Sandy Dillon
Nobody's Sweetheart |
Label :
One Little Indian |
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Après une période difficile suite au décès de son mari, Sandy Dillon fait peau neuve en 2003 avec Nobody's Sweetheart, album portant encore les stigmates de la séparation tragique.
La patte de Steve Bywater s'en étant aller, c'est donc l'occasion pour la veuve noire (cf. le premier morceau prémonitoire de Electric Chair) d'emmener sa musique dans d'autres contrées. Le terrain devient alors familier pour les amateurs de trip-hop sombre et de pop soigneusement produite. Bien que sa voix soit toujours l'inoubliable instrument du frisson (bien qu'elle soit méconnaissable dans le très sixties "Don't Blame You Now"), les adorateurs de la belle seront bien désorientés par l'absence du génie de Bywater, remplacé par une production et des arrangements en comparaison plus communs. De ses précédentes œuvres, Dillon ne garde que l'âme torturée et trouve donc refuge dès le premier morceau dans le seul fidèle compagnon qui lui en reste : le Fender Rhodes. "Feel The Way I Do" est donc une douce veillée funèbre dépouillée émouvante, le maigre héritage de sa musique d'antan...
Les 13 autres titres baignent ensuite dans un univers tout aussi sombre mais qu'on sent transposé dans une sorte d'autodérision. On peut sans hésitation approcher les compositions comme un assemblage poppy des bidouillages saugrenus ou sensible de Beck, et de la pénombre ancestrale des cadences de Portishead (superbe "Now You're Mine"). Car oui, beaucoup de refrains pop, trop facile, sortent ici du répertoire de la chanteuse qui c'était jusque là acharner sur un anti-folk free-jazz et bluesy dégueulasse. Il y avait bien entendu des refrains et des structures auparavant, mais la musique n'est jamais ressortie aussi accessible que sur ce Nobody's Sweetheart.
N'en reste pas moins des pièces à faire frissonner l'échine, dont un "It Must Be Love" impeccable, ou un "Shoreline" ayant le potentiel de sérénité et de sensations pures pour figurer dans une pub pour les produits laitiers, soutenu par le chant de sirène de la talentueuse Heather Nova (oui, Heather Nova a du talent, ou du moins en a eu il fut un temps...). "Let's Go For A Drive" et "Can't Make You Stay" étant, avec bonheur et malgré leurs différences, les plus planantes et enivrantes jamais fredonnées par ces cordes vocales meurtries. C'est sur un nuage de violons que "Mamma's Backyard" annonce des jours soul heureux, achevant cette curiosité pop forcée de cette discographie torturée dans son plus simple appareil.
A ce jour, l'album le plus éloigné de l'univers de la chanteuse égorgée. Le plus accessible, certes, mais pas pour autant à oublier, ne serait-ce que pour la renaissance de son auteur.
La patte de Steve Bywater s'en étant aller, c'est donc l'occasion pour la veuve noire (cf. le premier morceau prémonitoire de Electric Chair) d'emmener sa musique dans d'autres contrées. Le terrain devient alors familier pour les amateurs de trip-hop sombre et de pop soigneusement produite. Bien que sa voix soit toujours l'inoubliable instrument du frisson (bien qu'elle soit méconnaissable dans le très sixties "Don't Blame You Now"), les adorateurs de la belle seront bien désorientés par l'absence du génie de Bywater, remplacé par une production et des arrangements en comparaison plus communs. De ses précédentes œuvres, Dillon ne garde que l'âme torturée et trouve donc refuge dès le premier morceau dans le seul fidèle compagnon qui lui en reste : le Fender Rhodes. "Feel The Way I Do" est donc une douce veillée funèbre dépouillée émouvante, le maigre héritage de sa musique d'antan...
Les 13 autres titres baignent ensuite dans un univers tout aussi sombre mais qu'on sent transposé dans une sorte d'autodérision. On peut sans hésitation approcher les compositions comme un assemblage poppy des bidouillages saugrenus ou sensible de Beck, et de la pénombre ancestrale des cadences de Portishead (superbe "Now You're Mine"). Car oui, beaucoup de refrains pop, trop facile, sortent ici du répertoire de la chanteuse qui c'était jusque là acharner sur un anti-folk free-jazz et bluesy dégueulasse. Il y avait bien entendu des refrains et des structures auparavant, mais la musique n'est jamais ressortie aussi accessible que sur ce Nobody's Sweetheart.
N'en reste pas moins des pièces à faire frissonner l'échine, dont un "It Must Be Love" impeccable, ou un "Shoreline" ayant le potentiel de sérénité et de sensations pures pour figurer dans une pub pour les produits laitiers, soutenu par le chant de sirène de la talentueuse Heather Nova (oui, Heather Nova a du talent, ou du moins en a eu il fut un temps...). "Let's Go For A Drive" et "Can't Make You Stay" étant, avec bonheur et malgré leurs différences, les plus planantes et enivrantes jamais fredonnées par ces cordes vocales meurtries. C'est sur un nuage de violons que "Mamma's Backyard" annonce des jours soul heureux, achevant cette curiosité pop forcée de cette discographie torturée dans son plus simple appareil.
A ce jour, l'album le plus éloigné de l'univers de la chanteuse égorgée. Le plus accessible, certes, mais pas pour autant à oublier, ne serait-ce que pour la renaissance de son auteur.
Très bon 16/20 | par X_YoB |
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