The Smashing Pumpkins

Depuis le retour des Smashing Pumpkins avec l'enregistrement puis la tournée "Zeitgeist", Billy Corgan a été confronté à un problème aussi important que le fait de n'être plus aussi performant au niveau songwriting que pendant cette époque bénie des 90's. En effet, en ne revenant qu'avec Jimmy Chamberlin, il a dû convaincre son monde que les SP n'était pas un groupe, mais bel et bien une entité sur laquelle il peut exercer un pouvoir, une domination. Mouais. Nous n'avons pas été convaincu. Du moins à moitié. Combien, sur les forums, crient encore en secouant les bras "rendez-nous James et d'Arcy!!" ; combien furent déçus du second départ de J.C? Billy Corgan n'a pas pu convaincre pour la seule et bonne raison que les SP v.2.0 étaient un groupe amputé de la moitié de ses membres, point. Le coup de l'entité, ça ne marche pas. Et pourtant.
Et pourtant le départ de Jimmy Chamberlin était en fait la meilleure chose qu'il pouvait arriver à tonton Billy. Ce dernier va pouvoir effectivement montrer que les SP ne sont pas qu'une infatigable machine figée évoluant dans une gluante et poisseuse nostalgie. Comme en 1997, Corgan se retrouve seul . Alors qu'il y a 13 ans, il nous sortait son chef d'œuvre absolu (Adore), B.C tente de convaincre (décidément) son public (en a t'il encore un?) en voulant monter un grand projet studio. Un concept tenu à la fois sur 11 E.P de 4 chansons, le tarot, la gratuité internet (on peut lui reprocher ce que l'on veut, mais il ne faudra pas oublier la distribution de Machina II, véritable choc pour l'époque), les éditions limitées, une tournée... blablabla.
Billy repart, seul, encore, et il est déjà l'heure du premier E.P, Songs For A Sailor. A vrai dire, ces quatre titres étaient déjà connus. "A Song For A Son" a été joué durant la tournée "SP, 20th anniversary" ; quant à "Widow Wake My Mind", "A Stitch In Time" ou "Astral Plane", ils ont été rodés dès les concerts que Corgan a effectué avec Spirit In The Sky, l'été dernier. Rien de neuf donc, le grand chauve a toujours des concepts et des compositions sous le coude. Restait à savoir ce qu'allait donner la première concrétisation du projet "Teargarden By Kaleidyscope".
Première impression, que l'on sentait venir dès "A Song For A Son", le son est bien plus dépouillé que sur "Zeitgeist". Corgan en fait moins et c'est tant mieux. Ces impératifs, de littéralement "balancer" un titre par mois en téléchargement gratuit sur le site des Pumpkins et donc, de tenir aussi un rythme de composition, ne lui permettent pas de passer énormément de temps à mettre de l'écho par ci, ou des "ouhouh" par là. N'ayant jamais été un rat de studio de talent, Billy Corgan travaille dans une sorte d'urgence qui peut le pousser à sortir de vrais pépites pop. Il suffit d'écouter le très lo-fi "A Stitch In Time" pour s'en convaincre. Les arrangement que le chauve propose se font incisifs et justes. Les claviers donnent des couleurs inédites au son de SP tandis que le dernier titre proposé, "Astral Plane", nous replonge lui dans une ambiance psychédélique chère à l'"entité" que l'on avait depuis longtemps oublié.
Song For A Sailor n'est pas pour autant un trip nostalgique comme nous pouvions le voir approcher à l'arrivée de Zeitgeist. Il est vrai qu'à l'écoute du premier titre aux accents très 70's, "A Song For A Son", nous pouvions en douter. En effet, le clavier, la folk, le retour des solos se superposant, les longues montées... Que des mauvais souvenirs. Mais non. Corgan, en nous donnant un morceau par mois, nous propose autre chose que de la nostalgie. Nous sommes en fait confrontés à une autre expérience d'écoute. Le projet Teargarden By Kaleidyscope sera un gros Lego que l'on se construira nous-mêmes. On identifiera les couleurs, on assemblera les morceaux, on décèlera l'unité à l'intérieur d'un EP, puis on pourra, par la suite, juger de la cohérence du projet dans son ensemble, avec un peu plus de distance. Personne ne sera obligé de subir une nouvelle sortie des SP. Ceux qui voudront suivre suivront, mais ce projet curieux en a déjà trop dit pour que les curieux justement, ne s'attardent pas sur le deuxième disque.