Siouxsie & The Banshees
Tinderbox |
Label :
Wonderland |
||||
Après un EP semi acoustique (The Thorn) avec un nouveau guitariste (Robert Smith ayant quitté le groupe pour se consacrer à The Cure), Siouxsie And The Banshees revient avec Tinderbox. Et c'est une totale réussite.
Après plusieurs changements de producteurs, le groupe finit par prendre lui-même les choses en main, et le résultat n'est pas décevant.
Le groupe revient au son de son apogée, celui de l'album Juju (1981), tout en se renouvelant. On retrouve les ingrédients qui font la particularité : chant possédé, guitare tranchante (parfois doublée par une guitare acoustique 12 cordes), basse aquatique, batterie tribale, parfois martiale. Le tout baigne dans une atmosphère sombre et dense, la tension est palpable.
L'album alterne entre morceaux énergiques ("Cannons", "Partys Falls") et compositions plus calmes ("92°", "Lands End"). Les deux singles, "Candyman" et "Cities In Dust" sont de petits chefs-d'œuvres, avec leurs mélodies imparables et leurs riffs uniques.
Un album indispensable à tout amateur de post-punk et même de rock en général !
Après plusieurs changements de producteurs, le groupe finit par prendre lui-même les choses en main, et le résultat n'est pas décevant.
Le groupe revient au son de son apogée, celui de l'album Juju (1981), tout en se renouvelant. On retrouve les ingrédients qui font la particularité : chant possédé, guitare tranchante (parfois doublée par une guitare acoustique 12 cordes), basse aquatique, batterie tribale, parfois martiale. Le tout baigne dans une atmosphère sombre et dense, la tension est palpable.
L'album alterne entre morceaux énergiques ("Cannons", "Partys Falls") et compositions plus calmes ("92°", "Lands End"). Les deux singles, "Candyman" et "Cities In Dust" sont de petits chefs-d'œuvres, avec leurs mélodies imparables et leurs riffs uniques.
Un album indispensable à tout amateur de post-punk et même de rock en général !
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Gaylord |
Posté le 11 avril 2009 à 20 h 25 |
Je reprends et rectifie à la fois ma review de Hyaena. La rectification tient à ceci que Tinderbox est évidemment l'autre chef-d'oeuvre des Banshees. Les cordes (synthétiques ou pas) sont remplacées ici par des gerbes de guitare électrique scintillantes et tranchantes. L'oeuvre Siouxsie pourrait se résumer à Hyaena et Tinderbox sans diminuer mon admiration. L'inventivité mélodique, la précision d'exécution, l'absence de bavures accommodantes sont les caractéristiques remarquables. La puissance sonore, l'assurance de toutes les parties sont-elles dues à un liant particulier ? Faut-il relever que la guitare revient à un certain Carruthers, de même qu'elle revenait, sauf erreur, à R. Smith dans Hyaena ? De quoi écorner le mythe de la période-Mc Geoch, certes remarquable, mais qui ne correspond certainement pas au sommet de la carrières des Banshees.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 25 février 2014 à 12 h 16 |
Merci à Francis Zégut, qui un soir (le mardi 12 novembre 2002) a eu la bonne idée de passer "Cities In Dust" dans son programme "Pop Rock Station" et de me donner la curiosité d'aller chercher plus loin dans la discographie de Siouxsie And The Banshees. En réalité, je ne connaissais qu' "Israel" (diffusé par le même monsieur un soir de janvier 2001 sur une autre radio) et "Face To Face" (B.O. de Batman Returns). En 2002, passait aussi une reprise de "Happy House" par Ginger Ale sur les radios rock. Il était temps que je m'intéresse à ce groupe.
Emballé, hypnotisé, envoûté et subjugué par ce titre magique, je me le repassais inlassablement sur une cassette audio pourrie (je me donnais bien du mal à l'époque pour me faire des compils, en laissant une cassette dans le poste et en m'infligeant des tortures sonores, en attendant que la radio diffuse la perle rare...). Mais comment trouver l'album correspondant ? De plus, le moustachu n'avait pas nommé le titre, ni l'artiste. Pensant que ça correspondait quand même à Siouxsie And The Banshees, je me mis en quête de l'album contenant un titre avec "Cities" et "Dust" dedans.
Heureusement, j'étais dans une grande ville à l'époque, avec des boutiques d'occasions (une marron qui remet les CD dans une sorte d'enveloppe kraft, qui dit faire de l'occasion en pratiquant des prix à peine moins cher que chez les revendeurs habituels) qui sentaient pas bon et des temples de consommation exacerbés, qui sentaient pas bon non plus.
Ainsi, je mis la main sur Tinderbox, le premier album des Banshees que j'aie véritablement écouté. Et le titre avait donc pour nom "Cities In Dust". J'y avais vu alors un tube des plus efficaces, une sorte de B.O. pour un James Bond gothique (quelle idée saugrenue...), une voix très 80's, des riffs superbes et entraînants. Tout ce qui me plaisait dans une chanson, quoi. Et à l'écoute de ce Tinderbox, j'eus ensuite un second coup de foudre sur "Candyman". Mélodie à bout de souffle, sentiment d'urgence des plus efficaces... Putain, comment j'avais fait pour passer à côté de ça ! (Le fait de vivre dans une petite ville où les enseignes de grande distribution ne procuraient que des Cure et des Depeche Mode pour survivre...). A l'époque, Siouxsie et ses boys avaient pour moi l'image d'un groupe gothique, avec qui Robert Smith avait brièvement participé, et l'écoute de cet album m'avait conforté dans cette idée, le son des guitares, les paroles obscures, la basse de Severin... J'avais eu aussi la bonne idée d'acheter Unknown Pleasures de Joy Division et de l'écouter en doublon avec Tinderbox. C'était l'hiver. Quelle bonne idée pour garder le sourire...
Mais avec le recul, ainsi qu'avec une plus grande connaissance du groupe, que pourrais-je dire sur cet album?
Tinderbox fait partie de ces albums où les Banshees essayent de recentrer leur musique sur l'essentiel et une instrumentation classique. En effet, la carrière des Banshees a souvent oscillé entre expérimentations pop (Kaleidoscope, A Kiss In The Dreamhouse, Peepshow, Superstition...) avec des instruments très variés et des inspiration multiples, et retours aux sources (Juju, The Rapture...) avec notamment cet album avec le guitariste John Valentine Carruthers, l'un des meilleurs gratteux qu'auront eu les Banshees. En effet, on chante partout la gloire de Mc Geoch (et c'est justifié) mais Carruthers est quand même très bon (je vais arrêter de raconter ma vie après, mais en tant que guitariste amateur s'y prenant comme un manche, je galère à reproduire correctement les parties de "Candyman" ou Cities In Dust" alors que "Spellbound" ou "Happy House" me posent moins de problèmes), son jeu est précis, rapide , fluide et très inspiré. Il semblait juste ici de le repréciser, tellement ce type a été cassé par la suite par ses anciens compères et qu'il contribue pleinement à l'efficacité de cet album. Siouxsie finira par reconnaître des années plus tard que le temps avait joué en faveur de Tinderbox, le groupe n'étant qu'à moitié convaincu de sa qualité, miné qu'il était par des problèmes de management désastreux et des tensions intestines interminables. Ils en voulaient encore à Robert Smith, alors en plein succès avec The Cure,. Le type leur avait tout piqué ! Pourquoi n'avaient-ils pas le droit à la puissance et à la gloire?
Au lieu de ça, les Banshees demeuraient dans un respectable underground, dont ils voulaient briser les barrières, tout en restant intègres. Equation pas toujours facile qu'ils ont tenté de résoudre avec "Cities In Dust" et "Candyman" mais qui n'a pas suffi. Tentant tout de même de reprendre le contrôle sur leur destinée, Siouxsie, Severin et Budgie recentrent leur musique sur des sentiers moins risqués musicalement, mais avec l'expérience en plus (on a ici certaines des meilleures lignes de basse de Severin, des plus grands morceaux de bravoure de Budgie à la batterie et des plus beaux textes de Siouxsie). Hyaena hésitait trop entre les deux pôles du groupes, l'expérimentation et la canalisation, il fallait alors être clair et aller au-delà des tensions." This Unrest" évoque ainsi ces tensions incessantes dans le groupe, ce poison qui se dissémine lentement dans les lignes de basse et les larsens et qui éclatent dans ce refrain sans paroles, fantomatique, où ne subsiste qu'un cri qui s'étouffe dans les effets instrumentaux. Le jeu de Budgie est rapide, stressé, la guitare de Carruthers comme serrée dans un étau dont il est difficile de sortir, la basse de Severin comme un coup de couteau et Siouxsie chante entre colère et supplication. Voilà de beaux effets littéraux.
"The Sweetest Chill" est un frisson romantique des plus somptueux, notamment avec des paroles d'une grande poésie ("Hearing you, in my sleep, feeling you, your cadence seeps, whispering in flashbacks, the spectres of your memories, fall in glistening showers, such a tender descent, intones this haunting lament"...), c'est beau, c'est tout. Et la guitare fait encore des merveilles, incarnant parfaitement cet amour endeuillé, toujours sous tension.
Ces quatre premier titres constituent par conséquent une première face proche de la perfection. La deuxième est un peu plus sujette à quelques défauts.
"Cannons" est une douceur absolue pour les oreilles, avec un rythme encore très entraînant, une guitare acoustique impeccable, et la voix de Siouxsie donne des frissons, vous caresse comme jamais. Une sorte de poème oriental gothique exquis. "Parties Fall" évoque encore ces tensions dans le groupe, mais fait quelque peu office de remplissage musicalement, bien que très bien exécuté. Il en va de même pour "92°". Ces deux titres sont très écoutables, et les guitares sont encore bonnes, avec des riffs inspirés, mais ne suscitent pas le même enthousiasme, ou en tout cas ne capturent pas autant que le reste de l'album. Le décor est toujours aussi hivernal, grâce à une production cette fois-ci contrôlée par le groupe lui-même et qui évite les dispersements du passé. Cependant, l'énergie n'est pas équitablement distribuée ainsi: pour résumer l'idée, ce que les Banshees gagnent en cohérence, ils le perdent musicalement en ne voulant se fier qu'à eux-mêmes. "Lands End" conclut quand même l'album sur un morceau interprété avec maestria, une ballade rythmée, bercée par la voix sensuelle de Siouxsie qui nous invite à l'abandon et qui nous fait succomber à ses charmes empoisonnés. La section rythmique fonctionne à merveille, malgré que les deux types puissent difficilement s'encadrer et Carruthers fait encore merveille avec des guitares lentes et rapides à la fois, entre danse démoniaque amère et brasier contenu dans des accords anxieux. Le morceau ne connait pas vraiment de fin et peut laisser ainsi ce goût d'inachevé.
Tinderbox demeure malgré ces petits défauts un incontournable du groupe, et un excellent reflet de leur situation à l'époque, coincé entre différentes aspirations et perdu dans le jeu du music business. Il décideront par la suite d'aller de l'autre côté du miroir pour se ressourcer et continuer de construire leur identité si singulière.
Emballé, hypnotisé, envoûté et subjugué par ce titre magique, je me le repassais inlassablement sur une cassette audio pourrie (je me donnais bien du mal à l'époque pour me faire des compils, en laissant une cassette dans le poste et en m'infligeant des tortures sonores, en attendant que la radio diffuse la perle rare...). Mais comment trouver l'album correspondant ? De plus, le moustachu n'avait pas nommé le titre, ni l'artiste. Pensant que ça correspondait quand même à Siouxsie And The Banshees, je me mis en quête de l'album contenant un titre avec "Cities" et "Dust" dedans.
Heureusement, j'étais dans une grande ville à l'époque, avec des boutiques d'occasions (une marron qui remet les CD dans une sorte d'enveloppe kraft, qui dit faire de l'occasion en pratiquant des prix à peine moins cher que chez les revendeurs habituels) qui sentaient pas bon et des temples de consommation exacerbés, qui sentaient pas bon non plus.
Ainsi, je mis la main sur Tinderbox, le premier album des Banshees que j'aie véritablement écouté. Et le titre avait donc pour nom "Cities In Dust". J'y avais vu alors un tube des plus efficaces, une sorte de B.O. pour un James Bond gothique (quelle idée saugrenue...), une voix très 80's, des riffs superbes et entraînants. Tout ce qui me plaisait dans une chanson, quoi. Et à l'écoute de ce Tinderbox, j'eus ensuite un second coup de foudre sur "Candyman". Mélodie à bout de souffle, sentiment d'urgence des plus efficaces... Putain, comment j'avais fait pour passer à côté de ça ! (Le fait de vivre dans une petite ville où les enseignes de grande distribution ne procuraient que des Cure et des Depeche Mode pour survivre...). A l'époque, Siouxsie et ses boys avaient pour moi l'image d'un groupe gothique, avec qui Robert Smith avait brièvement participé, et l'écoute de cet album m'avait conforté dans cette idée, le son des guitares, les paroles obscures, la basse de Severin... J'avais eu aussi la bonne idée d'acheter Unknown Pleasures de Joy Division et de l'écouter en doublon avec Tinderbox. C'était l'hiver. Quelle bonne idée pour garder le sourire...
Mais avec le recul, ainsi qu'avec une plus grande connaissance du groupe, que pourrais-je dire sur cet album?
Tinderbox fait partie de ces albums où les Banshees essayent de recentrer leur musique sur l'essentiel et une instrumentation classique. En effet, la carrière des Banshees a souvent oscillé entre expérimentations pop (Kaleidoscope, A Kiss In The Dreamhouse, Peepshow, Superstition...) avec des instruments très variés et des inspiration multiples, et retours aux sources (Juju, The Rapture...) avec notamment cet album avec le guitariste John Valentine Carruthers, l'un des meilleurs gratteux qu'auront eu les Banshees. En effet, on chante partout la gloire de Mc Geoch (et c'est justifié) mais Carruthers est quand même très bon (je vais arrêter de raconter ma vie après, mais en tant que guitariste amateur s'y prenant comme un manche, je galère à reproduire correctement les parties de "Candyman" ou Cities In Dust" alors que "Spellbound" ou "Happy House" me posent moins de problèmes), son jeu est précis, rapide , fluide et très inspiré. Il semblait juste ici de le repréciser, tellement ce type a été cassé par la suite par ses anciens compères et qu'il contribue pleinement à l'efficacité de cet album. Siouxsie finira par reconnaître des années plus tard que le temps avait joué en faveur de Tinderbox, le groupe n'étant qu'à moitié convaincu de sa qualité, miné qu'il était par des problèmes de management désastreux et des tensions intestines interminables. Ils en voulaient encore à Robert Smith, alors en plein succès avec The Cure,. Le type leur avait tout piqué ! Pourquoi n'avaient-ils pas le droit à la puissance et à la gloire?
Au lieu de ça, les Banshees demeuraient dans un respectable underground, dont ils voulaient briser les barrières, tout en restant intègres. Equation pas toujours facile qu'ils ont tenté de résoudre avec "Cities In Dust" et "Candyman" mais qui n'a pas suffi. Tentant tout de même de reprendre le contrôle sur leur destinée, Siouxsie, Severin et Budgie recentrent leur musique sur des sentiers moins risqués musicalement, mais avec l'expérience en plus (on a ici certaines des meilleures lignes de basse de Severin, des plus grands morceaux de bravoure de Budgie à la batterie et des plus beaux textes de Siouxsie). Hyaena hésitait trop entre les deux pôles du groupes, l'expérimentation et la canalisation, il fallait alors être clair et aller au-delà des tensions." This Unrest" évoque ainsi ces tensions incessantes dans le groupe, ce poison qui se dissémine lentement dans les lignes de basse et les larsens et qui éclatent dans ce refrain sans paroles, fantomatique, où ne subsiste qu'un cri qui s'étouffe dans les effets instrumentaux. Le jeu de Budgie est rapide, stressé, la guitare de Carruthers comme serrée dans un étau dont il est difficile de sortir, la basse de Severin comme un coup de couteau et Siouxsie chante entre colère et supplication. Voilà de beaux effets littéraux.
"The Sweetest Chill" est un frisson romantique des plus somptueux, notamment avec des paroles d'une grande poésie ("Hearing you, in my sleep, feeling you, your cadence seeps, whispering in flashbacks, the spectres of your memories, fall in glistening showers, such a tender descent, intones this haunting lament"...), c'est beau, c'est tout. Et la guitare fait encore des merveilles, incarnant parfaitement cet amour endeuillé, toujours sous tension.
Ces quatre premier titres constituent par conséquent une première face proche de la perfection. La deuxième est un peu plus sujette à quelques défauts.
"Cannons" est une douceur absolue pour les oreilles, avec un rythme encore très entraînant, une guitare acoustique impeccable, et la voix de Siouxsie donne des frissons, vous caresse comme jamais. Une sorte de poème oriental gothique exquis. "Parties Fall" évoque encore ces tensions dans le groupe, mais fait quelque peu office de remplissage musicalement, bien que très bien exécuté. Il en va de même pour "92°". Ces deux titres sont très écoutables, et les guitares sont encore bonnes, avec des riffs inspirés, mais ne suscitent pas le même enthousiasme, ou en tout cas ne capturent pas autant que le reste de l'album. Le décor est toujours aussi hivernal, grâce à une production cette fois-ci contrôlée par le groupe lui-même et qui évite les dispersements du passé. Cependant, l'énergie n'est pas équitablement distribuée ainsi: pour résumer l'idée, ce que les Banshees gagnent en cohérence, ils le perdent musicalement en ne voulant se fier qu'à eux-mêmes. "Lands End" conclut quand même l'album sur un morceau interprété avec maestria, une ballade rythmée, bercée par la voix sensuelle de Siouxsie qui nous invite à l'abandon et qui nous fait succomber à ses charmes empoisonnés. La section rythmique fonctionne à merveille, malgré que les deux types puissent difficilement s'encadrer et Carruthers fait encore merveille avec des guitares lentes et rapides à la fois, entre danse démoniaque amère et brasier contenu dans des accords anxieux. Le morceau ne connait pas vraiment de fin et peut laisser ainsi ce goût d'inachevé.
Tinderbox demeure malgré ces petits défauts un incontournable du groupe, et un excellent reflet de leur situation à l'époque, coincé entre différentes aspirations et perdu dans le jeu du music business. Il décideront par la suite d'aller de l'autre côté du miroir pour se ressourcer et continuer de construire leur identité si singulière.
Très bon 16/20
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