Peste Noire

Avec sa retraite à la campagne, Famine s'était paradoxalement modernisé dans ses propos, abandonnant peu à peu l'esthétique médiévale des Folkfuck folie ou Ballade cuntre lo Anemi francor pour s'inscrire dans une mouvance plus politisée avec notamment une dénonciation de l'abandon des zones rurales, de la misère et de la solitude de ses habitants (La Chaise-Dyable).

Cette évolution se poursuit donc au travers de Le retour des pastoureaux, s'inscrivant dans un contexte de révolte et de contestation forte du pouvoir en place : "Oyez riz-pain-sel, demi-solde et jaunes gilets, prêtez-moi une oreille pour ouïr cette bataille sans pareille". Les lectures ont également changé, avec notamment de nombreuses références à Pierre-Joseph Proudhon :
"L'Etat t'fait la nique
T'met des coups d'trique sur la nuque
Casse tes yeuq et fait d'toi un eunuque
Osef ! Vive Proudhon Pierre-Joseph !"

Mais une fois que l'on (très succinctement) positionné ce huitième album au regard de son idéologie anarchiste, qu'en est-il de la musique. Le fond et la forme ayant toujours été profondément liés chez Peste Noire, le style est ici bien plus redevable au vieux punk, à la musette et au cassoulet qu'au black metal, peut-être le grand absent de ces sept compositions, si l'on fait abstraction de quelques relents belliqueux et de ce chant si particulier de Famine.

Plus que jamais, Peste Noire exprime ses positions politiques, avec une plume crue, sans concession et parfois ambiguë. Quoi qu'il en soit, Le retour des pastoureaux est l'album de la marginalité.