Erik Truffaz
Arkhangelsk |
Label :
Blue Note |
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Par le détour de ce disque, certains auront appris qu'Arkhangelsk n'est pas un des attributs donnés à ces quelques illustres anges de nos récits religieux, mais le nom d'une ville froide du nord ouest Russe. Et à en croire la gueule de l'accueillant refuge construit de bric-à-brac de la pochette, ça a pas l'air de rigoler dur dans ces coins là, malgré la vodka et les blondes à forte poitrine. Avec ce dernier album en date, c'est tout un véritable récit de voyage qui s'étale là devant nos yeux, toute la retranscription des sentiments que pourrait ressentir un occidental perdu au milieu de cette cité oubliée. Pas vraiment un voyage solitaire, non, mais plutôt une virée contemplative entre potes bien choisis. Le trompettiste Truffaz n'aura d'ailleurs pas sélectionné ses passagers au bon hasard, en s'entourant de quelques potes de longue date, Marcello Giulani, Marc Erbetta et Patrick Muller. Ainsi soit-il, ainsi naquit le ténébreux Arkhangelsk, aussi imperméable que ces univers retirés, aussi placide et froid que les vents hivernaux qui y sévissent toute l'année. C'était indéniablement une bonne idée, un point de départ plutôt original, mais malheureusement, ce caractère exotique poussé à l'extrême ne rend pas toujours service à la galette en terme de crédibilité. Truffaz et sa troupe n'arrivent pas à tenir la longueur, à rester réglo avec leurs principes fondateurs, et ne cessent de faire détours et virages, décrédibilisant l'essence même de leurs travaux. Quelques rares bons morceaux inspirés sauvent in extremis Arkhangelsk de la douche froide en Mer de Barents, bien qu'égarés au milieu de compositions plus ou moins dark jazz demi teinte ("Les Nuits De Monsieur Naj", "Red Cloud"), voire variété franchement insipide digne des pires jingles de jeu télévisé pour citoyen moyen ("Nobody Puts Baby In The Corner", "Anonymus", "Manon"). Carrément ennuyé par ce manque de vigueur, on pourrait tristement en arriver à manquer l'essentiel. Même si celui ci n'est quantitativement parlant pas bien consistant, car se résume seulement aux lentes progression étouffantes et étouffées des écorchés "Miss Kaba" et "Snake Charmer Man" et au lyrisme berçant du très idyllique "L'un Dans L'autre", il consiste en une approche plutôt intéressante en terme de mariage des styles. Respectivement jazz psychédélique mortuaire, et jazz lyrique sur fond de chanson française (typique, sans connotation péjorative...). Arkhangelsk, aussi froid et imprévisible que le climat sibérien, est donc l'œuvre d'une toute petite minorité de compositions d'une qualité cette fois-ci vraiment estimable. Un sacrifice que l'on fait au prix de longs passages à vide... ou pas.
Pas mal 13/20 | par TheWayYouSmiled |
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