Fontaines D.C.

L'album arrive au milieu de l'été 2020, dans une année aux activités ralenties ou stoppées par des séries de pandémies et des restrictions conséquentes. Avant le printemps forcé au calme, Fontaines D.C. a beaucoup tourné dans le sillage de Dogrel jusqu'à la fatigue qui aurait eu raison du groupe et dont le ton semble se répercuter dans ce deuxième album, ce qui diffère du caractère du précédent. La puissance, ou l'énergie, s'est mise en retrait ou bien diluée en une brume sonique ici.

En sortent quelques titres sublimes, sur des rendus profondément mélancoliques : le superbe introductif "I Don't Belong", le saccadé "Love Is The Main Thing" où Grian Chatten descend vocalement vers les graves, ce qu'il fera aussi sur le plus grondant "Living In America", "A Lucid Dream" proche d'un Ride période Nowhere. Il y a également "You Said", avec voix posée et guitare gémissante, puis "Such A Spring" qui fait guise de quiète oasis au cœur des brouillards électriques. "Televised Mind" hypnotise avec sa ligne de basse vibratoire tandis que les deux guitares tintent et ronronnent en appelant à plonger dans leur champ d'échos.

Des trois albums parus du groupe irlandais, ce ne serait pas se tromper de dire que c'est dans celui-ci que Grian Chatten chante le mieux ? J'y éprouve personnellement moins d'agacement à l'écoute des modulations vocales du chanteur poseur. Musicalement, il peut être compréhensible que l'on ne s'attache pas à l'atmosphère, disons (trop) léthargique, qui enveloppe l'œuvre phonographique. D'ailleurs et malgré des défauts que j'en ai décrit antérieurement, Skínty Fía pousse sérieusement derrière sur le podium des préférences au fil du temps. Mais voilà ...

... A Hero's Death, c'est quand même de la bonne tisane.