Death Cab For Cutie
Kintsugi |
Label :
Atlantic |
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J'éprouve pour Death Cab For Cutie et son leader Ben Gibbard une profonde affection, et cela pour diverses raisons. Je pourrais citer le lyrisme sensible de Gibbard, sa voix, la douce mélancolie jamais feinte ou forcée qui se dégage des morceaux du groupe, tout comme le sentiment de retrouver, album après album, une zone confortable où je sais que j'aurais quelque chose à découvrir, qui me plaira et que je continuerais à écouter quoi qu'il arrive. Et Kintsugi (nom emprunté à une technique japonaise de réparation de porcelaine ou de céramique), leur huitième disque, ne déroge pas à la règle. Un événement inattendu et surprenant survint pourtant durant la création de cette nouvelle œuvre, l'annonce du départ de Chris Walla (qui voulait se consacrer à sa propre musique, à la production), rien de moins qu'un des membres fondateurs du groupe, qui officiait à la guitare, aux claviers, à l'écriture de certains morceaux, mais aussi à la production, et ce depuis les débuts de la formation. S'il fut présent pendant la période d'enregistrement de Kintsugi en tant que membre à part entière, jouant sur tous les morceaux, participant à leur composition, ce fut Rich Costey (Sigur Rós, RATM, Audioslave, Foo Fighters, Weezer...) qui produisit le disque. Bien que ce départ dut sans aucun doute bouleverser intensément les membres restants (en témoigne le dernier concert plein d'émotion avec Walla le 13 septembre 2014 au Rifflandia Music Festival à Victoria en Colombie-Britannique), il n'a pas semblé impacter plus que ça la musique du groupe.
Kintsugi poursuit en effet le parcours sans tâche de Death Cab. On y retrouve cette patte singulière, surtout liée à la voix de Gibbard, qui donne un relief particulier à chaque titre sur lequel il la pose. Côté paroles, l'album est centré sur son divorce d'avec Zooey Deschanel et sur la façon dont il l'a vécu. Si Codes and Keys, leur disque précédent sorti en 2011, était une admirable déclaration d'amour à sa muse d'alors, Kintsugi explore lyriquement et plus intimement que jamais son état d'esprit suite à cette rupture. Et musicalement, cette tension irrigue tout l'album, de manière plus ou moins forte suivant les titres évidemment. Comme souvent, la musique de Death Cab est immédiate, évidente, efficace dès les premières écoutes et nous emporte rapidement, avec des titres comme "Black Sun" et son motif récurent de guitare et ses paroles marquantes ("And there is hope within despair ; And there is beauty in a failure"), l'énergique et évocatrice "The Ghosts of Beverly Drive" ou encore la sautillante "Good Help (Is So Hard to Find)". D'autres morceaux se découvrent et s'apprécient au fur et à mesure des écoutes tels le sombre "You've Haunted Me All My Life", dont le titre se suffit à lui-même, "Everything's a Ceiling", dont l'ampleur augmente plus il avance, ou encore "Ingénue", qui, dans un mouvement similaire, nous dévoile sa puissance subtile et sincère. Et, comme souvent, l'album se termine sur un morceau avec Ben au piano, "Binary Sea", beau et paisible, où il semble faire le bilan de tout ce qui a été dit dans les dix morceaux précédents (onze en tout donc, pour quarante-cinq minutes de musique, le tarif habituel), comme pour mieux clore ce chapitre de sa vie et regarder vers l'avenir. Enfin une note un peu positive.
La production de Costey est agréable (on est bien loin du lo-fi de leurs tout premiers LPs), le groupe sonne aussi familier que différent, l'album se rangeant ainsi sans peine dans son corpus musical. Des éléments électroniques parsèment le disque, notamment sur la batterie et les guitares. Parfois cela fonctionne plutôt bien, sur l'ouverture "No Room in Frame" par exemple ou sur "Black Sun", d'autres fois moins, comme sur "The Ghosts of Beverly Drive", où, sur les refrains, des sons de batterie, de percussion, de claviers assez kitch à mon goût se font entendre (mais, paradoxalement, c'est l'un de mes titres favoris, alors bon...). Rien de bien méchant au final.
Œuvre faisant le deuil d'un amour que l'on devine passionné et puissant pour mieux l'exorciser et aller de l'avant, tout en étant également le dernier avec un de ses membres fondateurs, Kintsugi (ce titre prenant alors tout son sens) voit Death Cab For Cutie poursuivre son chemin de bien belle manière. Touchant, beau, profond et fondamentalement sincère, à défaut de totalement révolutionner son art, il assure quoi qu'il en soit la singularité et la réussite d'un groupe décidément constant dans la qualité, et cela depuis maintenant vingt ans. Aux dernières nouvelles, Ben s'est remarié fin 2016. J'en viens presque à le regretter, tant les tourments du cœur de cet homme sont beaux à écouter...
Kintsugi poursuit en effet le parcours sans tâche de Death Cab. On y retrouve cette patte singulière, surtout liée à la voix de Gibbard, qui donne un relief particulier à chaque titre sur lequel il la pose. Côté paroles, l'album est centré sur son divorce d'avec Zooey Deschanel et sur la façon dont il l'a vécu. Si Codes and Keys, leur disque précédent sorti en 2011, était une admirable déclaration d'amour à sa muse d'alors, Kintsugi explore lyriquement et plus intimement que jamais son état d'esprit suite à cette rupture. Et musicalement, cette tension irrigue tout l'album, de manière plus ou moins forte suivant les titres évidemment. Comme souvent, la musique de Death Cab est immédiate, évidente, efficace dès les premières écoutes et nous emporte rapidement, avec des titres comme "Black Sun" et son motif récurent de guitare et ses paroles marquantes ("And there is hope within despair ; And there is beauty in a failure"), l'énergique et évocatrice "The Ghosts of Beverly Drive" ou encore la sautillante "Good Help (Is So Hard to Find)". D'autres morceaux se découvrent et s'apprécient au fur et à mesure des écoutes tels le sombre "You've Haunted Me All My Life", dont le titre se suffit à lui-même, "Everything's a Ceiling", dont l'ampleur augmente plus il avance, ou encore "Ingénue", qui, dans un mouvement similaire, nous dévoile sa puissance subtile et sincère. Et, comme souvent, l'album se termine sur un morceau avec Ben au piano, "Binary Sea", beau et paisible, où il semble faire le bilan de tout ce qui a été dit dans les dix morceaux précédents (onze en tout donc, pour quarante-cinq minutes de musique, le tarif habituel), comme pour mieux clore ce chapitre de sa vie et regarder vers l'avenir. Enfin une note un peu positive.
La production de Costey est agréable (on est bien loin du lo-fi de leurs tout premiers LPs), le groupe sonne aussi familier que différent, l'album se rangeant ainsi sans peine dans son corpus musical. Des éléments électroniques parsèment le disque, notamment sur la batterie et les guitares. Parfois cela fonctionne plutôt bien, sur l'ouverture "No Room in Frame" par exemple ou sur "Black Sun", d'autres fois moins, comme sur "The Ghosts of Beverly Drive", où, sur les refrains, des sons de batterie, de percussion, de claviers assez kitch à mon goût se font entendre (mais, paradoxalement, c'est l'un de mes titres favoris, alors bon...). Rien de bien méchant au final.
Œuvre faisant le deuil d'un amour que l'on devine passionné et puissant pour mieux l'exorciser et aller de l'avant, tout en étant également le dernier avec un de ses membres fondateurs, Kintsugi (ce titre prenant alors tout son sens) voit Death Cab For Cutie poursuivre son chemin de bien belle manière. Touchant, beau, profond et fondamentalement sincère, à défaut de totalement révolutionner son art, il assure quoi qu'il en soit la singularité et la réussite d'un groupe décidément constant dans la qualité, et cela depuis maintenant vingt ans. Aux dernières nouvelles, Ben s'est remarié fin 2016. J'en viens presque à le regretter, tant les tourments du cœur de cet homme sont beaux à écouter...
Parfait 17/20 | par Poukram |
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