Deathspell Omega
Paracletus |
Label :
Season Of Mist |
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Il est dur de succéder à son propre trône. "Paracletus" était attendu, aussi espéré par les légions de fidèles que l'avènement de l'antéchrist. Les hordes de fans trépignaient en préparant leurs rituels ésotériques, les journalistes aiguisaient leurs plumes noires de corbeaux, prêts à écrire de leur propre sang un nouveau verset dans l'histoire des musiques occultes. Qu'allait nous proposer Deathspell Omega ? Une recette ayant déjà fait ses preuves, qui ne déçoit pas mais ne surprend pas non plus, ou poursuivre sa descente plus encore vers les ténèbres, là où résonnent les pleurs et les grincements de dents ? Dès "Epiklesis I", on comprend que c'est le second choix qui a été retenu. Le groupe s'éloigne des sonorités purement black pour s'orienter vers les dissonances, les structures plus complexes, rapprochant le groupe du génie Blut Aus Nord, en moins expérimental cela dit. Il y a notamment un travail faramineux qui a été effectué sur les guitares, les arpèges et les harmoniques lugubres prenant le pas sur les accords trop typés. La batterie blaste comme rarement, avec une finesse et une précision toute chirurgicale et le chant s'essaye à quelques hurlements davantage redevables au post core qu'au black metal, ainsi qu'à la narration froide ("Dearth.") "Abscission" est une parfaite illustration de cette évolution vers plus de dissonances, le groupe développant des atmosphères à la profondeur accrue ("Dearth") lorgnant même parfois vers le post rock ("Epiklesis II.") La tentation de parler d'album concept est grande, du fait d'un fil d'Ariane thématique traversant les dix offrandes, réminiscence spectrale d'une horreur innomée.
Paradoxalement, la violence des accélérations semble décuplée (le terrassant "Phosphene") notamment grâce à l'insertion de la notion de chaos musical. Les accords sombres et lancinants, irréels, fantomatiques, accompagnent des vocaux décharnés et surtout, on distingue enfin la basse qui a désormais son propre champ d'expression. La musique en sort enrichie, gagne encore en identité et en originalité, se veut savante et d'avant-garde. Alors certes, les puristes pourraient se détourner de Deathspell Omega car "Paracletus" ne brosse pas le fan de black dans le sens du poil, mais il existe déjà bien assez de groupes parodiant l'école norvégienne pour s'en plaindre. Ici, tout n'est qu'innovation, déconstruction et le groupe n'a vraiment pas eu peur de se remettre en question, au risque de sombrer dans une démence lovecraftienne (le final mortuaire de "Malconfort.")
"Paracletus" est l'incarnation d'une scène black française innovante et sans compromis, Deathspell Omega se révèle en mâle dominant d'une scène où la compétition n'a jamais été aussi rude. Cet album est un coup de fléau, la musique que doivent écouter les cavaliers de l'Apocalypse...
Paradoxalement, la violence des accélérations semble décuplée (le terrassant "Phosphene") notamment grâce à l'insertion de la notion de chaos musical. Les accords sombres et lancinants, irréels, fantomatiques, accompagnent des vocaux décharnés et surtout, on distingue enfin la basse qui a désormais son propre champ d'expression. La musique en sort enrichie, gagne encore en identité et en originalité, se veut savante et d'avant-garde. Alors certes, les puristes pourraient se détourner de Deathspell Omega car "Paracletus" ne brosse pas le fan de black dans le sens du poil, mais il existe déjà bien assez de groupes parodiant l'école norvégienne pour s'en plaindre. Ici, tout n'est qu'innovation, déconstruction et le groupe n'a vraiment pas eu peur de se remettre en question, au risque de sombrer dans une démence lovecraftienne (le final mortuaire de "Malconfort.")
"Paracletus" est l'incarnation d'une scène black française innovante et sans compromis, Deathspell Omega se révèle en mâle dominant d'une scène où la compétition n'a jamais été aussi rude. Cet album est un coup de fléau, la musique que doivent écouter les cavaliers de l'Apocalypse...
Excellent ! 18/20 | par Arno Vice |
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