur de s'étendre pendant plus de 6 minutes sur un album qui n'en dure même pas 40... Car on en vient à l'autre problème d'Asphalt for Eden : il est bien bref. Pour sûr, après 8 ans d'attente, le résultat est court en bouche, et quand on se souvient de l'heure entière que durait Absence, alors même qu'on en demandait plus, le constat est frustrant : l'album vient à peine de démarrer que le voilà qui s'achève. Une des plus grandes forces de dälek est précisément de nous embarquer dans un univers industriel si immersif et dense qu'il pouvait nous emporter sans problème sur la longueur. Précisément parce qu'on avait pas envie d'en sortir, de cette richesse sonore. Même "6dB" au fond aurait pu trouver sans problème sa place si elle avait constitué un simple interlude rallongé amenant sur autre chose que deux pauvres morceaux. Le drame c'est que les deux pistes en question sont très bonnes, du niveau de la première partie sans problème, mais débouchent immanquablement sur une coupure arrivée trop tôt.
Au final, malgré mes palabres sur ces années d'absence qui laissent un arrière-goût de trop peu sur le palais ; Ashpalt for Eden aurait pu sortir en 2012 que le constat aurait été le même. Il souffre, malgré un certain nombre de bombinettes bien placées se plaçant déjà sans soucis dans le top des morceaux de l'année, d'un déséquilibre dans une tracklist trop peu fournie et pas assez méritante. Mais autant voir les choses du bon côté : même un album mineur de dälek demeure un bon album, et sa brièveté permet de pouvoir se le passer plusieurs fois d'affilée sans problème. Sur ce je vous laisse, il faut que j'aille fantasmer sur le nouveau The Avalanches qui vient d'être annoncé et qui, lui, attend depuis 16 ans... gasp.
Pourtant ça commence fort y a pas à dire. Beats saccadés, bruit blanc crypté, le flow hanté de MC dälek arrive avant que ne débarque enfin le chant de sirène maudit qui vient mettre le cœur à l'heure et emporter le morceau vers des cimes brumeuse. "Shattered" vient de s'entamer et dores et déjà on peut crier sur tous les toits que le good ol' dälek is back ! D'ailleurs les 4 premières pistes sont dans cette veine et ne faiblissent pas d'intensité, "Guaranteed Struggle" nous faisant prendre un bon bain d'immensité – pollué le bain bien entendu – tandis que le single "Masked Laughter", paru l'année dernière en guise de teaser, semble même gagner une nouvelle ampleur au sein de la tracklist, avec son départ comme une sonnerie d'école magnifiée par la distorsion tandis que démarre ce qui demeure à ce jour comme un des morceaux les plus instrumentalement optimiste et lumineux du groupe, infusant une certaine légèreté, un feeling aérien à leur dense recette plombée. Mais voilà, arrive un moment où il faut sortir de la sublime bulle d'un noir de jais que dälek nous a concocté en guise de première partie pour s'attarder sur la suite. Et ladite suite se nomme "6dB", a.k.a. la piste instrumentale de Asphalt for Eden, a.k.a. le premier coup dur de l'album.
"6dB" c'est un peu comme si on prenait un bon morceau de My Bloody Valentine (encore eux? que voulez-vous entre revenants on se serre les coudes) et qu'on en ôtait le chant éthéré de Belinda Butcher. Autant enlever la raison d'être de ce magma sonore (pas si éloigné dans l'idée de celui de dälek), qui est de nous forcer à nous mouiller, de nous immerger profondément dans la musique afin de tenter d'atteindre l'élément humain qui nous sert de point de point de repère au milieu de cette brume épaisse. Ici on se retrouve avec une longue plage immobile avec des beats qui claquent des doigts avec le bruit que ferait une chaîne en metal qui claque sur le sol. Bien sûr qu'il n'est pas problématique en soi que dälek fasse de l'instrumental, après tout si l'alchimie instru/flow est ce qui fait tout le sel du groupe il n'empêche que c'est davantage lesdites instrus qui fascinent que la voix du MC. Mais quand bien même, il faudrait alors avoir autre chose à proposer que ce "6dB", qui en plus de ne pas apporter grand chose à part une ambiance réussie a le malheur de s'étendre pendant plus de 6 minutes sur un album qui n'en dure même pas 40... Car on en vient à l'autre problème d'Asphalt for Eden : il est bien bref. Pour sûr, après 8 ans d'attente, le résultat est court en bouche, et quand on se souvient de l'heure entière que durait Absence, alors même qu'on en demandait plus, le constat est frustrant : l'album vient à peine de démarrer que le voilà qui s'achève. Une des plus grandes forces de dälek est précisément de nous embarquer dans un univers industriel si immersif et dense qu'il pouvait nous emporter sans problème sur la longueur. Précisément parce qu'on avait pas envie d'en sortir, de cette richesse sonore. Même "6dB" au fond aurait pu trouver sans problème sa place si elle avait constitué un simple interlude rallongé amenant sur autre chose que deux pauvres morceaux. Le drame c'est que les deux pistes en question sont très bonnes, du niveau de la première partie sans problème, mais débouchent immanquablement sur une coupure arrivée trop tôt.
Au final, malgré mes palabres sur ces années d'absence qui laissent un arrière-goût de trop peu sur le palais ; Ashpalt for Eden aurait pu sortir en 2012 que le constat aurait été le même. Il souffre, malgré un certain nombre de bombinettes bien placées se plaçant déjà sans soucis dans le top des morceaux de l'année, d'un déséquilibre dans une tracklist trop peu fournie et pas assez méritante. Mais autant voir les choses du bon côté : même un album mineur de dälek demeure un bon album, et sa brièveté permet de pouvoir se le passer plusieurs fois d'affilée sans problème. Sur ce je vous laisse, il faut que j'aille fantasmer sur le nouveau The Avalanches qui vient d'être annoncé et qui, lui, attend depuis 16 ans... gasp.
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
En ligne
427 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages